[1809-1811, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport de l'Institut sur les envois de 1809, 1810 et 1 [...]
Pas d'illustration
Description
[1809-1811, peinture, rapport Institut à AFR]
Rapport de l'Institut sur les envois de 1809, 1810 et 1811, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
PAGE DE TITRE : Rapport de la Commission nommée pour examiner les ouvrages de peinture, d'architecture et de gravure envoyés par les pensionnaires de l'Académie impériale de France à Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1811
COMMENTAIRE : l'Académie des beaux-arts n'examine les envois de peinture pour 1809, 1810 et 1811 qu'à la fin de l'année 1811 en raison d'un retard important survenu dans l'expédition des envois à Paris.
Rapport de l'Institut sur les envois de 1809, 1810 et 1811, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
PAGE DE TITRE : Rapport de la Commission nommée pour examiner les ouvrages de peinture, d'architecture et de gravure envoyés par les pensionnaires de l'Académie impériale de France à Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1811
COMMENTAIRE : l'Académie des beaux-arts n'examine les envois de peinture pour 1809, 1810 et 1811 qu'à la fin de l'année 1811 en raison d'un retard important survenu dans l'expédition des envois à Paris.
Descriptions
Transcription :
[f°27, r°] Paris, le [rayé : 1809 ? ; mis à la place : 1810] Peinture : M. Ingres // Le tableau de Thétis et Jupiter, de M. Ingres, n'offre point cependant ce qu'on avait lieu d'attendre de son talent, et l'on voit avec peine que cet artiste semble plutôt s'efforcer à se rapprocher de l'époque de la naissance de la peinture, qu'à se pénétrer des beaux principes qu'offrent les plus belles productions de tous les grands maîtres de l'art, principes dont on ne saurait s'écarter impunément. Ce tableau qui renferme des parties d'une exécution habile et dont la disposition était susceptible d'un meilleur effet, manque généralement de saillie et de profondeur. Il n'a point de masse ; le ton de la couleur est faible et égal. Le ciel bleu est d'une teinte uniforme et dure : la tête de Jupiter ne donne point l'idée de la noblesse et de la puissance du maître des Dieux et le torse de cette figure qui est d'une largeur exagérée, dans sa partie supérieure est étroit à l'attache des hanches. La tête de Thétis a [f°27, v°] un renversement forcé. On ne devine pas non plus quelle est la jambe qui s'attache avec la cuisse droite. La tête de Junon appuyée sur le petit nuage blanc fait une tache qui nuit à la lumière des groupes. Elle paraît sur le même plan que la figure de Thétis, et ne produit pas un effet heureux. En tout on a remarqué avec peine que M. Ingres en persistant dans le système qu'il paraît avoir adopté et n'employe [sic] son talent qu'à se placer en dessous de lui-même. On l'exhorte à se servir plus utilement de ses moyens. / La copie du Mercure de Raphaël offre bien l'aspect de l'original, mais elle a un peu de sécheresse dans les couleurs et de la dureté dans quelque partie des ombres ; il est vrai que cette figure est une de celles qui le plus souffert de l'effet du tems [sic]. // M. Granger / Le sujet d'Hercule et Cacus est peint avec facilité. Le groupe est bien composé ; il est dommage que M. Granger ait pris dans ce tableau un parti d'ombres noires qui, dans les chairs surtout, n'est point d'accord avec les lumières qui sont d'un ton clair-jaunâtre, ce qui produit une sorte de dureté nuisible à l'effet de ce tableau. Le nuage blanc dont il a entouré le haut du corps d'Hercule, fait paraître les ombres encore plus noires. Ce nuage aurait été disposé plus utilement, s'il eut servi de moyen pour élargir la lumière entre les deux figures de ce groupe et les lier d'une manière plus heureuse pour l'effet général. On aurait aussi désiré plus de fermeté et d'étude dans le dessin, plus de finesse dans les extrémités des figures qui, quoique bien peintes, offrent un peu de mollesse. Le ton du terrain aurait été plus en harmonie avec les figures, s'il eût été moins gris et moins froid. / Son étude d'un soldat blessé est bien peinte. On désirerait y trouver plus d'expression, plus de caractère [f°28, r°] dans le dessin et plus de finesse et de vérité sur le ton de couleur. / Sa copie, d'après la Vierge aux flambeaux de Raphaël, rend bien la grâce et la finesse de l'original. L'exécution en est soignée dans tous les détails et le pinceau en est fin et précieux. // M. Odevaëre / Sa copie, d'après Raphaël, représentant Vénus qui ordonne à l'amour de lancer un trait au cœur de Psyché, est rendue avec soin et grassement peinte. M. Odevaëre aurait pu ne pas imiter aussi scrupuleusement le ton rougeâtre qui règne dans toutes les peintures de La Farnésine et qui est plutôt l'effet des ravages du temps, que l'ouvrage de Raphaël ; car sûrement le tableau n'avait pas le ton dur, briqueté et uniforme, en sortant de son pinceau. // M. Boisselier / Le tableau représentant la mort [rayé : d'Adonis ; mis à la place : de Narcisse] par feu M. Boisselier est peint d'un coloris fin et vrai. La figure est heureusement pensée et quoique l'on ait trouvé quelques légères incorrections de dessin dans la partie inférieure de cette figure, et un peu de dureté et de sécheresse dans le fond du paysage ; ce tableau ne fait qu'ajouter à nos regrets sur la perte de cet intéressant artiste qu'une fin malheureuse et prématurée vient d'enlever aux arts, au moment où il allait recueillir le fruit de ses études et justifie tout ce que l'on en attendait. / Sa copie, d'après Raphaël, représentant