Plaque en mandorle : Christ en majesté
The Princes Czartoryski Library
Plaque en mandorle provenant de la croisée d’une croix processionnelle (revers). Six trous de fixation, tous bouchés par des rivets probablement modernes. Depuis une date indéterminée (XIXe siècle ?), la plaque est remontée sur le plat supérieur du manuscrit « De Officis » de Cicéron, acquis par le prince Czartoryski en 1880 (voir champ Historique).
Au centre de la plaque, figure en réserve du Christ en majesté, bénissant de la main gauche et tenant le Livre de la main droite. Nimbé et pourvu d’une tête rapportée, il est assis sur un trône polychrome à la structure élaborée. Le fond bleu de la plaque est décorée de disques, dont certains ponctués de rosettes gravées, et une rosette ciselée. Une jolie bordure ondulée polychrome (bleu foncé, bleu clair, blanc) parcourt le pourtour de l’œuvre.
La plaque provient du revers d’une croix processionnelle composée, constituée d’une âme de bois revêtue de plaquettes émaillées et agrémentée de figures d’applique. Ce type de croix présente, sur sa face postérieure, l’iconographie du Christ en majesté, entouré des symboles des évangélistes situés aux quatre extrémités. L’œuvre décrite ici est proche de nombreux fragments de croix répertoriés sur cette base, comme la plaque de Londres, British Museum, inv. 1878,1101.6, celle de New Haven, Yale University Art Gallery, inv. 1952.17.4, ou celle de Palerme, Galleria regionale della Sicilia di Palazzo Abatellis, inv. 5234.
Le soin accordé à l’exécution de la plaque de l’ancienne collection Czartoryski est à souligner. Plusieurs détails le confirment : la palette chromatique riche et variée, avec plusieurs tons de couleur dégradés dans la même alvéole ; la représentation originale du trône du Christ, très rare voire unique dans les croix ; la gravure soignée de la silhouette du Sauveur, ainsi que sa tête ciselée à part et rapportée.
L’intérêt de la plaque est accru par son remploi en fonction décorative sur le plat de reliure d’un manuscrit. Ce remontage, dont ignore la date (XIXe siècle ?), offre un exemple de la fortune que ces objets médiévaux rencontrèrent à l’époque moderne.
Lacunes d’émail ; perte presque totale de la dorure
Ms 3463 III : collection des princes Visconti, Milan, XVIIe siècle. Collection G. Bruchetti, 1834. Collection G. Schiepatti, libraire à Milan, 1865. Collection des princes Czartoryski, Cracovie. Acquisition par le prince Wladyslav Czartoryski, en 1880, chez Schiepetti.
La manuscrit (« De Officis » de Cicéron) était réputé provenir de la bibliothèque de Pétrarque, qui l’aurait donné à la Chartreuse de Garegnano, près de Milan. Cette provenance est aujourd’hui tenue pour fictive car le manuscrit ne figure pas au catalogue des livres de la bibliothèque de Pétrarque rédigé en 1865 par le libraire Schiepetti.
n° 12, pl. XIII.
p. 50, fig. 6.
p. 100, 110.
TOME CEM II ; photos CEM-CNRS : Corpus 13854, 13855 ; NB : historique établi d'après les informations recueillies par E. Dabrowska, avril 2006