La Crucifixion avec la Vierge, saint Jérôme, sainte Marie-Madeleine et saint Jean
Titres
Titre :
La Crucifixion avec la Vierge, saint Jérôme, sainte Marie-Madeleine et saint Jean
Titre :
La Crucifixion Mond
Titre :
La Crucifixion avec deux anges et quatre saints
Commentaires généraux
Commentaire général :
La Crucifixion avec la Vierge, saint Jérôme, sainte Marie-Madeleine et saint Jean, dite, La Crucifixion Mond.
Localisations
Lieu de conservation :
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
NG3943
Type de Cote / numéro :
Cote / numéro :
497
Créations / exécutions
Personne liée à l'oeuvre :
Rôle :
Commentaire Rôle :
L'inventaire précise qu'il s'agit d'une oeuvre signée de la jeunesse de Raphaël
Type de date :
Date de création :
1503
Historiques de collection
Collection :
Peint en 1503 pour l'église San Domenico de Città di Castello pour la famille Gavari ; décrit par Giorgio Vasari dans l'église en 1556 ; acheté par le cardinal Fesch en 1818 ; estimé à 6000 scudi dans l'inventaire après décès du cardinal Fesch ; sa vente, Rome, 1845 ; acheté par le prince de Canino ; acheté à Rome par Lord William Ward (puis plus tard premier Earl de Dudley), 1847 ; acheté à sa vente par Ludwig Mond, 1892 ; cédé en héritage à la National Gallery de Londres, 1924.
Evénement :
Description du catalogue de 1845 :
Sur un rocher brunâtre, derrière lequel d'autres rochers moins sombres détachent leurs masses arrondies, s'élève le signe de la rédemption des hommes. Au delà du Calvaire, dans le fond d'une vallée baignée par un beau lac et protégée à droite et à gauche par de hautes montagnes dont les bases verdoyantes vont se perdre dans les eaux, la ville de Jérusalem semble se reposer des commotions et des agitations dont elle vient d'être le théâtre. Une douce clarté se répand encore sur toute la nature ; le soleil et la lune apparaissent à la fois, et la croix à laquelle le Christ est attaché tranche seule sur la pureté du ciel. Deux anges, soutenus dans l'air par de faibles nuages qu'ils touchent à peine de la pointe du pied, se tiennent, attristés et les ailes étendues de chaque côté du Christ, et recueillent dans des vases d'or le précieux sang qui coule du coté et des mains du rédempteur des hommes. Tous deux sont légèrement vêtus, l'un d'une robe verte, l'autre d'une robe jaune, serrées à la taille par de grands rubans noirs dont les extrémités voltigent autour d'eux. Aucune crispation de nerfs, aucune contraction de muscles, n'annoncent dans le Christ une mort violente ; il paraît au contraire sommeiller doucement sur l'instrument de son supplice ; sa belle tête couronnée d'épines, en s'affichant sur sa poitrine, est demeurée légèrement inclinée sur l'épaule droite ; touts les traits de son visage ont conservé leur aimable régularité. L'amour ayant été le seul mobile de ce grand sacrifice, le peintre n'a pas voulu, à côté de la reconnaissance qu'il doit inspirer, laisser de place à la pitié. Quatre personnages se trouvent sur le calvaire : les deux plus rapprochés de la croix sont Marie-Madelaine et Jérôme. Tous deux à genoux, ils ont les yeux élevés vers le Christ, et l'expression de leur visage annonce moins de désespoir que d'amour, moins de douleur que d'admiration. Une chevelure blonde, réunie par un ruban derrière sa tête d'où elle se répand avec grâce sur ses épaules, désigne assez celle qui, après avoir parfumé les pieds du Sauveur, les essuyait avec ses cheveux ; une tunique verte et un manteau jaune à reflets ponceaux forment tout le vêtement de la Madelaine. Saint Jérôme, la tête chauve et le visage orné d'une longue barbe blanche, n'a d'autre vêtement qu'une robe grise ouverte sur la poitrine et serrée à la taille par une ceinture rouge ; il tient une pierre dans sa main droite. Derrière ces deux personnages, Marie mère de Jésus et Jean le disciple bien aimé se tiennent, les mains jointes, absorbés dans la profonde méditation du mystère dont ils connaissent la cause. Une tunique rouge et un manteau bleu enveloppent la Vierge de la tête au pieds. Une tunique verte et un manteau rouge forment le vêtement de saint Jean dont les cheveux châtains flottent sur ses épaules.
Quand il est question d'aborder le prince de la peinture et d'analyser un de ses ouvrages, on ne saurait, généralement parlant, se tenir dans une trop grande circonspection, de peur que, malgré la recherche et le choix de ses expressions, on n'atteigne pas encore à la hauteur d'un talent si sublime. Mais c'est surtout à nous aujourd'hui que cette réserve est spécialement imposée, nous qui, forcé d'écrire à la hâte, n'avons ni le temps de mûrir notre jugement, ni celui d'émettre une opinion qui demanderait le moindre développement. Réduit à nous résumer sur toute chose, nous avons dû, même à l'égard de ce tableau, nous contenter d'être exact dans la description que nous en avons faite : heureux si nous avons réussi ! Notre tâche se bornait donc à prouver seulement son authenticité, chose facile, puisque les preuves abondent de tous côtés. En effet, nous avons pour autorités les hommes les plus recommandables parmi ceux qui ont écrit sur l'art : de ce nombre nous citerons d'abord Vasari, écrivain d'ailleurs fort véridique et d'autant plus compétent ici, qu'il est plus rapproché du grand siècle de la peinture, et que, par conséquent, il n'a pu parler q'avec une parfaite connaissance de cause des ouvrages des grands maîtres de cette époque. Voici comme cet auteur s'exprime au sujet de notre tableau dans sa vie de Raphaël qu'il publia environ trente ans après la mort de ce grand peintre : "Raffaello se n'andò con alcuni amici quoi a Città di Castello dove fece... in s. Domenico una tavola d'un Crocifisso, la quale se non vi fosse il suo nome scritto, nessuno la crederebbe opera di Raffaello, ma sibbene di Pietro". Sans rechercher tous les écrivains qui, après celui que nous venons d'entendre, ont parlé de notre tableau, recueillons ce qu'en rapporte à son tour M. Quatremère de Quincy dans son Histoire complète de la vie et des ouvrages de Raphaël, publiée de notre temps. Au sortir de l'école du Pérugin, dit M. de Quincy, Raphaël se hasarda, dans quelques-uns de ses ouvrages, à voler de ses propres ailes ; les tableaux qui furent le fruit de cette première tentative, bien qu'empreints encore du goût de l'école qu'il venait de quitter, en diffèrent cependant ; ce sont ceux qu'il fit à Città di Castello, au nombre desquels se trouvent celui de S. Nicola da Tolentino agli eremitani, et un Christ en Croix pour l'église de S. Dominique. Après avoir donné la description de ce dernier tableau, et fait remarquer qu'il se trouve dans la galerie du cardinal Fesch, le même auteur continue : "toutes les figures qui le composent, pourraient passer pour être des meilleures du Pérugin ; mais il faut en excepter la Vierge dont la beauté ne fut surpassée que par Raphaël lui-même dans ses derniers ouvrages."
Nous nous empressons maintenant de faire cette réflexion : si Raphaël, d'élève qu'il était sous le Pérugin, sortit tout à coup de son école le plus grand peintre de son siècle, les tableaux de sa première manière doivent être par conséquent en petit nombre, fort rares, et partant d'un immense intérêt pour l'art ; car s'il est important de constater par quelles sortes d'essais ce grand peintre préluda à ses ouvres immortelles, il n'est pas moins de pouvoir suivre dans leur marche rapide les progrès de son talent sublime. Sous ce double rapport notre tableau doit exciter l'envie des musées publics, et nous ne saurions trop exprimer le désir de voir les gouvernements saisir avec empressement l'occasion unique qui se présenter de faire une si heureuse acquisition. (Signé en lettres argentées.)
Sur un rocher brunâtre, derrière lequel d'autres rochers moins sombres détachent leurs masses arrondies, s'élève le signe de la rédemption des hommes. Au delà du Calvaire, dans le fond d'une vallée baignée par un beau lac et protégée à droite et à gauche par de hautes montagnes dont les bases verdoyantes vont se perdre dans les eaux, la ville de Jérusalem semble se reposer des commotions et des agitations dont elle vient d'être le théâtre. Une douce clarté se répand encore sur toute la nature ; le soleil et la lune apparaissent à la fois, et la croix à laquelle le Christ est attaché tranche seule sur la pureté du ciel. Deux anges, soutenus dans l'air par de faibles nuages qu'ils touchent à peine de la pointe du pied, se tiennent, attristés et les ailes étendues de chaque côté du Christ, et recueillent dans des vases d'or le précieux sang qui coule du coté et des mains du rédempteur des hommes. Tous deux sont légèrement vêtus, l'un d'une robe verte, l'autre d'une robe jaune, serrées à la taille par de grands rubans noirs dont les extrémités voltigent autour d'eux. Aucune crispation de nerfs, aucune contraction de muscles, n'annoncent dans le Christ une mort violente ; il paraît au contraire sommeiller doucement sur l'instrument de son supplice ; sa belle tête couronnée d'épines, en s'affichant sur sa poitrine, est demeurée légèrement inclinée sur l'épaule droite ; touts les traits de son visage ont conservé leur aimable régularité. L'amour ayant été le seul mobile de ce grand sacrifice, le peintre n'a pas voulu, à côté de la reconnaissance qu'il doit inspirer, laisser de place à la pitié. Quatre personnages se trouvent sur le calvaire : les deux plus rapprochés de la croix sont Marie-Madelaine et Jérôme. Tous deux à genoux, ils ont les yeux élevés vers le Christ, et l'expression de leur visage annonce moins de désespoir que d'amour, moins de douleur que d'admiration. Une chevelure blonde, réunie par un ruban derrière sa tête d'où elle se répand avec grâce sur ses épaules, désigne assez celle qui, après avoir parfumé les pieds du Sauveur, les essuyait avec ses cheveux ; une tunique verte et un manteau jaune à reflets ponceaux forment tout le vêtement de la Madelaine. Saint Jérôme, la tête chauve et le visage orné d'une longue barbe blanche, n'a d'autre vêtement qu'une robe grise ouverte sur la poitrine et serrée à la taille par une ceinture rouge ; il tient une pierre dans sa main droite. Derrière ces deux personnages, Marie mère de Jésus et Jean le disciple bien aimé se tiennent, les mains jointes, absorbés dans la profonde méditation du mystère dont ils connaissent la cause. Une tunique rouge et un manteau bleu enveloppent la Vierge de la tête au pieds. Une tunique verte et un manteau rouge forment le vêtement de saint Jean dont les cheveux châtains flottent sur ses épaules.
Quand il est question d'aborder le prince de la peinture et d'analyser un de ses ouvrages, on ne saurait, généralement parlant, se tenir dans une trop grande circonspection, de peur que, malgré la recherche et le choix de ses expressions, on n'atteigne pas encore à la hauteur d'un talent si sublime. Mais c'est surtout à nous aujourd'hui que cette réserve est spécialement imposée, nous qui, forcé d'écrire à la hâte, n'avons ni le temps de mûrir notre jugement, ni celui d'émettre une opinion qui demanderait le moindre développement. Réduit à nous résumer sur toute chose, nous avons dû, même à l'égard de ce tableau, nous contenter d'être exact dans la description que nous en avons faite : heureux si nous avons réussi ! Notre tâche se bornait donc à prouver seulement son authenticité, chose facile, puisque les preuves abondent de tous côtés. En effet, nous avons pour autorités les hommes les plus recommandables parmi ceux qui ont écrit sur l'art : de ce nombre nous citerons d'abord Vasari, écrivain d'ailleurs fort véridique et d'autant plus compétent ici, qu'il est plus rapproché du grand siècle de la peinture, et que, par conséquent, il n'a pu parler q'avec une parfaite connaissance de cause des ouvrages des grands maîtres de cette époque. Voici comme cet auteur s'exprime au sujet de notre tableau dans sa vie de Raphaël qu'il publia environ trente ans après la mort de ce grand peintre : "Raffaello se n'andò con alcuni amici quoi a Città di Castello dove fece... in s. Domenico una tavola d'un Crocifisso, la quale se non vi fosse il suo nome scritto, nessuno la crederebbe opera di Raffaello, ma sibbene di Pietro". Sans rechercher tous les écrivains qui, après celui que nous venons d'entendre, ont parlé de notre tableau, recueillons ce qu'en rapporte à son tour M. Quatremère de Quincy dans son Histoire complète de la vie et des ouvrages de Raphaël, publiée de notre temps. Au sortir de l'école du Pérugin, dit M. de Quincy, Raphaël se hasarda, dans quelques-uns de ses ouvrages, à voler de ses propres ailes ; les tableaux qui furent le fruit de cette première tentative, bien qu'empreints encore du goût de l'école qu'il venait de quitter, en diffèrent cependant ; ce sont ceux qu'il fit à Città di Castello, au nombre desquels se trouvent celui de S. Nicola da Tolentino agli eremitani, et un Christ en Croix pour l'église de S. Dominique. Après avoir donné la description de ce dernier tableau, et fait remarquer qu'il se trouve dans la galerie du cardinal Fesch, le même auteur continue : "toutes les figures qui le composent, pourraient passer pour être des meilleures du Pérugin ; mais il faut en excepter la Vierge dont la beauté ne fut surpassée que par Raphaël lui-même dans ses derniers ouvrages."
Nous nous empressons maintenant de faire cette réflexion : si Raphaël, d'élève qu'il était sous le Pérugin, sortit tout à coup de son école le plus grand peintre de son siècle, les tableaux de sa première manière doivent être par conséquent en petit nombre, fort rares, et partant d'un immense intérêt pour l'art ; car s'il est important de constater par quelles sortes d'essais ce grand peintre préluda à ses ouvres immortelles, il n'est pas moins de pouvoir suivre dans leur marche rapide les progrès de son talent sublime. Sous ce double rapport notre tableau doit exciter l'envie des musées publics, et nous ne saurions trop exprimer le désir de voir les gouvernements saisir avec empressement l'occasion unique qui se présenter de faire une si heureuse acquisition. (Signé en lettres argentées.)
Evénement :
Description du catalogue de 1841 :
Les figures sont moins grandes que nature. On a jugé superflu de décrire ici toutes les qualités qui brillent dans ce tableau, où l’on admire la belle entente de la composition, la noblesse des personnages, et la parfaite exécution de cette scène de douleur. Les artistes et les amateurs des arts savent, d’ailleurs, que cette sublime peinture fut exécutée par Raphael, pour la ville de Città di Castello.
Les figures sont moins grandes que nature. On a jugé superflu de décrire ici toutes les qualités qui brillent dans ce tableau, où l’on admire la belle entente de la composition, la noblesse des personnages, et la parfaite exécution de cette scène de douleur. Les artistes et les amateurs des arts savent, d’ailleurs, que cette sublime peinture fut exécutée par Raphael, pour la ville de Città di Castello.
Bibliographies / archives
Référence :
Inventaire après décès du cardinal Fesch, Archivio dei 30 notari Capitolini, ufficio 11, notaio Apolloni Augustus, anno 1839, vol. 611, 37 r. 600 r.
fol. 105 v. n° 497. Quadro in Tavola alto piedi otto, e mezzo, largo piedi cinque, e un sesto rappresentante Gesù Cristo in Croce con Due Angeli, e quattro Santi, di Raffaele Sanzio di Urbino di prima maniera, molto conservato Scudi Quattromila 4000 (...) fol. 499 v. Il quadro descritto sotto il n° 497 rappresentante Gesù Cristo in Croce con due Angeli, e quattro Santi di Raffaele Sansio di Urbino valutato Scudi Quattromila si aumenta di altri Scudi Duemila
Sources en ligne
Organisme :
Date de consultation :
28/07/2021
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Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) / Ville d'Ajaccio - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)