[1822, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de peinture [...]
Pas d'illustration
Description
[1822, peinture, rapport Institut primitif]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de peinture en 1822 jugés au début de l'année 1823
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
PAGE DE TITRE : Rapport fait par la commission sur les ouvrages des pensionnaires peintres envoyés de Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 15/01/1823
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de peinture en 1822 jugés au début de l'année 1823
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
PAGE DE TITRE : Rapport fait par la commission sur les ouvrages des pensionnaires peintres envoyés de Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 15/01/1823
Descriptions
Transcription :
[f°1, r°] Rapport des envois de 1822, expédiés au ministre de l'Intérieur le 15 février 1823. Par M. Dubois, élève de M. Regnault, Daphnis et Chloé dans la grotte des nymphes. Cet épisode charmant où Daphnis enseigne à Chloé à jouer de la double flûte, est tiré du roman de Longus. Il a séduit l'artiste en lui présentant le moyen de réunir dans un groupe deux figures de sexes différents dans l'âge heureux des Grâces et de la jeunesse. Pour le peintre ce programme est ravissant. L'étude exigée d'une figure peinte de grandeur naturelle pendant chacune des trois premières années a pour but d'obliger les pensionnaires à ne point négliger d'étudier le nud [sic], qui est la base de toutes les autres études et sur laquelle se fonde et s'apprécie la somme de talent d'un artiste. Il ne lui est pas interdit de chercher par quelque motif historique et par quelque accessoire, à donner à cette étude l'avantage de pouvoir être aussi considérée comme un tableau [rayé : l'avantage de pouvoir être aussi considéré comme un tableau]. Mais ici peut-être l'auteur a perdu de vue qu'il avait encore à soumettre à l'Académie pour sa troisième année un ouvrage qui pût constater ses progrès dans la science de dessiner et de peindre le nud [sic]. Il aurait dû s'appliquer à dégager les draperies ou les accessoires qui pouvaient masquer les plus intéressantes parties. Sans cette attention il courait le double risque de manquer à la grande correction de l'étude ou de ne pas atteindre entièrement à cette heureuse disposition d'effet et d'ajustement que l'on exige plus particulièrement dans un tableau. L'attitude des deux figures a de la naïveté, le dessein est agréable et vrai ; on y désirerait un meilleur choix de formes ; il y manque quelque chose d'idéal, une certaine noblesse et d'élévation. Le corps de Daphnis est recouvert d'une peau qui l'enveloppe trop et nuit à son développement, en ne laissant libres que les extrémités, ce qui ne permet pas même d'apprécier le mouvement et les formes du corps, de sorte que la jambe et la cuisse qui portent paraîtraient trop longues. Sa tête a une expression fort juste ; elle est peinte avec franchise et fermeté. On voudrait lui voir des traits moins agrestes et plus distingués. La poitrine et l'épaule droite sont d'une bonne forme et peints largement, la forme en est bonne ; il manque un peu de fermeté et de décision dans l'avant-bras. La peau qui couvre le corps descend trop bas ; [f°1, v°] ses plis n'aident point à reconnaître l'articulation de la cuisse qui paraît attachée trop haut dans la hanche. Les jambes agréablement dessinées et éclairées par quelques échappées de jour produisent un effet très agréable. Le pied droit paraît engorgé et l'autre ne se montre pas assez. La teinte locale de cette figure tire un peu trop sur un ton roussâtre qui n'a point la finesse ni la variété des demies teintes que l'on aime à retrouver dans l'imitation de la nature. Certaines touches un peu noires mettent de la dureté dans les ombres du col et de la main droite. La figure de la jeune Chloé a de la grâce, son intention est vraie et répond bien à celle de Daphnis, mais on peut lui adresser les mêmes reproches sur ce qui manque de correction et d'élévation [rayé : d'idéal] dans les formes ; les traits de sa physionomie ont quelque chose d'un peu commun, le nez est trop allongé et les lèvres ont trop d'épaisseur ; le col semble un peu court ; le contour de l'attache de l'épaule avec le bras gauche est maigre et resserré ; les bras et les mains sont dessinés et peints avec grâce ; quelques touches seulement un peu sèches et dures au bout des doigts. Le corps en entier et la cuisse sont d'un pinceau large et suave [ajouté dans la marge : et d'une bonne forme]. On ne peut pas en dire autant des pieds qui, par une affectation de naïveté, sont posés d'une manière peu avantageuse et sont un peu négligés. Le coloris en général est frais et brillant, mais il est dominé par un glacis d'une teinte de rose vif qui ne laisse point jouer les demi-teintes ou plutôt le peintre ne les a pas assez indiquées et sous le rapport de l'étude de la finesse et de la variété des tons, on y trouve autant à désirer que dans la figure de Daphnis. Ce défaut se fait aussi sentir dans la draperie blanche qui est d'un ton mat ; les plis n'en sont donc pas heureusement disposés ; elle a de la lourdeur dans l'exécution ; on ne peut reconnaître sa véritable forme ni son visage. On remarque des teintes crues et manquant d'harmonie dans les tons des fonds et des terrains ; l'effet général n'est pas assez nettement déterminé. M. Dubois possède de belles parties et a les plus heureuses dispositions. Le jeune Clovis retiré des eaux par un pêcheur qu'il avait envoyé l'année dernière présentait aussi les mêmes qualités et le même défaut dans le choix des formes. [f°2, r°] On ne saurait trop l'inviter à profiter des deux dernières années qui lui restent encore à passer en Italie pour acquérir cette correction et ce beau choix de formes qui paraît lui manquer et de s'attacher à obtenir plus d'élégance dans le style et le goût du dessin et dans l'ajustement des draperies et des accessoires. [f°3, r°] Rapport fait par la commission sur les ouvrages des pensionnaires peintres envoyés de Rome. L'envoi des ouvrages de peinture des élèves pensionnaires de l'École de France à Rome est peu nombreux et la commission a vu avec peine qu'il se bornait à deux seules études. Un tableau qui faisait partie de cet envoi était l'ouvrage de la cinquième et dernière année de M. Coignet [sic], élève de M. Guérin. Ce tableau n'étant point achevé a été remis à l'auteur, actuellement à Paris, pour le terminer et n'a pas été soumis aux regards de la commission. M. Hesse qui se trouve dans sa quatrième année, étant occupé du tableau qui doit compléter les obligations de son pensionnat, n'a rien envoyé cette fois. On espère qu'il ne quittera point la terre classique sans avoir rempli entièrement ses engagements. M. Court qui est le pensionnaire le plus nouvellement arrivé à Rome n'a pas eu le temps de rien faire qui pût être joint à cet envoi. Il n'y a donc en ce moment que l'étude de M. Dubois [rayé : élève de M. Regnault], et celle de M. Coutan, [rayé : élève de M. Gros] dont la commission ait à vous rendre compte, quoiqu'elle eût dû s'attendre, d'après le règlement , à trouver avec ces tableaux, des esquisses et des dessins. [f°3, v°] Arion sauvé par un dauphin par M. Coutan. Cette figure d'un bel aspect présente les principales conditions d'une bonne étude et offre tout l'intérêt et la partie poétique que comporte le sujet. L'effet en est précis et lumineux, le choix des tons de draperie est bien entendu et concourt à faire valoir les chairs, dont la couleur est animée et vraie ; le dessin en est grand, élégant et correct. La tête est d'un beau caractère et bien peinte ; cependant il nous a semblé qu'il serait à désirer que les cheveux fussent moins noirs et se détachassent plus légèrement sur les chairs du côté du clair. Le torse est d'un beau ton et d'une [rayé : belle facture ; mis à la place : bonne facture] les demi-teintes ont de la légèreté et de la vérité ; nous avons surtout remarqué ces qualités accompagnées d'une grande souplesse de pinceau et d'un modelé bien naturel dans le passage des côtes à la hanche et au ventre, et de la hanche à la cuisse du côté gauche. On pourrait souhaiter un peu plus de précision dans l'indication des attaches des fausses côtes du côté droit que la demie teinte doit indiquer un peu moins bas. Le bras gauche qui est élevé nous paraît d'un beau contour et la main et l'avant-bras bien franchement exécutés. Il est fâcheux qu'on ne trouve pas la même précision de modelé dans le deltoïde et le biceps et aussi que l'ombre du bras et du coude se confonde un peu avec la draperie rouge qui est derrière. La même observation que nous venons de faire [f°4, r°] d'indécision dans le modelé peut s'appliquer à l'articulation du bras droit avec le torse. La main droite qui tient une lyre est d'une belle couleur et d'une belle exécution. La lyre et la draperie qui sont autour de l'avant-bras sont agencés avec beaucoup de goût. Le même talent d'exécution se fait encore remarquer dans la partie inférieure de la figure. La cuisse droite surtout, qui vient en avant et dont la jambe est repliée, est ferme, lumineuse et d'un bon dessin. Il est à regretter que le contour supérieur de la cuisse gauche soit interrompu par un pli de la draperie [rayé : ill.]. Il nous a semblé aussi que l'articulation de cette cuisse avec la jambe présente quelque incorrection. Le pied est d'une assez bonne forme mais d'une [rayé : belle] exécution un peu trop facile. Le dauphin sur lequel la figure est posée est traité d'une manière large, les eaux sont bien faites et transparentes, le ciel et la mer dans le lointain sont bien entendus d'effet et font ressortir la figure, sans être trop sacrifiés.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Académie des beaux-arts, 5 E 14
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1822, peinture£ Notice créée le 13/06/2002. Notice modifiée le : 28/02/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé