Tête votive féminine
Cette tête votive, bombée à l’arrière, représente une femme voilée. Le cou très large et tronconique soutient un visage à la mâchoire fine et peu marquée sur l’extérieur, et au menton prononcé. La fossette entre celui-ci et la lèvre inférieure est profonde, le sillon entre les deux lèvres orienté vers le bas sur les deux côtés. Le nez très délicatement retroussé, aux commissures lissées, rejoint une arête d’arcade sourcilière peu marquée sous laquelle les paupières sont indiquées. L’œil droit est légèrement renflé vers l’extérieur. Au-dessus d’un front plutôt plat, les cheveux sont plaqués des deux côtés, ondulant depuis la raie centrale. Ils encadrent des boucles d’oreille constituées de deux pendentifs ovoïdes, associées à un collier de perles autour du cou. Un léger sillon sépare le visage du fond plan qui symbolise probablement un voile rabattu sur la tête. L’arrière, lissé, est bombé.
L’argile est jaune clair tirant sur le gris, avec par endroits des dépôts bruns ; on remarque notamment une patine brune au-dessus de l’œil droit et sur le côté droit du nez, et des dépôts brun foncé sur le collier de perles et les arêtes.
Les têtes votives en terre cuite, pour l’essentiel moulées, sont apparues à Véies et dans l’ager faliscus au 6e siècle av. J.-C., se diffusant rapidement pour devenir l’une des catégories d’ex-voto mises le plus souvent au jour dans les sanctuaires de l’Italie centrale à l’époque républicaine, ce dès le 4e siècle av. J.-C. Il s’agit vraisemblablement de représentations des dévots fréquentant ces lieux de culte, sans doute offerts à l’occasion d’un vœu ou en remerciement d’un heureux évènement. Les têtes de la collection Muret ne dérogent pas aux traits caractéristiques du type : un visage présenté frontalement sur un fond plat, au-dessus d’un cou indiqué jusqu’au départ des épaules, un objet généralement creux avec un revers lissé ou modelé grossièrement, dont la hauteur peut varier de la grandeur naturelle à la réduction au tiers. Celle-ci représente une femme, mais on trouve aussi des têtes d’homme et d’enfants. La chevelure peu détaillée à raie centrale et la présence des boucles d’oreille rapprochent cette tête du type B-II de Söderlind, produit dans la première moitié du 2e siècle av. J.-C.
Bibliographie : A. Comella, "Tipologia e diffusione dei complessi votivi in Italia en epoca medio- e tardo-repubblicano", Mélanges de l'Ecole française de Rome, 1981, 93, 2, p. 717-803 ; M. Söderlind, Late Etruscan Votive Heads from Tessennano. Production, Distribution, Sociohistorical Context, Rome, 2002. ; O. de Cazanove, "Les demi-têtes, un produit de l'artisanat religieux dans l'Italie républicaine", dans J.-P. Brun (dir.), Artisanats antiques d'Italie et de Gaule : Mélanges offerts à Maria Francesca Buonaiuto, Naples, 2009, p. 39-51 ; C. Cenci, "Terrecotte votive", in A. Capodiferro (dir.), Museo nazionale romano. Evan Gorga, la collezione di archeologia, Milan, 2013, p. 384-398.
Auteur : Euan Wall
Collection Jean-Baptiste Muret, vendue après sa mort par son fils Ernest à Arnold Morel Fatio, qui la donne au musée en 1867 |