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[1882, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de peinture de 1882TYPE : rap [...]

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02/12/2021 10:46 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1882, peinture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport sur les envois de peinture de 1882
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Meissonier, Ernest
PAGE DE TITRE : Séance du 8 juillet 1882. M. Meissonier, au nom de la section de peinture, donne lecture du rapport sur les envois de Rome de 1882
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 08/07/1882
COMMENTAIRE : Les archives de l'Académie de France à Rome (carton 101, f° 95-99) présentent une version manuscrite conforme au rapport du procès-verbal.
Descriptions
Transcription : 
[p. 555] M. Chartran, quatrième année / Une vision de saint François d'Assise. Dans ce tableau la figure décharnée, ardente, intelligente du saint François est absolument remarquable. Son jeune compagnon étendu sur la paille continue de dormir et lui se soulève et regarde fixement, passionnément, la sereine et charmante figure, transfigurée par le soleil, d'un berger adolescent entrant dans l'étable en jouant du zampogne. La figure du jeune frère dont la vulgarité est en opposition avec celle du saint est excellente. Il est impossible de dormir de meilleur coeur et plus innocemment. Les moutons qui vont boire à l'auge sont bien rendus et l'endroit où se passe la scène est franchement choisi. [p. 556] Tout est à sa place, mais dans un sens tout moderne et tout réaliste, sans trivialité cependant. Mais est-ce bien dans ce sens qu'il fallait traiter la figure de saint François d'Assise et convenait-il de représenter ce saint si profondément, si absolument croyant comme étant le jouet d'une hallucination ? L'expression que lui a donné M. Chartran, si saisissante, si impressionnante qu'elle soit, est-ce bien celle qu'il fallait lui donner ? Il semble que dans l'expression de ce saint " dont la vie, dit la légende, n'était qu'une longue extase " l'étonnement ne doit pas trouver place et qu'il ne peut y avoir que le ravissement et l'adoration. En prenant saint François pour sujet, M. Chartran a imaginé une sorte d'apparition dont il n'est question nulle part dans la vie et voulant concilier le surnaturel et la réalité, il a fait que cette apparition ne peut inspirer au spectateur le même sentiment qu'au personnage du tableau, pour celui-ci c'est une apparition divine, pour celui-là ce n'est qu'un berger et l'auréole qui pour le saint est la marque du surnaturel pour le spectateur, n'est autre chose que le rayon du soleil qui se jouant dans les cheveux blonds les illumine. M. Chartran a rencontré là, dans son interprétation un écueil qu'il n'a pu éviter et n'ayant pas osé aborder franchement son sujet dans un sens ou dans un autre, il est resté indécis sans pouvoir satisfaire pleinement ni le sentiment religieux, ni le sentiment contraire, flottant en quelque sorte entre un tableau de genre et un tableau de style. Il faut se garder de ces interprétations doubles : l'artiste doit entraîner avec lui dans le même sentiment celui qui regarde son oeuvre, et il ne lui a pas permis de le faire de telle sorte qu'on puisse se demander dans quel sens elle a été conçue comme nous venons de le dire, par cette auréole que les peintres ne mettent jamais qu'aux figures divines ou saintes, le miracle est affirmé en même temps que tout le reste du tableau semble le démentir. Certes le sujet était beau. Peu de figures [p. 557] sont aussi pleinement intéressantes que cette figure de saint François d'Assise, vraiment adorable par sa pureté, sa simplicité dans son ardente foi. Il devait connaître cet amour intense de la divinité qui chez le saint s'épandait sur toutes les créatures et lui faisait appeler les oiseaux " mes frères " comme il disait : " mon frère le loup " au loup qui faisait la terreur d'Agubbio. S'il avait représenté le saint en extase devant une apparition divine et