Mercure et Psyché, est aussi d'un ton de couleur trop rougeâtre ; mais elle est bien dessinée et peinte grassement. // [f°28, v°] M. Heim / Le tableau de l'arrivée de Jacob en Mésopotamie par M. Heim, est d'un aspect grand et large qui rappelle les bons maîtres de l'École Lombarde. Sa composition est simple et neuve. La figure de Jacob a un mouvement vrai, animé et expressif ; elle est saillante et largement peinte : il y a dans tout le tableau un bon parti d'effet et de la fermeté dans l'exécution. On aurait aussi désiré que la partie des figures qui se trouvent dans l'ombre eût été plus reflétée par cette lumière brillante qui frappe sur le terrain, que le fond eût été plus suave et plus en harmonie avec la teinte générale du tableau, qu'il y ait plus de correction et de finesse dans le dessin des figures de pasteurs. / Sa petite figure d'étude représentant un jeune homme est bien peinte ; il y a de la vérité, de la finesse dans le dessin et dans le ton de couleur qui est bien celui de la chair. On désirerait que le fond ne fut pas aussi sombre, et que la figure ne se détachât pas également en clair ou en reflet, sur ce fond obscur, ce qui l'y attache au lieu de l'en faire ressortir ; mais à ces observations près, on ne peut que louer M. Heim de cette bonne étude. // M. Guillemot / La figure d'étude représentant un petit flûteur a de la vérité. La tête qui est d'un joli caractère est bien peinte, et toute cette figure qui est finement dessinée a une simplicité qui convient au sujet. On aurait désiré un ton moins sombre et moins égal dans le tableau, que la figure eût pris un parti plus décidé sur son fond, et que les chairs n'en fussent pas d'une teinte aussi égale. / Le groupe des deux figures représentant Thésée qui dompte le Minotaure est peint et dessiné avec fermeté. M. Guillemot a détourné adroitement la tête de cette figure dont la monstruosité offre toujours un effet désagréable. La figure de Thesée n'est pas aussi bien que celle du Minotaure. On n'y trouve point le caractère d'un héros et d'un compagnon d'Hercule ; elle est trop petite, et la tête manque de noblesse et d'expression. On aurait désiré une teinte plus animée et plus variée dans les carnations de ces deux figures auxquelles on pourrait aussi reprocher un peu de sécheresse et de dureté dans les contours. / La figure d'étude du Diomède tenant le Palladium est d'un dessin correct et ferme ; la tête a de l'expression et un bon caractère ; il est dommage que toute cette figure soit d'un ton de couleur un peu froid et égal. Les contours en sont aussi trop tranchants sur les fonds. / La copie, d'après Raphaël de Psyché, qui vient se plaindre à Cérès et à Junon, est fort bien. On doit savoir gré à M. Guillemot de s'être tenu en garde contre le ton de couleur rouge et uniforme qui règne dans ces fresques. // Le dessin de sa composition lavé au bistre rehaussé de blanc représentant un combat des Grecs et des Troyens, a du style, de l’expression, et rappelle le caractère des dessins de Jules Romain et de Polidore. // Sa figure de Minerve, dessinée d’après l’antique sur papier blanc, est dessinée finement et avec soin, mais on y trouve un peu de dureté et de sécheresse dans la draperie. // M. Blondel / La figure d’étude de M. Blondel représentant un jeune voyageur qui se lave les pieds au bord d’une fontaine [f° 29bis], a de la vérité et de la finesse dans le ton de couleur : elle est grassement peinte. On désirerait y trouver un peu plus de fermeté dans le caractère du dessin. // Son tableau du jeune Hyacinthe, au moment où Apollon pleure sur son corps, est bien composé, bien peint, d’un ton de couleur agréable et vrai. La tête d’Apollon est expressive et noble et la figure du jeune Hyacinthe a bien l’affaissement d’un homme mourant. Le dessin de cette figure pourrait être d’un style plus noble et plus correct, surtout vers le bas du torse et l’attache des cuisses. // La copie d’après le Christ au tombeau (à San Pietro in Montorio) est fort bien, d’un bon pinceau, ferme d’exécution et d’un coloris vigoureux ; elle donne une idée parfaite de l’original, et fait honneur à M. Blondel. // M. Langlois / La figure d’étude de M. Langlois représentant Cassandre qui vient d’être outragée par Ajax aux pieds de la statue de Minerve, est très bien. Le pinceau en est agréable et ferme. La tête a de la grâce ; elle est noble et expressive et les draperies ainsi que les accessoires sont vivement et finement rendus. / La partie du fond éclairée par la lumière de la lune et par l’incendie fait un contraste très piquant avec le ton chaud de tout le reste du tableau, en même temps qu’elle explique le sujet. On a trouvé qu’au premier aspect cette figure présentait plutôt l’idée d’un jeune homme que celle d’une femme, et que l’ombre est trop grande et trop forte entre l’omoplate et la naissance du bras. Peut-être l’effet général de ce tableau aurait été plus heureux et plus piquant si la lumière éclatante du feu qui est sur l’autel eut été masquée pour le spectateur. On a trouvé aussi quelques négligences de perspective dans le plan des marches ; mais malgré [f°30] ces observations, ce tableau a généralement fait plaisir et ce premier envoi de M. Langlois doit bien faire augurer de ce qu’on peut attendre de lui pendant son séjour à Rome.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
20170071/1-8, fol. 27-36bis
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, Institut à AFR, 1810, peinture£ Notice créée le 16/08/2002. Notice modifiée le : 18/05/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé