[1848, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de sculpt [...]
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Description
[1848, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de sculpture de 1848
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Institut royal de France. Académie des Beaux-Arts, séance publique annuelle du samedi 14 octobre 1848, présidée par M. Horace Vernet, Président
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 14/10/1848
Rapport imprimé sur les envois de sculpture de 1848
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Institut royal de France. Académie des Beaux-Arts, séance publique annuelle du samedi 14 octobre 1848, présidée par M. Horace Vernet, Président
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 14/10/1848
Descriptions
Transcription :
[p. 58] Si c’est pour l’Académie un devoir souvent pénible de tempérer par des avertissements sévères les éloges qu’elle voudrait pouvoir accorder sans restrictions aux travaux de nos jeunes artistes, c’est aussi pour elle une bien douce obligation d’avoir à proclamer la satisfaction que lui fait éprouver l’envoi de cette année ; car en signalant chez presque tous nos pensionnaires des études sérieuses, des progrès remarquables, et des efforts inspirés par un véritable amour de l’art, l’Académie n’a pas seulement le bonheur de rendre justice au zèle et au talent de quelques artistes ; elle y trouve encore un légitime sujet d’orgueil et de reconnaissance pour une institution, telle que celle de notre École de Rome, qui, à travers toutes les vicissitudes du goût et toutes les révolutions de la société, maintient si heureusement comme dans un sanctuaire inviolable, les saines traditions de l’art, et en mûrissant tous les germes du talent, développe toutes les espérances de l’avenir. // [p. 60] L'Académie ne trouve pas moins de sujets de félicitations dans l'ensemble de l'envoi de sculpture. Là aussi, il y a des travaux remarquables, des études sérieuses. Mais, si c'est pour l'Académie un juste motif de satisfaction, c'est aussi pour elle un devoir plus impérieux de joindre, aux éloges qu'elle est toujours heureuse d'accorder, les conseils et les avertissements qu'elle juge nécessaires. [p. 61] M. Cavelier. L'envoi de cet artiste, qui vient de terminer sa pension, se compose de deux figures en marbre. Il y a là sans doute une preuve de zèle dont il est juste de tenir compte à l'auteur ; mais les deux figures ne sont pas terminées ; ce qui est une circonstance fâcheuse, et ce qui oblige l'Académie à déclarer qu'à ses yeux et dans l'intérêt de l'art, autant que dans celui de l'artiste lui-même, il serait désirable qu'un statuaire entreprît jamais qu'une figure à la fois, et qu'il la terminât à Rome même, en présence du modèle qui lui a servi pour l'exécuter, et qu'il ne retrouvera pas à Paris. La Vérité est une figure dont la pose n'est pas aussi heureuse que le comportait le sujet. Elle est mal conçue, en ce que la draperie qui tombe par derrière ne concourt pas à l'expression de ce sujet, attendu qu'elle n'est pas disposée comme devrait l'être celle de la Vérité qui vient de se découvrir. Mais le défaut le plus sensible de cette statue, c'est la lourdeur générale qu'elle présente. On doit encore y signaler, comme une imperfection grave, la tête trop petite, mal attachée, et trop en arrière sur le torse. Quant aux détails de l'exécution, on s'abstient d'en parler, l'artiste n'ayant regardé son marbre que comme une ébauche. L'Académie s'est trouvée bien plus heureuse en présence de la seconde statue de M. Cavelier, qu'il a intitulée Pénélope. C'est une figure très-bien conçue. Le sommeil y est rendu avec une vérité et un abandon pleins de charme. Le mouvement de la tête est parfaitement senti, et le caractère en est bien d'accord avec le sujet. Enfin la draperie est disposée [p. 62] avec une élégance et un goût remarquables. La Pénélope de M. Cavelier est donc une figure qui mérite beaucoup d'éloges ; et l'on ne regrette qu'une chose : c'est que le marbre ne soit pas terminé. M. Lequesne. Le Faune dansant de M. Lequesne est une figure d'un mouvement bien senti d'un caractère ferme et vrai. La pose en est heureuse sous tous les aspects ; la vie y respire d'un bout à l'autre ; et l'Académie apprécie surtout dans cet ouvrage la franchise et la conscience de talent qui abordent, dans un pareil sujet, toutes les difficultés du nu, et qui les rendent avec étude. Si l'on pouvait relever un défaut dans cette charmante statue, ce serait un manque d'accord entre les membres inférieurs, qui ne sont pas du même âge que le reste de la figure. L'esquisse de M. Lequesne, dont le sujet est Tyrtée chantant les Messéniennes, n'a pas droit aux mêmes éloges. C'est une confusion de figures qui ne forment pas une composition. Les plans n'y sont pas assez déterminés et les lignes n'en sont pas heureuses. On engage l'auteur à étudier d'avantage les conditions du bas-relief qui ne sont pas remplies dans cet ouvrage. M. Guillaume. M. Guillaume, qui ne devait qu'une tête d'étude pour son travail de seconde année, a voulu produire cette étude sous [p. 63] la forme d'un monument, qu'il présente comme le Cénotaphe des Gracques. C'est une intention louable et l'exécution n'est pas indigne de la pensée. Les deux têtes ont de la vérité, et elles offrent bien le caractère romain. On doit donc savoir gré à l'artiste d'avoir su heureusement approprier un motif d'étude à un sujet historique bien conçu, et l'exécution seule laisse à désirer dans quelques parties, dans les mains et les draperies. À tout prendre, c'est l’œuvre d'un artiste sérieux, qui aime et qui comprend son art. Quant à la copie, qui reproduit l'Amazone du musée du Capitole, on peut louer sans restriction le choix de l'artiste ; mais on doit lui reprocher le peu de soin qu'il a apporté dans son travail. Si M. Guillaume s'était mieux pénétré de l'importance de la copie, qui est à la fois un monument d'art appartenant à l'État et un ouvrage destiné à exercer l'artiste au travail du marbre, il n'aurait pas laissé celui-ci dans un état qui ne laisse voir que l’œuvre du praticien. [...] [p.68] ] En terminant ce compte rendu de nos pensionnaires de Rome, qui renferme tant de motifs de félicitation pour le présent et d’espérance pour l’avenir, nous ne pouvons-nous empêcher d’adresser aux jeunes talents que nous allons couronner des vœux et des conseils dictés par les mêmes sentiments. Et vous aussi, leur dirons-nous, vous qui venez de vous ouvrir les portes de la villa Médicis, vous fixez dès ce moment sur vous tout l’intérêt, toute la sollicitude de l’Académie. Vous y avez acquis des droits par votre constance dans les épreuves des concours, au milieu de circonstances où de trop sérieuses préoccupations auraient pu vous disputer aux études de votre art. Maintenant que vous partez pour Rome, avec votre première couronne, portez-y aussi, comme votre première pensée, ce dévouement à l’art, qui obtient toujours sa récompense, et qui est lui-même son plus grand charme. Vous voyez avec quel intérêt l’Académie veille de loin sur les talents qu’elle a formés, comme elle se plaît à les encourager dans la carrière qu’elle leur a ouverte, comme elle s’appliquer à les diriger vers le but qu’elle n’a cessé de leur montrer. / Entrez à votre tour dans cette carrière brillante, où les mêmes succès vous attendent, où l’Académie vous suivra avec les mêmes sentiments. Jusqu’ici, vous avez marché d’un pas sûr, sous l’œil de vos maîtres ; plus libres désormais, vous marcherez d’un pas plus ferme encore, en présence des grands modèles de l’art. Ne vous laissez pas distraire par aucune pensée étrangère de leur contemplation, toujours guidés par votre propre sentiment ; ne songez qu’à féconder par la méditation et l’étude, les heureuses qualités que vous tenez de la nature ; et n’oubliez jamais à Rome, dans la ville aux grandes leçons et aux immortels souvenirs, que le travail, qui est la loi de l’humanité, est aussi la première condition du talent et la meilleure épreuve de la gloire.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34, 1848, tome 18, p. 58-63
Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives :
p. 58-63
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1848, sculpture£ Notice créée le 25/07/2002. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Christiane Dotal.
Rédacteur
Christiane Dotal