non douteuse il eut composé un maître. Croire à son sujet et l'aimer est la première condition pour composer ainsi, autrement on se condamne à ne créer que des oeuvres secondaires et ne pouvant passionner. Ces observation doivent prouver à M. Chartran tout l'intérêt que l'Académie a pris à son tableau dont elle se plaît à louer les qualités nombreuses, si elle lui donne un avis sur la conception, elle n'a que des éloges à donner sur l'exécution. Ainsi qu'elle l'a dit en commençant, la figure du saint est remarquable, celle du frère endormi est excellente et celle du berger est très bien aussi, malgré que l'on puisse regretter le dessin des jambes entièrement coupé, bien qu'il soit incontestable que leurs proportions soient justes, cette fâcheuse interruption qui oblige à les raccorder fait hésiter sur leur vraie longueur. M. Schommer, troisième année : 1° Une copie de la madone, 2° une esquisse, la résurrection de Lazare. L'Académie tout en louant M. Schommer d'avoir choisi pour le copier le beau tableau de Raphaël voudrait pouvoir lui donner un éloge complet. Elle a le regret de ne pouvoir le faire. Cette copie semble faite à la hâte, sans beaucoup de scrupule et sans chercher à s'approcher du maître, ni dans le dessin ni dans la manière de peindre. On ne devrait pas oublier que cette copie est exigée surtout comme étant un objet de profonde étude et que celui qui choisit ainsi un maître, le recherche parce qu'il l'aime et qu'en l'étudiant il veut s'en pénétrer davantage et s'efforcer de percer ses secrets. L'esquisse de la résurrection de Lazare est aussi bien loin de mériter des éloges, bien au contraire : il est [p. 558] vraiment fâcheux qu'au bout de trois années d'études en présence des plus grands maîtres on soumette à l'Académie une composition dont on ne pourrait faire un bon tableau. M. Schommer paraît s'être inspirée de Giotto pour la figure du Lazare entouré de bandelettes. Mais à ce détail paraît s'être arrêté son inspiration. Il n'a rien compris à la grandeur si saisissante du sujet, aucun personnage n'indique d'émotion ; ils ne sont même pas pittoresquement [sic] disposés. M. Bramtot, deuxième année ; un tableau : la Compassion. L'aspect du tableau est terne et froid. Quoique peint dans une gamme claire il est sans lumière et sans aucune espèce de relief, cela tient à son exécution, petite et maigre. Il faut reconnaître cependant que dans certaines parties il y a une étude consciencieuse et que le dessin dans ses détails est recherché. En somme ce tableau ne paraît pas être le résultat des fortes études que l'on doit faire en Italie. Loin d'être impressionné par la netteté, la fermeté, la beauté enfin de la nature au milieu de laquelle il vit, M. Bramtot semble ne pas la regarder et avoir les yeux tournés d'un autre côté. Il paraît plutôt préoccupé de la manière dont tel ou tel autre interprète la nature que de la copier et de la copier avec sincérité et d'une manière qui lui soit propre. M. Doucet, première année : 1° Une figure peinte Agar. 2° un dessin d'après Benozzo Gozzoli au Campo Santo de Pise. L'aspect de la figure peut être bon, elle gagnerait en réduisant le fond dont on a abusé. Le dessin de la tête est insuffisant et bien qu'il soit possible de louer dans certaines parties le galbe des bras, le dessin général est loin de présenter des lignes heureuses. Les dessins d'après Benozzo Gozzoli ne sont pas suffisants et ne remplissent pas les conditions exigées : " un dessin d'après les grands maîtres de deux figures au moins ". Il est fâcheux que M. Doucet qui est en outre en retard pour son dessin d'après l'antique ait jugé que ces quatre têtes constituaient une étude suffisante et surtout [p. 559] qu'il ait été en les copiant, plus préoccupé de faire preuve d'un procédé soi-disant habile que d'une scrupuleuse étude.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 16, p. 555-559
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1882, peinture£ Notice créée le 18/06/2002. Notice modifiée le : 18/10/2018. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter