[1826, sculpture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de sculpture de 1826TYPE : rapport d [...]

[f°52bis] M. Lemaire (ouvrage de sa 4ème année) // M. Lemaire a envoyé, pour l'ouvrage de sa 4ème année, une Statue en marbre de grandeur naturelle, représentant une jeune fille, tenant entre ses deux mains un papillon. Le sujet de la figure n'est ni poétique ni allégorique. Ce n'est qu'une de ces idées légères qui offrent simplement un motif gracieux. L'intention en est agréable et la composition heureuse, sauf peut-être un peu trop de prétention à la symétrie, dans la direction et la disposition des plis sur les cuisses, où l'on voudrait plus de variété. L'unité n'est pas l'uniformité. Le haut, c'est à dire la partie nue de la figure, a de la grâce et de la vérité. Les bras, les mains, et surtout les pieds, sont traités avec goût et élégance. On loue la tête, où l'auteur n'a pu s'aider d'aucun souvenir et dont la pensée lui appartient. On n'y relève quelques inexactitudes dans la direction des yeux et dans le serrement du nez, que pour donner plus de poids aux éloges que mérite l'exécution précieuse et correcte de l'ensemble. // M. Dumont (ouvrage de sa 2ème année) / M. Dumont s'est donné pour sujet de sa figure d'étude en bas relief, ouvrage de sa 2ème année, le Sommeil d'Alexandre. La figure offre dans sa composition générale entendue comme Bas-relief, une belle silhouète [sic], un parti large mêlé à un développement noble et gracieux. On y trouve un faire large et un goût qui tend au grand. L'Académie doit toutefois faire observer, qu'il y a un abus à éviter, en imitant certains bas-reliefs antiques, dans les figures de Bas-relief qu'on fait comme étude. Il ne faut pas perdre de vue, que presque tous les bas-reliefs antiques, furent exécutés pour figurer d'un point donné, à une place assignée par l'architecture ; que souvent la matière laissée au Sculpteur, l'obligea d'applatir [sic] certaines parties, de découper quelques autres pour l'effet, et que l'artiste n'eut pas toujours la liberté, de donner à tous les membres, ni leur rondeur relative, ni leur éloignement naturel, ni toute la correction des détails. On croit voir dans la figure de M. Dumont, une imitation trop expresse, et tout à fait inutile de ces sortes de sujétions. Par exemple, la tête de sa figure est applatie [sic] sans aucune raison, et fait paraître la cuisse droite, par cela même trop saillante et trop ronde. On trouve encore dans l'exécution, une certaine égalité, qui soumet les os, les muscles, les chairs et chaque matière, à une certaine facture uniforme et un peu molle. Le tout cependant a un aspect noble, qu'un peu plus de vérité n'aurait pas affaibli. On a trouvé peu à dire des deux têtes d'étude. La plus jeune a de la naïveté ; mais on y désirerait aussi un sentiment d'imitation moins monotone. // M. Duret (ouvrage de sa 2ème année) / Si l'on a trouvé que la figure en grand de M. Dumont, nonobstant l'idée héroïque ou historique qu'il y a mêlée, ne laissait pas d'être, selon l'intention des règlements, une véritable étude, l'Académie ne dira pas la même chose du sujet que M. Duret s'est donné, pour l'étude de son bas relief. Il y a de ces sujets qui doivent détourner du but prescrit pour ces travaux, et tel est celui de Sapho et Phaon. On soupçonnerait qu'il entre, depuis quelques tems [sic], dans certains travaux d'études des Pensionnaires, l'espoir et la prétention d'en faire des ouvrages de débit, qui puissent tenter l'amateur ou le marchand. Du reste, on trouve à la composition du bas-relief, un motif agréable et heureusement inspiré par l'antique. La figure de Sapho a de la grâce ; elle est bien ajustée. Les parties nues dans le torse, surtout, offrent de la vérité. Il y a dans la figure du jeune homme un contour général d'une bonne intention ; mais l'étude ou l'exécution a quelque chose d'un peu systématique, c'est à dire qu'on dirait avoir pu être fait entièrement d'idée, sans aucun rappel de la vérité de nature. Cela se remarque dans les extrémités surtout. Quelques parties, les unes applaties [sic], les autres de ronde bosse, offrent le même abus d'imitation inconsidérée des bas-reliefs antiques, abus reproché à la figure de M. Dumont. Les têtes de ces études de M. Duret sont des portraits négligés d'après des originaux assez insignifiants. au moins voudroit-on [sic] que la ressemblance y fût plus approffondie [sic], et les détails de vérité plus recherchés. // M. Seurre / Copie d'une petite Statue Romaine (ouvrage de sa 1ère année) / Cette copie n'a excité d'autre sentiment, que celui du regret sur le choix d'une figure aussi insignifiante, morceau fait jadis, comme il y en a tant, c'est à dire de métier ou de fabrique, et qui ne peut présenter, aujourd'hui à son copiste, ni inspiration, ni goût, ni motif d'étude utile, ni emploi convenable au Gouvernement, dans la décoration des édifices. Le buste ou la tête d'étude de M. Seurre, est un portrait qui ne manque pas de vérité ; on voudrait voir dans les coëffures [sic] de tous ces portraits d'étude, un peu plus de cette variété, que les anciens ont observé, avec autant de goût que de vérité, dans la disposition des masses des cheveux.