Photographier l'après-guerre. La reconstruction du champ photographique en Allemagne de l'Ouest entre 1945 et le début des années soixante.
La reconstruction du champ photographique en Allemagne de l'Ouest entre 1945 et le début des années soixante témoigne des bouleversements qui ont affecté le pays après le traumatisme nazi. En 1945, la photographie a ses fondements détruits. Les structures étatiques - de la production industrielle aux groupes amateurs - sont anéanties par les troupes alliées. Dans un élan de résistance à la main-mise étrangère, les Allemands redéfinissent les contours de la pratique photographique. Celle-ci se construit autour d'évènements - foires, expositions, prix - et d'organismes - magazines, sociétés, écoles - qui agglomèrent les différents acteurs : industriels, professionnels et amateurs. Grâce à ces organes de référence communs, c'est un véritable champ uni et autonome qui émerge. La photographie n'est plus considérée selon l'utilisation propagandiste des années trente quarante, ou la dépendance qu'elle pourrait nourrir vis-à-vis des beaux- arts. Car c'est bien sur les spécificités du médium que se construit le développement du champ photographique dans ces années. Se situant à la jonction des trois pôles quiparcourent la société de la jeune RFA - industrie de pointe, loisirs et culture --, la photographie devient le miroir à petit échelle de ces « longues années cinquante ». L'Allemagne retrouve son rôle-phare sur la scène photographique internationale. La présente étude s'est attachée aux théories - "fotoform", "Subjektive Fotograjie", "Totale Photographie" - et développements esthétiques des photographes professionnels - Otto Steinert ou Chargesheimer -, mais aussi aux enjeux sociologique, économique et politique entourant ce projet, autour notamment d'Agfa et de la foire photokina.