[1825, peinture, rapport Institut primitif 1]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1825, [...]
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Description
[1825, peinture, rapport Institut primitif 1]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1825, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
AUTEUR : Garnier, M.
TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par MM. les pensionnaires de l'École royale de France, par M. Garnier
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1825
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1825, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
AUTEUR : Garnier, M.
TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par MM. les pensionnaires de l'École royale de France, par M. Garnier
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1825
Descriptions
Transcription :
[f°1] Messieurs // Dans cette réunion solennelle où sous les auspices de S.M., l’Académie Royale des beaux-arts de l’Institut, vient distribuer les Grands Prix décernés par elle aux Élèves les plus dignes dans les concours ouverts aux arts libéraux, dont l’enseignement est soumis à sa haute surveillance il est un usage consacré, non moins intéressant, c’est celui de faire dans cette même journée un rapport général sur les ouvrages que les Pensionnaires à l’École de France ont envoyés de Rome, résultat de leurs études depuis l’année dernière ; afin que vous puissiez en appréciant leurs travaux et leurs progrès, leur adresser les observations de chacune de vos sections confirmées par l’assentiment de l’Académie entière. / Les éloges motivés que vous vous plaisez à accorder à ceux qu’une louable émulation a soutenue dans la carrière, les conseils obligeants et paternels faits pour relever le courage et pour éclairer ceux qui pourraient avoir été moins heureusement inspirés, sont pour eux d’un prix bien supérieur à ces distinctions des premiers concours. [f°2] Aucune sorte d’encouragement ne peut leur être comparé puisqu’en les recevant, les Pensionnaires se rappellent que ces avis ont été énoncés dans cette enceinte où leurs noms sont répétés devant un public éclairé qui daigne même [rayé : y applaudir ; mis à la place : joindre des applaudissements] en attendant vivement les nouvelles preuves qu’ils doivent présenter à leur retour dans cette mère patrie, [rayé : trois mots ill. ; mis à la place : où] d’utiles travaux et de glorieuses récompenses leur sont réservés. / Quelle plus belle carrière pourrait être ouverte aux élèves couronnés dans ces nobles concours qui pût égaler l’avantage de passer les plus précieuses années de la vie au milieu d’une terre classique où les merveilles de la nature rivalisent avec les plus rares chefs-d’œuvre de tous les âges pour offrir à chaque instant les plus grandes leçons qu’on ne pourrait trouver dans aucun autre lieu de la terre. / Rome autrefois la reine du monde, est encore aujourd’hui l’heureuse patrie des arts. C’est là seulement que le jeune artiste dégagé de toute sollicitude, prévenue dans tous ses besoins jouit de ce calme si nécessaire à l’étude [rayé : et à la méditation]. Les grands et immortels souvenirs dont il est environné élèvent son âme, agrandissent ses idées, étendent le cercle de ses connaissances ; dès lors les plus sublimes secrets des arts se manifestent à ses yeux. Rempli de ces hautes méditations, il ose interroger le génie des grands maîtres dont les chefs d’œuvres étonnent ses regards. Enfin, il parvient à la connaissance du vrai beau, de ce principe immuable du beau reconnu dans tous les siècles et qui doit toujours être le but et la fin que doivent se proposer ceux qui se consacrent au culte [rayé : des arts ; mis à la place : d’Apollon] et de Minerve. / Quelle témérité ne serait-ce pas de prétendre atteindre à la gloire et de penser en abréger le chemin, en abandonnant la route si difficile mais assurée de l’étude pour se précipiter dans l’arène [ajouté : des expositions] avant d’avoir acquis au moins un degré de talent suffisant pour oser y paraître. [f°3] Si parfois [ajouté : on voit] quelques-uns [rayé : trois mots ill.] de ces athlètes imprudents [rayé : deux mots ill.] obtenir une certaine attention, cette sorte de