L'Adoration des bergers
Numéro du catalogue de vente de 1845
coll. du marquis Giampietro Campana, à Rome ; acquis du gouvernement pontifical pour le musée Napoléon III en 1861 ; entré au Louvre en 1863 ; estimé à 450 scudi dans l'inventaire après décès du cardinal Fesch ; Coll. du cardinal Fesch ; sa vente, Rome, 1845 ; acheté par Claudius Tarral, Paris ; sa vente, Londres, Christie's, 11 juin 1847, n° 55 ; coll. Thomas Wentworth Beaumont, Bretton Hall ; coll. Wentworth Blackett Beaumont, puis premier Lord Allendale ; coll. premier Viscount Allendale, Londres ; coll. second Viscount Allendale, Londres ; coll. Duveen, New York à partir de 1937 ; acheté par la Samuel H. Kress Foundation, 1938 ; offert à la National Gallery of Art, 1939.
Description du catalogue de 1845 :
Deux pauvres bergers, dont les vêtements délabrés sont en parfaite harmonie avec l'humilité de leur condition, se sont respectueusement avancés vers l'enfant. Dieu couché nu sur un peu de paille déposée à terre et que recouvre un linge blanc. L'un d'eux, les mains jointes et la tête baissée, s'est jeté à deux genoux devant le fils du Très-Haut ; l'autre, appuyé sur son bâton de voyage et son bonnet à la main, a fléchi les genoux : dans la componction qui se peint sur son front incliné, on reconnait l'acte le plus complet d'adoration. En face des deux bergers, de l'autre côté de l'enfant, la Vierge et saint Joseph sont également prosternés, et demeurent, les mains jointes et les regards baissés, dans un pieux recueillement. Les deux saints époux sont placés à l'ouverture d'une étable taillée dans l'épaisseur d'un immense rocher, dont l'aride aspect est à peine adouci par les quelques bouquets de végétation qui en tapissent le front, autour duquel voltigent autre chérubins. Au-delà de cette grotte, qui occupe la moitié de la composition, se déploie un riche paysage, baigné par une nappe d'eau, accidenté par des rochers et des montagnes boisées embelli enfin par d'élégantes fabriques.
Comme un artiste habile à qui la nature de son talent laisse le choix des moyens, le Giorgion est entré largement dans l'esprit de sa composition. Grand peintre d'histoire, il n'a cependant pas laissé de traiter le paysage, qui devenait ici une des parties importantes de son tableau, en grand paysagiste ; et, dans l'un et dans l'autre genre, il a su demeurer dans la juste mesure des convenances. Aucun accessoire étranger ne venant distraire de l'action principale, tout y est vrai parce tout y est simple, et cette belle simplicité brille encore de maille qualités pittoresques. Il n'est point d'éloge capable d'amener à l'idée qu'il faut se faire de ce brûlant et vigoureux coloris ; il donne aux figures un tel relief, qu'on croirait pouvoir sans effort les détacher du panneau, et cela, à cause de l'harmonieuse transition des teintes, à cause de l'art et de la délicatesse avec lesquels les contours sont adoucis. Nous ne dirons rien du caractère noble des têtes, du moelleux de la touche, des beautés sans nombre qui s'offrent à nos yeux, pour n'ajouter que ce mot : l'entente du clair-obscur est telle, qu'il produit l'effet le plus vrai et le plus rempli d'illusion.
Description dans le catalogue de 1841 :
Admirable production de Giorgione. Les petites figures en sont traitées avec un grand savoir. La couleur s’y distingue par une force peu commune ; le dessin en est d’une grande correction, et l’exécution tout à fait remarquable. Il régne dans ce beau tableau un grand aspect de vérité, qualité qu’on retrouve aussi dans le noble paysage qui sert de fonds à la scène.
p. 294-295
fol. 96 v. n° 420. Quadro alto piedi due, e tre quarti largo piedi due, e mezzo rappresentante il Presepe della prima maniera di Giorgione Scudi Quattrocento 400 (...) fol. 499 v. Il Quadro descritto sotto il n° 420 rapnnte il Presepe prima maniera di Giorgione valutato Scudi Quattrocento di aumenta di Scudi Cinquanta