Lampe romaine : Cérès
Lampe en terre cuite sans anse et au bec à volutes. Sur le disque, entouré de trois lignes incisées concentriques, est représentée Cérès (?), tenant de la main droite un bouquet d’épis vers l’avant, tandis que sa main gauche tient derrière un pan de son vêtement qui vole au vent autour d’elle et au-dessus de sa tête. Les cheveux sont ramenés dans un chignon sur le dessus de la tête. L’évent, décentré, se situe dans l’espace vide devant la déesse. Un canal traverse le marli dans l’axe du bec. Sous l’épaule arrondie, la paroi de la lampe est oblique et le fond annulaire. Le bec triangulaire présente deux volutes à la base, qui se prolongent sur la paroi de la lampe par deux pointes. Un engobe rouge-orange, proche de celui de la céramique sigillée, est conservé sur le bec et jusqu’aux pieds de la déesse. Ailleurs, il a disparu, laissant apparaître une argile plus claire et plus rugueuse. Des concrétions blanches et brunes sont visibles sur la face inférieure, ainsi que des traces noires (brulées ?) à l’extrémité du bec.
Cette lampe correspond au type IV A chez Deneauve avec lesquels il partage l’absence d’anse, la forme du bec, et la présence d’un petit canal traversant le marli dans l’axe du bec. Toutes datent du 1er siècle : les lampes des catégories A et B sont datées des règnes d’Auguste à Claude. Le pied annulaire est présent dans les exemplaires les plus anciens. Les disques portent souvent des sujets mythologiques (Deneauve 1969, p. 107-120) ; dans ce cas, il s’agit de Cérès, déesse de l’agriculture, des moissons et de la fertilité. L’identification du personnage féminin à sa fille Proserpine a été proposée pour cette lampe, sur la base d’une lecture de l’attribut tenu dans la main gauche comme une torche renversée. Il n’est pas clair, cependant, qu’il s’agisse bien d’une torche : on pourrait y voir une autre gerbe de blés, comme celle que la déesse tend de la main. Cérès en Fides Publica tient ainsi un épi vers le bas de la main gauche et présente un plateau de fruits de la main droite (LIMC IV, 1988, p. 896-897, nn° 41-68 et p. 900 n° 111-122). Cette iconographie, avec un épi dans chaque main, est adoptée pour un as de Faustine (141-161) du British Museum (BMC Emp IV 251, 1570 tav. 37, 10 ; LIMC IV, 1988, p. 897 n° 60).
Bibliographie : J. Deneauve, Lampes de Carthage, Paris, 1969 ; Lexicon iconographicum mythologiae classicae (LIMC), IV. Zürich : Artemis Verlag, 1988, Cérès.
Auteur : Euan Wall
Collection Jean-Baptiste Muret, vendue après sa mort par son fils Ernest à Arnold Morel Fatio, qui la donne au musée en 1867.
n° 80b, p. 124-125