succès est de courte durée et n’est souvent due qu’à l’excès de la bizarrerie. L’appât trompeur d’une [rayé : un mot ill.] aussi périlleuse [ajouté : célébrité] ne saurait détourner la jeunesse studieuse de la carrière pénible mais honorable ouverte à ses constants efforts. / On peut sans doute dans les arts obtenir une juste célébrité sans passer par toutes ces épreuves. Il est une infinité de branches intéressantes auxquelles [ajouté : peuvent] se fixer [ajouté : avec assurance] ceux que leurs inclinations, leurs dispositions où leurs moyens ne portent pas à suivre la route longue et peu facile des concours. Car diverses branches ont-elles mêmes leur véritable mérite tout particulier, bien senti et bien reconnu de tous temps [ajouté dans la marge : mais il n’y faut pas moins une grande application. Plus leurs études sont restreintes à un seul objet, plus on est exigeant sur le travail et l’exactitude parfaite de l’imitation]. Leurs productions étant plus à la portée des fortunes privées lorsqu’elles sont louables trouvent facilement leur prix [rayé : trois mots ill.]. Le gouvernement qui étend sur tous les effets de sa munificence s’empresse de les employer à propos et sait donner à ceux qui s’y distinguent [rayé : des récompenses] des témoignages éclatants de sa royale protection. / Mais la peinture d’histoire, l’art du statuaire l’architecture monumentale, ne peuvent se soutenir seuls à un certain degré d’élévation que par les soins continus du gouvernement qui a le plus grand intérêt pour sa propre gloire de ne point les laisser souffrir et dégénérer puisque toutes les autres branches des arts les suivent de si près, et ne tardent point à s’égarer au premier signal de décadence. / C’est donc pour entretenir ce feu sacré que Louis XIV [ajouté : d’immortelle mémoire] fonda [rayé : deux mots ill. ; mis à la place : l’Académie de France] à Rome. Cette belle institution ne cesse de fleurir et l’on peut dire avec justice que c’est à elle que la France doit de s’être [rayé : un mot ill. ; mis à la place : soutenue] à ce degré d’honneur dans les arts dont elle jouit parmi les nations les plus éclairées. Cette école a reçu depuis sa création quelques extensions nouvelles. Les grandes scènes de paysage de notre immortel Poussin, les riches compositions de notre Claude Lorrain et autres qui ont agrandi cette belle partie de la peinture ont fait sentir la nécessité d’ajouter une place de pensionnaire pour l’étude du paysage historique dans ce pays si bien disposé par la nature pour offrir les sites les plus beaux et les plus nobles, comme les plus variés. / [f°4] Le désir de procurer aux jeunes musiciens qui se destinent à la composition, les moyens de se perfectionner en étudiant au sein de l’Italie les ouvrages de ses grands maîtres et la manière dont on sait les exécuter dans le pays même où ils ont été conçus, a fait aussi fonder une place de pensionnaire à Rome pour la musique. / Notre confrère M. Guérin chargé depuis trois ans de la direction de cet illustre établissement lui consacre les soins et la surveillance la plus assidue et déjà l’Académie a du applaudir à la marche sage et régulière des études et des élèves pensionnaires. // Peinture // Pour procéder à l'examen des ouvrages récemment arrivés de Rome, nous commencerons par le tableau de M. Dubois. C'est le dernier ouvrage obligé de ce pensionnaire à la fin de son temps. Le morceau que chaque peintre doit fournir dans sa dernière année de pension, est un tableau historique de sa composition, dont le sujet est à son choix, et cet ouvrage lui appartient. M. Dubois a représenté la mort de Manlius Capitolinus, précipité de la roche Tarpéienne. Il a pris ce sujet dans le récit de la dernière scène de la tragédie de Manlius par La Fosse. Ce serait peut-être ici l'occasion de remarquer que, lorsqu'on veut traiter un sujet dont le fait s'est passé dans le lieu que l'on habite, et dont le site est encore présent, il serait plus sûr de s'en rapporter aux auteurs classiques, aux annales du peuple chez lequel l'événement a eu lieu, que de s'appuyer sur une scène tirée d'une tragédie [rayé : ill. ; mis à la place : moderne]. Cependant la condamnation et le supplice de Manlius ont un intérêt bien moins touchant dans Tite-Live, que le dévouement de Servilius, qui, n'ayant pu son sauver son ami, vient partager son sort, en se précipitant avec lui du haut de cette roche fatale. On peut donc dire que le peintre [rayé : pouvait donc en s'autorisant du précepte d'Horace, ut pictora poesis ; mis à la place : avait le droit de] préférer le récit qui présentait une situation plus favorable au moyen de son art. Le groupe est bien conçu, Servilius, saisissant son ami dans ses bras, l'entraîne vers le précipice. Manlius s'abandonne à lui en tournant ses derniers regards vers le Capitole. Le mouvement de Servilius et l'expression touchante de sa tête conviennent bien au sujet ; le caractère en est [f°5] beau. Sa draperie blanche est largement peinte, et participe bien du mouvement déterminé par l'action. La toge brune de Manlius a des plis trop multipliés [rayé : égaux], qui se suivent avec trop de symétrie, sans éprouver aucun dérangement de la rapidité [rayé : ill. ; mis à la place : du mouvement.] Ce tableau offre peu de nu [rayé : le dessin ainsi que la forme] ; les figures, quoique d'une très-haute proportion, n'ont pas des formes assez senties, les contours n'en sont point assez prononcés. [rayé : on aurait désiré que le [ill.]]. Le fond est bien disposé, le ciel et le lointain sont largement traités. Les deux personnages principaux sont trop isolés, les garder, faiblement indiqués, ne concourent point [rayé : à l'effet ; mis à la place : au sujet]. Cet ouvrage néanmoins mérite de justes éloges sous beaucoup de rapports. Mais si une critique rigoureuse paraissait désirer un peu plus de force dans le caractère du dessin, faudrait-il en accuser les études plus gracieuses que profondes des premiers envois de M. Dubois, auteur d'un charmant tableau de Daphnis et Chloé, et de ce jeune Chevrier si naïvement représenté ? [ajouté dans la marge : on regrette de ne point retrouver la belle exécution de sa figure de Clovis] La Mort d’Hippolyte, par M. Court, est son troisième envoi. Cette figure est d'un beau jet, le développement en est hardi, le dessin a de l'assurance et du grandiose. Avec de si belles qualités ce tableau a [rayé : un ; mis à la place : certain] aspect blanchâtre qui ne laisse point assez briller les lumières des chairs. On ne saurait assez inviter les jeunes peintres à s'appliquer à l'entente de l'effet. Il est hors de doute que si M. Court eût fait plus d'attention aux moyens qu'il pouvait employer, pour donner à l'effet de sa figure la valeur dont elle était susceptible, il n'eût pas opposé à des chairs extrêmement claires, [rayé : 3 lignes ill.] [ajouté dans la marge : une draperie d'un blanc morne et qui n'a pas de masses d'ombres assez puissantes]. C'est dans ces sortes de rencontres que les conseils sages et désintéressés d'un homme qui joint le talent à l'expérience sont d'une grande utilité. Un seul avis du directeur eut épargné bien de la peine ! (Mais comment ne pas se flatter qu'une fois arrivé à Rome, on n'a plus besoin de conseils ?) Il aurait pu rencontrer une meilleure forme de char [ajouté en dessous au crayon : les accessoires sont mal agencés] [f°6] dans plusieurs bas-reliefs antiques, où se trouvent même des chars renversés. Malgré ces observations, c'est avec une grande satisfaction que l'on remarque dans cette figure d'étude, des parties exécutées avec un grand soin, d'une manière large et franche : la tête, la poitrine, et les passages des hanches méritent de justes éloges. M. Court peut se convaincre que, chez les grands maîtres, le moyen de faire brillant consiste moins dans l'emploi des tons les plus blancs qui sont sur la palette, que dans l'opposition des teintes vigoureuses des draperies et des accessoires qui doivent soutenir l'effet total, en même temps qu'ils sont nécessaires au sujet. / M. Debay a pris pour motif de son premier ouvrage Miltiade mourant en prison. Le vainqueur de Marathon est un grand exemple de l'inconstance de la faveur populaire ! N'ayant pas réussi dans l'expédition contre l'île de Paros, il fut condamné à payer les frais de l'équipement de la flotte ; [rayé : n'ayant ; mis à la place : et sans] aucun moyen de payer une somme aussi forte, il fut mis en prison, et y mourut de la suite des