Plaque de croix avec figure d'applique : Christ crucifié
State Art Collection
Plaque centrale provenant d’une croix processionnelle composée, à la croisée en mandorle. Dix-huit perforations de fixation, dont neuf sont bouchées par des pierres turquoise (ajouts modernes).
Au centre, figure d’applique de Christ clouée au bois de la croix émaillé de vert et ponctué de quelques disques dorés en réserve. Le Christ, souffrant, la tête penchée à gauche, les yeux fermés, est coiffé d’un nimbe crucifère polychrome ; ses bras, très longs, sont étirés et son corps dessiné par des traits marqués : sternum en trois lignes, cage thoracique étroite, épigastre à trois sillons. Le périzonium, serré par une ceinture au décor gravé, est parcouru de plis descendants vers le bas. D’après M.-Madeleine Gauthier (notes manuscrites), cette applique date du XIXe siècle.
Au-dessus de la tête du Christ, Dextera Domini sortant d’une nuée et titulus inscrit sur un bandeau en réserve. Aux pieds du Crucifié, reposant sur un suppedaneum bleu clair ponctué de rouge, silhouette en réserve d’Adam ressuscitant du tombeau. Les mottes en flammèches polychromes juste en dessous évoquent le Mont Golgotha.
La plaque est délimitée par une bordure tricolore (bleu moyen et clair, blanc), entourée de deux filets dorés en réserve. Le fond bleu est parsemé de quatre jolies rosettes et disques polychromes.
La plaque appartient à une série de croix réalisées entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, processionnelles et composées, à la croisée en mandorle et aux empattements trilobés, revêtues de plaquettes émaillées et agrémentées de figures d’appliques. Les exemplaires d’Aix-la-Chapelle, Suermondt-Ludwig-Museum, de Londres, Victoria and Albert Museum, inv. M. 748 – 1891 et du musée national d'Islande de Reykjavik, inv. Þjms 7032 sont ceux stylistiquement les plus proches de la plaque présentée ici.
Dans son article de 1987, Frey-Stecowa (voir champ Bibliographie) émet des doutes sur l’authenticité médiévale de l’œuvre, notamment en raison de l’inversion du titulus (IPS XHS au lieu de IHS XPS). Suite à une étude approfondie effectuée en 1993, Marie-Madeleine Gauthier attribue la plaque à un atelier limousin actif entre 1190 et 1215 en précisant que les erreurs dans les inscriptions sont fréquentes. D’après la fondatrice du Corpus seul le Christ d’applique et les neuf pierres turquoise dateraient du XIXe siècle. L’auteur de la copie dut observer avec attention des exemplaires médiévaux, car l’applique présente en tout point (visage, chevelure, anatomie) les caractéristiques spécifiques des Christ limousins, comme le confirme la comparaison avec les croix citées ci-dessus.
En raison de ces observations, la plaque est datable dans la première décennie du XIIIe siècle. Pour la figure d’applique, en revanche, seul un examen direct permettrait d’en dire davantage.
Bon état de conservation général. Lacunes des émaux, notamment aux extrémités supérieure et droite.
Plaque
Applique ?
Coll. Z. Konopka (Varsovie) ; acquis en 1967
Item 141
p. 21
Item 152