La Sainte Face
icône
L'icône est conservée dans la cathédrale Notre-Dame de Laon depuis 1975
Suzanne Martinet : "La tête du Christ apparaît sur une surface monochrome de teinte ivoirée. La pâleur du fond en accentue les couleurs sombres, où dominent les bruns et le vert olive. La masse des cheveux est sillonnée de lignes ondulées quasi parallèles brunes et noires. Le visage du Seigneur, sans cou, ni épaules se détache sur un large nimbe crucifère, entouré d'un damassé doré. Une inscription rouge en caractères slaves est inscrite dans le bas du tableau. Une frange rouge et bleue délimite la peinture".
restauration au service de restauration des peintures des musées nationaux. Support Daniel Jaunard ; couche picturale Nicole Delsaux
matériau : [cyprès] ; certitude : caractérisé ; technique : examen anatomique du bois ; date : 1988
Panneau de deux planches à fil vertical, débitées sur dosse et faux quartier.
Joint vertical consolidé par deux papillons de chêne à contrefil. Parquetage en chêne posé par un restaurateur privé en 1982.
identifiant : coupe5754 - localisation : partie dextre - motif : chevelure - couleur : marron
position : entre le support et les couches colorées
certitude : caractérisé ; technique : microchimie , microsonde ; date : 1988
couche de mastic probablement, à cause de la présence de sulfate de calcium. Résultat obtenu grâce à l'analyse d'une deuxième coupe
identifiant : coupe5754 - localisation : quart supérieur dextre - motif : chevelure - couleur : marron
certitude : caractérisé ; technique : microchimie , microsonde ; date : 1988
Repeint car présence dans cette couche de sulfate de baryum, de titane et de traces de zinc
"Образ Господень на убрусе"
"Image du Seigneur sur le linge"
Peinte de couleur rouge
avant 1249
Jacques de Troyes, archidiacre de Laon et futur pape Urbain IV, envoya la Sainte-Face en cadeau à sa sœur Sibylle, abbesse de Montreuil-en-Thiérarche, alors qu'il est en Italie. La lettre adressée de Rome le 3 juillet 1249 en atteste et fut longtemps sauvegardée par les sœurs de l'abbaye avant qu'elle d'être perdue :
"A la demande de ma sœur chérie, nous avons compris combien votre désir était ardent de voir et de posséder près de vous le visage et les traits de Notre Seigneur, que nous avons en garde, tel qu'il a été vu sur la terre jusqu'il demeurait parmi nous, Lui, le plus beau des enfants des hommes, afin que par la contemplation de son visage, vos âmes accèdent à une plus grande dévotion et vos pensées à une plus grande pureté. Nous, donc, qui voulons vous procurer avec une très grande joie, toutes les choses, qui puissent vous faire acquérir la grâce de Dieu en ce monde et la gloire éternelle dans le futur, désirant, autant qu'il nous est possible, accéder au saint désir de ma sœur chérie, nous vous envoyons la Sainte Face, par dessus tout célébrée".
Jacques de Troyes aurait très certainement obtenu la Sainte-Face lors de sa visite à un monastère serbe de Bari dans un contextes de contacts et rapprochements entre Rome et l’Église serbe depuis l'éloignement de la famille régnante Nemanjic de l'empire byzantin dès les années 1180.
Dès 1262, la Sainte-Face a déjà gagné une grande renommée dans la région, notamment pour ses propriétés miraculeuses : elle guérirait les yeux comme le Saint Suaire d'Edesse. La relique est exposée aux fidèles et des processions sont organisées. Plusieurs confréries dédiées à la Sainte-Face se créèrent dans la région et l'icône était transportée pour la dédicace d'une autre abbaye ou de villages en villages en temps d'épidémie. Les guerres obligèrent ensuite les sœurs à quitter leur monastère, qui finit par brûler au XVIIe siècle. L'évêque de Laon les installe donc dans des bâtiments vides qu'elles nommeront le lieu Saint-Ladre en Montreuil.
Vers 1679, l'abbesse Catherine de Longueval fait fabriquer un reliquaire en cristal, pierre précieuses et argent façonné. Les sœurs firent également éditer un office et une messe de la Sainte-Face en 1719 : "L'office et la messe de la Sainte-Face de Notre-Seigneur, à l'usage des Dames religieuses de l'abbaye de Montreuil-sous-Laon, de l'ordre de Citeaux, avec les litanies, tiré de l’Écriture Sainte, par Dom Auguste François Wilque, religieux de l'abbaye de Foigny, confesseur de celle de Montreuil" imprimé à Laon, chez François Meunier. Ce livre a aujourd'hui disparu mais le texte de la messe est reproduit dans le "Missel de Monseigneur de Rochechouart" imprimé à Laon par Jean Calvet en 1773.
En 1789, les biens des soeurs sont confisqués et elles durent quitter l'abbaye vide et la Sainte-Face en 1791. Les paroisses de Vaux, La Neuville et Saint-Martin se disputent ensuite la relique devant et c'est finalement le tribunal du district qui adjugera la Sainte-Face à l'église Saint-Nicolas de La Neuville. Cependant, en 1793 est ordonné de détruire tout le mobilier liturgique et les biens de la cathédrale de Laon et le commissaire en charge s'intéressa également à la Sainte-Face. Le reliquaire fut démantelé mais la Sainte-Face fut cachée dans un fond de placard du tribunal du district jusqu'en 1795, lorsqu'elle est installée dans la cathédrale, à peine ouverte à nouveau. L'office de la Sainte-Face est de nouveau dit lorsque l'icône est reconnue en 1807 mais le pèlerinage ne reprit pas.