Skip to main content

[1811-1813, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport de l'Institut sur les envois de 1811, e [...]

Statut
Publiée
Contributeur
system
Dernière modification
02/12/2021 10:47 (il y a environ 3 ans)
Type de document
Description
[1811-1813, peinture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport de l'Institut sur les envois de 1811, examinés en 1813, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Lebreton, Joachim
PAGE DE TITRE : Séance du 24 avril 1813 //
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 24/04/1813
COMMENTAIRE : Il s'agit de l'examen des envois 1811 arrivés à Paris le 28 septembre 1812 et dont l'Académie des beaux-arts indique, dans la séance publique annuelle du 3 octobre 1812, qu'elle en diffère le jugement à l'année 1813. Ce rapport n'analyse pas les envois d'Odevaere (Iphigénie) ni d'Heim (Remus et Romulus).
Descriptions
Transcription : 
[p. 35] Au nom d'une commission, il est fait [lecture du rapport] sur les derniers ouvrages en peinture de M.M. les pensionnaires de l'Ecole de Rome, ainsi que sur les dessins des mêmes pensionnaires et en gravure. Les rapports suivants sont adoptés. // [p. 39] Trois seuls tableaux ont été soumis à/ l'examen de votre commission. // 1° un Ajax par M. Langlois. // 2° un Bacchus par M. Guillemot. // 3° une étude représentant un adolescent près d'une fontaine par M. Drolling. // Il serait à souhaiter que l'on put ne considérer le tableau de M. Langlois que comme une simple figure d'étude; le mérite qui distingue l'ouvrage appartient plus particulièrement à ce genre de peinture, et sous ce rapport, il satisfait aux conditions imposées aux peintres pensionnaires de l'Académie. Mais, en désignant d'une manière positive un sujet que lui-même a choisi, [p. 36] l'artiste a pris un engagement que son tableau et les avantages dont il jouit aujourd'hui, lui permettraient de mieux remplir. Le tableau de M. Langlois n'offre aucun des caractères du sujet indiqué: ce n'est point Ajax, dont le courage téméraire triomphe des éléments en furie, et ose défier même les Dieux. C'est un soldat qui cherche à se sauver du naufrage, en suppliant le Ciel de le secourir. L'attitude, les formes, l'expression, ne présentent ni noblesse ni fierté. // Il a paru nécessaire de relever ces inconvenances afin que les [ajouté: jeunes] artistes ne s'accommodent pas à donner trop légèrement à de simples études les noms imposants des héros de l'Antiquité. On a dit, cependant, qu'il y a un mérite réel dans cet ouvrage. En effet, la figure a beaucoup de relief, le dessin et la couleur en sont très vrais, elle est peinte avec un grand soin, les muscles et les plans bien étudiés, mais la manière de faire en est un peu sèche et peinée. Aussi, tout ce qui exige une création vive et brillante est peu satisfaisant dans le tableau de M. Langlois. // 2° un Bacchus au repos, par M Guillemot. / Ce tableau de deux figures présente quelque chose de grand et de simple au premier coup d'œil, la composition en est heureuse, mais elle offre des réminiscences trop visibles, le dessin n'est pas sans noblesse, et la couleur quoique monotone, a de la vérité. On remarque dans l'exécution, quelque chose de laineux, dont on ne peut comprendre ni l'objet, ni pour ainsi dire les moyens. Les détails assez importants en eux-mêmes sont peints avec trop peu d'adresse et de soin. Au lieu de se borner à une seule figure académique, M. Guillemot a entreprit un tableau, on doit louer son zèle sans négliger de faire observer cependant, que l'étude est le but principal des ouvrages que Mrs les pensionnaires doivent envoyer annuellement et que celui dont nous parlons laisse beaucoup à désirer à cet égard. // 3° un adolescent près d'une fontaine par M. Drolling. L'auteur avait montré, dans le tableau sur lequel il remporta le prix, de l'aptitude à la couleur, du goût [p. 37] et de la facilité dans l'exécution. On devait penser que l'étude des grands modèles qui l'attendait à Rome, en développant ces heureuses qualités donnerait à son tableau un caractère plus historique. Nous avouons à regret que son ouvrage ne justifie pas encore cet espoir, il pourrait même faire craindre que M. Drolling ne négligeât les premiers avantages dont la nature semblait l'avoir doué. En effet, dans cette étude, la couleur manque de transparence, l'exécution est un peu pesante, et le dessin, assez vrai, nous a paru trop pauvre. Cependant, le paysage est ingénieux, et agréablement coloré. Nous avons remarqué dans l'ensemble une prétention à la naïveté et à l'emploi des moyens les plus simples. On a déjà signalé cette manie qui consiste à se priver d'une partie des ressources de l'art pour mieux imiter, non pas la nature, mais les essais qui nous restent des premiers temps de la Renaissance, ou les plus anciens monuments de l'Antiquité, essais recommandables sans doute et dignes quelquefois de notre admiration, mais qu'il n'appartient qu'à des esprits faux et bornés de préférer aux chefs-d'œuvre qui les ont suivis. Les dispositions et les talent même que ces pensionnaires ont montrés, et que nous nous plaisons à rappeler, doivent faire espérer qu'ils sauront se garantir des défauts et des dangers que nous venons d'indiquer. // M. Guillemot a joint à l'envoi de son tableau, dont nous venons de parler, un dessin de sa composition, il représente Ulysse combattant les poursuivants de Pénélope. La confusion qui règne dans cette composition est telle qu'il faut beaucoup d'attention pour reconnaître le sujet et ce n'est qu'avec la plus grande peine qu'on parvient à apercevoir les personnages principaux qui peuvent le rappeler à la pensée. Ulysse et Télémaque relégués au dernier plan, privés de toute noblesse et presque entièrement cachés par ce qui les entoure, ne paraissent que des personnages subalternes, tandis que les premiers plans de la scène sont occupés par une multitude de figures entassées sans goût, comme sans motif apparent, sans même aucune intention d'effet pittoresque, et qui prouvent seulement en faveur de la mémoire de M. Guillemot. [p. 38] Sans doute un sujet, tel que celui dont il est ici question, exige un grand mouvement dans la composition, et même une espèce de désordre, mais dans les productions des arts le jugement et le goût doivent présider même au plus grand désordre apparent, qui alors est un effet de l'art. M. Guillemot semble avoir méconnu ou perdu de vue ce principe, avoué par tous les bons esprits, son ouvrage, bien que présentant quelques parties de détails assez bien exécutés, est entièrement privé d'effet et pèche également contre toutes les convenances de l'art et de celles du sujet. Nous avons parlé avec sévérité des ouvrages de M. Guillemot, mais nous devons dire aussi que cet artiste nous paraît avoir des moyens qui mieux dirigés, le mettront à portée de se montrer avec plus de succès à l'avenir, et nous nous plaisons à le louer de s'être occupé de l'art de la composition constamment objet de l'étude des grands maîtres, et que nous devons croire négligé par plusieurs des peintres pensionnaires actuels puis qu'ils n'ont pas mis la classe à portée de leur faire connaître son avis sur des productions du même ordre que celle de M. Guillemot. [...] [p. 39] // Adopté à l'unanimité dans la séance du 24 avril 1813. [signé] J. Le Breton, secrétaire perpétuel.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 5
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1813, peinture1£ Notice créée le 09/07/2002. Notice modifiée le : 28/02/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé