[1834, sculpture, rapport Institut primitif 1]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de Rome, [...]

Messieurs, Les membres de votre section de sculpture réunis pour examiner les ouvrages des élèves de l'École de Rome vous présentent sur ces divers travaux, les observations suivantes. L'envoi des ouvrages de [rayé : sculpture ; mis à la place : Rome] consiste dans dix morceaux dont voici l'examen. M. Dantan. M. Dantan, pour sa dernière année, envoie une figure de jeune homme en marbre, proportion de la nature. C'est un chasseur jouant avec son chien dans un marais. La composition, peu sévère comme choix, a paru manquer de grâce sous le rapport des lignes qui présentent trop d'angles défectueux, sous tous les aspects, surtout avec l'isolement que l'on a remarqué dans tous les moyens de support pour cette statue. M. Dantan ayant annoncé à plusieurs d'entre nous que cette figure n'était pas terminée et que son intention était aussitôt arrivé à Paris, de reprendre entièrement son ouvrage avec tous les moyens qu'il s'est réservé en rapportant ici des morceaux moulés sur le modèle vivant, nous l'engageons à mettre plus d'accord dans toutes les parties comme étude, plus de finesse dans les mains, les poignets, moins de rondeur dans les formes, à s'attacher surtout à l'avant-bras droit // à la cuisse gauche dont le dessin présente trop de courbure. La tête a paru plate de profil et âgée, le haut de la tête court pour le bas. La portion du [ajouté : haut du] bras droit et la partie du côté gauche des côtes, sont mieux modelées que le reste. Nous désirons que M. Dantan cherche à amener sa figure dans le caractère de ces deux portions que nous signalons avec plaisir au milieu des observations que nous lui adressons dans le but de lui faire compléter son [ajouté : dernier] travail de pensionnaire. Ce sculpteur joint à cette figure deux bustes en marbre, une tête d'homme âgé que nous avons reconnu avec plaisir. C'est M. Boguet, peintre français résidant à Rome. On aurait voulu plus de fermeté dans la manière de rendre la nature, les chairs et les os sont [ill.] avec une trop grande égalité ainsi que certains traits. [ajouté puis rayé : néanmoins] On aurait [désiré / voulu ?] dans quelques parties des nuances de fermeté ; du reste c'est un buste très satisfaisant. Le portrait de Mlle Horace Vernet est fort bien traité, on aurait [rayé : voulu] désiré que les paupières supérieures fussent moins relevées, elles semblent ne pouvoir être en rapport avec celles inférieures et dès lors avec le mouvement de l'oeil. Pourquoi M Dantan, qui dans le portrait de M. Boguet a pris un parti qui donne aux yeux de la vie, a-t-il cherché dans ceux de son buste de femme, à rendre la saillie de la pupille ? Ce parti pris de rendre en sculpture la saillie réelle de l'orbite donne une expression [rayé : grossière ; mis à la place : peu agréable] et peu agréable. [ajouté : En général, ce buste est gracieux]. Il y a des parties rondes comme modelé, quant aux cheveux, ils sont sans contredit, massifs et maigres d'exécution. Dans ce buste, le mélange de marbres et matières variées ne peut que rappeler le Bas Empire ou la décadence de l'art. Il convient toujours mieux de chercher l'art [ajouté : statuaire] dans la plus grande diversité ... // M. Debay M Debay ne donne cette année qu'une esquisse [rayé : en terre bosse] ronde-bosse, une scène [ajouté : détachée] du Massacre des Innocents. Cette [rayé : esquisse] terre cuite n'a pas satisfait du tout, car la pensée a rappelé les choses les plus connues de cette scène qu'ont traitée tant de grands maîtres. M. Debay, qui n'a envoyé qu'un si mince travail, aurait dû au moins [ajouté : le] présenter [rayé : une esquisse] rendu, et plus cherché. L'esquisse exigée des pensionnaires est considérée comme devant être destinée à aider l'artiste dans l'exécution complète d'un grand ouvrage projeté. Elle ne doit donc pas être faite avec l'abandon qu'excuse à Paris la rapidité des concours [ajouté : de l'Académie] dans ce genre de travail. M Husson. M Husson a envoyé pour sa troisième année un bas-relief représentant Homère dans les limbes recevant le Dante parmi les plus grands poètes ... Les figures ont trois pieds environ. Ce choix offre une difficulté que la sculpture ne pouvait surmonter, [ajouté : car] toute matérielle, elle ne peut aider à figurer des ombres que la peinture ne présente déjà qu'avec peine avec toutes les ressources de ses illusions de couleurs et de perspective aérienne. Nous remarquons un assez bon style, les têtes [ajouté : sont] d'un assez bon sentiment. Mais le reste des nus est très faible, tels que les pieds, les mains et les bras informes de son aptitude au travail. Nous aurions voulu voir M. Husson, qui [ajouté : a] grand besoin d'étudier, choisir une autre composition et surtout un sujet qui l'eut mis à même de s'exercer sévèrement avec la nature nue. Il a joint à ce bas-relief un portrait qui a paru des plus faibles, petitement vu comme manière. D'ailleurs, nous l'avons déjà observé dans de précédents rapports, un portrait d'ami ne remplit pas le même but que la tête d'étude exigée par le règlement. M Jouffroy. N'ayant que quatre ans de pensionnat ne doit pas de copie. M. Jouffroy. Il donne donc pour sa seconde année une statue en marbre [ajouté : grandeur de la nature] représentant un jeune pâtre ou jeune marin réfléchissant sur une tombe. Une couronne de fleurs semble indiquer avec le caractère de la figure que l'auteur suppose une scène marine. [rayé : On a observé, à l'égard de la pensée première qui a dicté cette figure, que l'homme transporté par la douleur vers la tombe de l'objet de ses regrets, quoique pénétré d'une affliction profonde, n'observait pas par ce respect commun à tous les hommes, s'affaissant sur le tertre qui recouvre les restes qu'il pleure ... du moins, ce sentiment n'est pas dans la nature]. [rayé : pourtant] On a trouvé le sentiment, l'expression voulus par M. Jouffroy très bien rendus par [rayé : la ; mis à la place : beaucoup de] souplesse et l'abandon général qui accable le jeune pâtre ... Cette figure a une qualité précieuse, c'est de présenter une grande homogénéité dans les formes. Pourtant, les parties supérieures de ce jeune homme sembleraient fortes pour celles du bas ; dans le torse, quelques divisions sont trop régulières. L'avant-bras gauche aurait exigé plus de plans. La forme du genou fléchi et de l'emmanchement de la même jambe n'est pas heureuse, la rotule de [rayé : ce genou] se perd dans tout ce qui l'entoure. Le pied de cette jambe n'est pas fait. Toute cette partie se perd comme contour dans une peau qui est détendue et qu'il aurait fallu mieux arranger. [rayé : ce marbre aurait du être plus soigné, plus fini]. Du reste, il y [sic] dans cet ouvrage un bon sentiment sculptural. Dans la tête, il y a une bonne expression ; ce marbre aurait pu, avec autant d'excellentes qualités, être plus terminé, plus soigné, surtout dans les contours qui dessinent les membres qui s'enlacent. Monsieur Jouffroy donne encore avec sa statue, une tête portrait, bien dans le caractère italien, bien sentie et rendue avec énergie. Enfin, ce buste est tout à fait satisfaisant ... Le portrait est peu fait. // M. Brian pour sa deuxième année [sic] a fait une copie en marbre de la statue antique de Démosthène grande comme l'original, qui était au Palais Justiniani. Cette copie de six pieds et demi environ est satisfaisante. Elle est cette fois, ce qui est fort rare à l'égard de ce travail de messieurs les élèves de Rome, exécutée avec soin. Dans les parties qui présentaient des difficultés d'exécution telles que les mains, il y a de l'habileté [rayé : trois mots ill. ; mis à la place : comme pratique du] marbre. M. Brian, dans une étude de lui que nous attendons pour son travail, aura [ajouté : par son expérience] un grand avantage pour bien rendre et étudier ce qu'il aura crée. [ajouté : on a reproché au genou d'être]. Cette copie fait regretter que l'on n'ait pas toujours pu recevoir des choix de statues importantes comme celle-ci pour rappeler à Paris les chefs-d'oeuvre que possède l'Italie. Tel est, Messieurs, le rapport que notre section a dû vous soumettre. S'il vous paraît sévère en général et surtout pour quelques uns, c'est que notre section a vu avec peine que Messieurs les élèves sculpteurs s'éloignent tous, et de plus en plus, des études sévères, tant par le choix des compositions que par l'abandon qu'on trouve ou dans les marbres ou dans les modèles. // Ce sont les soins et la lenteur que l'on sent dans des études comme celles qui sont exigées [ajouté : d'eux] qui amènent les jeunes artistes à une perfection qu'ils ignoreraient si vous ne leur rappelez sévèrement cet absolu besoin de l'étude. Au Palais des Beaux-Arts, le 28 août 1834 Ramey fils, Ramey père, Cortot, Nanteuil, Bosio, David.