Plaque centrale de croix
Plaque médiane d’une croix composée à croisée ronde, massive, parcourue d’une frise ornée de petits motifs en pointillé. Le fond bleu cobalt met en valeur la croix intérieure verte, bordée d’un filet doré en pointillé et parsemée de petits motifs en réserve. Le chromatisme des éléments décoratifs est constitué d’une riche palette d’émaux : bleu foncé, bleu moyen, bleu clair, rouge, jaune, turquoise et blanc. Présence de dix-huit perforations pour fixer la plaque sur l’âme de bois de la croix.
Le fond est décoré de disques et de rosettes dentées de différentes tailles, distribués d’une manière assez symétrique sur le pourtour de la croix. Le Christ est posé sur la croix intérieure en émail vert, décorée de mottes dorées. À l’extrémité supérieure du montant vertical, la main de Dieu, qui bénit, émerge des nuages, enrichie de traits ciselés représentant le poignet de la manche, au-dessus du titulus en métal doré portant l’inscription IHS (Ihesus).
La figure d’applique dorée du Christ en croix se détache du fond. Tête inclinée vers la droite, bouche fermée, cheveux longs tombant sur les épaules, moustache et barbe coupée court et en arrondi, yeux ouverts. La figure est couronnée, clouée par quatre clous, bras étendus. Le Christ porte un perizonium noué à gauche avec une ceinture, partagé en deux parties différenciées par des plis doubles convergeant au centre du côté gauche et simples à droite sous l’effet de la perspective. Les incisions divisent le thorax en quatre : la poitrine, les deux parties de la cage thoracique et l’épigastre, dont le tracé est courbe, comme le contour des bras. Le ventre est gonflé. Le nimbe, dans lequel s’inscrit une croix grecque, est remarquable par sa riche palette chromatique : bleu foncé, blanc, turquoise, rouge et jaune. La tête masque le côté gauche du nimbe d’où dépasse un petit fragment de croix. Les pieds cloués par deux clous reposent sur le suppedaneum, sorte de planchette représentée avec un fond bleu clair, moucheté de petits motifs en jaune et rouge, au-dessus de trois niveaux de monticules imbriqués.
Le drapé du perizonium est représenté par des lignes gravées et coupé par le milieu. À gauche les plis partent vers les côtés, tandis qu’à droite ils s’incurvent et se dédoublent en occupant tout l’espace disponible de droite à gauche. Ce modèle a probablement eu beaucoup de répercussion dans l’opus lemovicense, car nous en avons conservé de nombreux exemplaires polychromes et en réserve. La technique utilisée pour dessiner le perizonium, ainsi que la douceur des traits incurvés évoquent les plaques du Museu Nacional d’Art de Catalunya (MNAC 4097) et du Museu Episcopal de Vic (MEV 181). Autre exemplaire de référence ayant les mêmes caractéristiques, la plaque du musée d’Art et d’Histoire de Bruxelles (inv. 885) datée du premier tiers du XIIIe siècle s’en rapproche par le graphisme du thorax, l’incision de l’abdomen et, plus généralement, par la décoration et le chromatisme des disques et des rosettes.
Comparée aux autres plaques, notamment à celle du MNAC 4097, celle-ci peut être datée entre 1215 et 1220.
Sur le revers de la plaque, il y a une marque d’assemblage en forme de X.
Disparition complète de la dorure ; émail manquant sur le fond de la croix, deux disques et deux monticules imbriqués ; ne conserve qu’un clou d’origine dans le pied gauche ; les trois autres sont postérieurs ; usure du côté de l’œil gauche.
Christ
Cette plaque faisait partie de la collection du sculpteur espagnol Frederic Marès i Deulovol (1893-1991), qui en fit don le 27 novembre 1979 au musée Frederic Marès de Barcelone, lequel appartient actuellement à la mairie de Barcelone. Il n’y a pas de documentation historique antérieure.
Ancien propriétaire
Don au musée Frederic Marès de Barcelone le 27 novembre 1979.