blessures qu'il avait reçues en combattant sous les murs de Paros. Un sujet d'un intérêt aussi profond, ne peut être rendu complètement par une simple figure d'étude académique ; aussi ne doit-on pas s'y arrêter ici sous le rapport de la composition ; on pourrait seulement trouver que l'auteur aurait dû s'en pénétrer davantage, sentir combien il lui importait de donner à ce grand homme une attitude plus digne et plus imposante ; que sous le rapport de l'étude (qui est le point essentiel), il fallait obtenir un beau développement. L'aspect du tableau est bon, le dessin est grand et soutenu, la couleur riche, forte et harmonieuse ; l'exécution est moelleuse et large. La tête de donne pas assez l'idée de Miltiade. [ajouté dans la marge : antique au Capitole] Le corps et le bras droits sont bien peints. On entrevoit à peine les extrémités inférieures, perdues dans une masse d'ombre trop forte. C'est une idée très ingénieuse de faire apercevoir le haut de la citadelle d'Athènes à travers les grilles de cette prison. Avec une main aussi exercée, une intelligence aussi heureuse de la peinture, on ne serait point excusable de négliger ce qui tient essentiellement à la pensée. / La figure de M. Bouchot est d'une bonne intention. L'idée de présenter le premier homme dans le Paradis Terrestre, au moment où il commence à sentir [f°7] l'existence, est un motif heureux pour une belle figure nue. L'auteur [rayé : ill. ; mis à la place : a suivi le récit] de Milton, liv. VIII. Adam est étendu sur l'herbe fleurie, les yeux dirigés vers le ciel. La tête est bien peinte, et exprime le sentiment d'extase qu'il éprouve ; une vapeur céleste l'environne. Le corps est largement peint, la couleur est vraie et suave. On remarque un peu de maigreur dans l'avant-bras et la main qui pose sur la terre. La main gauche, pressée sur le cœur, est bien indiquée et bien peinte, mais un peu forte ; les jambes et les pieds laissent à désirer pour la pureté des formes. Le paysage est [rayé : bien ; mis à la place : agréablement] disposé et d'une touche [rayé : assez] ferme. Dans ce premier ouvrage fait à Rome par M. Bouchot, on doit lui accorder des éloges pour les progrès marqués qu'il a faits. Son entreprise était d'autant moins facile qu'elle exigerait une science, et une grandeur de dessin capable de rendre toute la beauté primitive de l'homme, sortant des mains du Créateur. Nous insisterons sur ce que ces nouveaux pensionnaires n'ont point joint à leur envoi les esquisses demandées par les règlements. Il est très-important pour eux de ne point négliger à s'exercer à la composition, et de prouver qu'ils savent profiter des grands et beaux exemples qu'ils trouvent à Rome. / Études de Paysage historique / M. Rémond a terminé son temps de pension. Il a envoyé deux tableaux de paysage. Le premier est une Vue simple, prise d'après nature à Rieti, et présente le Couvent des Capucins. Il faut autant que possible, lorsqu'on choisit un site, le prendre intéressant (et dans les campagnes de Rome, on n'a que l'embarras du choix). Il serait difficile de reconnaître ce qui peut avoir fait donner la préférence, à cette vue d'un lieu qui n'offre rien de remarquable par les lignes de fabriques. [ajouté dans la marge : d'une mauvaise forme] On n'y voit que peu d'arbres, épars et d'une forme [rayé : ill. ; mis à la place : peu pittoresque] ; les lointains, vides et nus, [rayé : ill. ; mis à la place : n'ajoutent point à l'effet]. Mais le talent sait tirer parti de tout ! On trouve dans ce tableau un ton local [rayé : soutenu], le ciel a beaucoup de finesse. L'exécution est franche et la touche hardie : cependant l'artiste, étant maître de son sujet, ne doit jamais perdre de vue, qu'il faut toujours qu'un ouvrage, [ajouté dans la marge : de quelque genre qu'il soit], offre de l'intérêt, et par son motif, et par ses détails. Un tableau plus considérable et d'une vaste conception accompagne celui-ci. C'est une composition riche, offrant de grands effets. [f°8] L'auteur a pris pour sujet, la Terreur de Caïn après avoir tué Abel. Le [rayé : paysage ; mis à la place : site] est escarpé et sauvage, un torrent qui se précipite entre des rochers arrête le meurtrier dans sa fuite ; le ciel est obscurci par des nuages épais que déchire la foudre. Cette donnée est grande, et fournit un beau sujet de paysage historique ; mais ce ne serait pas assez si chacune des parties du tableau ne rappelait pas l'étude de la nature, et si la vérité de l'imitation ne captivait pas les regards du spectateur. Quand on a le bonheur de trouver un [rayé : sujet ; mis à la place : motif] aussi favorable, il faut bien s'en pénétrer et en remplir toutes les données. Les épais nuages dont le ciel est chargé n'ont pas assez de transparence et de profondeur ; ils [ajouté au-dessus au crayon : sont lourds] ne laissent point entrevoir d'horizon : les arbres au lieu d'être dans toute leur force et dans toute leur beauté native, paraissent dégradés, et semblent déjà avoir subi les effets de la cognée (ce qui ne pouvait être à cette époque de l'origine du monde.) On retrouve avec satisfaction la main habile et sûre de M. Rémond ; mais on ne saurait trop l'inviter, dans la belle carrière qu'il est destiné à parcourir, à s'attacher de plus en plus à la nature et à la vérité. L'Académie doit rappeler ici aux élèves qui ont l'avantage d'être envoyés à Rome pour se livrer à l'étude du paysage historique, ce qu'il leur importe de bien étudier. Les beaux sites, les grandes lignes bien développées, enrichies de beaux monuments, de grandes et imposantes fabriques, de Précieux Restes de l'antiquité. Ces beaux arbres d'une forme grande et majestueuse dont la cime intacte, atteste l'âge et la dignité. Ces immenses groupes de Montagnes fièrement découpées sur un ciel si pur ! Comment ces merveilles ravissantes et dont l'Italie offre des modèles si multipliés et si variés n'inspireraient-ils pas ces jeunes artistes ? Ou redoutent-ils de s'y exercer ? En effet ces sortes de tableaux demandent de [rayé : grandes ; mis à la place : profondes] connaissances acquises, et beaucoup de soins. On se laisse entraîner à produire promptement et aisément, Et des ouvrages de cette importance ne se font pas avec autant de facilité. [...] [f°12] Pour vous jeunes élèves qui allez retrouver avec joie vos anciens émules dans cette célèbre patrie des arts, ou les bienfaits du gouvernement vous attendent, l’Académie au moment de vous couronner, vous adresse ici ses dernières instructions. Bien que l’espace de 5 années de pension qui vous sont accordées soient un assez long terme dans le cours de la vie, songez que le temps fuit rapidement et que ce terme est bien court pour celui qui sent fortement tout ce qu’il lui importe de faire, pour rentrer avec [rayé : ill. ; mis à la place : distinction] dans sa patrie. Attachez-vous avec assiduité à des études sérieuses et profondes, elles vous assureront un talent durable. Ne vous laissez point éblouir par l’apparence de quelques succès éphémères et anticipés d’une vogue factice qui n’ont pour mobile que les faux calculs de petits intérêts peu dignes de vous. Que l’honneur seul soit toujours votre guide. Votre sort en Italie est assez généreusement assuré par la munificence royale. Rappelez-vous que les hommes qui ont illustré notre école, allaient recueillir les trésors de l’étude, et s’y préparaient en silence des moyens de se faire dignement connaître. L’arrivée d’un pensionnaire et son premier ouvrage à son retour à Paris étaient désirés, ce début faisait époque, son nom jusque-là connu seulement de ses maîtres et de ses rivaux éclatait tout d’un coup pour ne plus être oublié. / Des temps peu favorables aux arts et dont nous avons éprouvé toute la pénible influence sont déjà loin de nous. Heureux de vivre dans cette belle France, d’y goûter les douceurs de la Paix, sous un roi dont les hautes vertus et les qualités précieuses inspirent le respect et l’amour, jeunes élèves suivez l’ardeur qui vous amène, songez qu’en vous réside l’espoir de la Patrie, qu’un jour vos nobles travaux, en soutenant la Gloire des arts, devront donc immortaliser le règne fortuné de Charles X qui en est le protecteur et le père.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Académie des beaux-arts, 5 E 16
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1825, peinture£ Notice créée le 23/05/2002. Notice modifiée le : 10/03/2017. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé