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[1818, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de Rome de [...]

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Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a presque 3 ans)
Type de document
Description
[1818, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de Rome des pensionnaires en peinture, 1818
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages de peinture, sculpture, architecture et composition musicale. Lu à la séance publique de l'Académie royale des beaux-arts, du 3 octobre 1818, par M. Garnier
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 03/10/1818
SOURCE : Leniaud, 2002, p. 527
Descriptions
Transcription : 
[p. 525] Messieurs, Le monarque puissant et magnifique dont le nom est devenu celui de son siècle, Louis XIV, avec lequel la nation française s'est élevée au rang des plus célèbres nations de l'univers, au milieu de ses triomphes, s'occupait aussi de [p. 526] faire fleurir les lettres, les sciences et les arts. Environnés du cortège des grands hommes dont les noms et les ouvrages ajoutaient à l'éclat de son règne, il les associait en quelque sorte à sa gloire par les honneurs dont il les comblait ; mais peu satisfait de répandre encore sur eux ses bienfaits, ce prince voulut de plus assurer aux jeunes élèves qui devaient leur succéder, les moyens d'acquérir et de développer des talents qui pourraient les faire appeler dans les rangs de leurs maîtres. Des prix furent fondés avec une munificence dont jusque-là aucun souverain n'avait donné l'exemple. / Une des plus belles institutions fut celle d'une École royale de France dans la ville de Rome en faveur des peintres, des sculpteurs et des architectes. Le Brun que ses innombrables ouvrages et surtout ses tableaux de l'histoire d'Alexandre ont mis au nombre des plus grands maîtres, ayant fait lui-même ce voyage, en avait senti toute l'importance. Il fit naître l'idée de cet établissement, aussi utile qu'honorable pour les artistes et pour la nation elle-même. Cette royale protection ne s'est point ralentie sous aucun des successeurs de Louis XIV. L'Académie des beaux-arts de l'Institut, toujours été attentive à tout ce qui peut contribuer aux progrès des jeunes artistes, a sollicité et obtenu du gouvernement des places de pensionnaires pour la composition musicale, pour tous les genres de gravure alternativement et dernièrement pour la peinture de paysage. Cette extension ajoute à la reconnaissance que l'Académie doit à la bienveillante protection de S. M. Louis XVIII et rend l'École de France à Rome, par son complément, sa belle situation et la dignité de sa tenue, le plus bel établissement de ce genre qu'il y ait au monde. / Les pensionnaires n'ont d'autre soin et d'autre but que de rechercher parmi les innombrables trésors que Rome ancienne et moderne peut leur offrir, tout ce qui se rapporte le mieux au sentiment qui les anime. Ils doivent recueillir pendant leur séjour tous les matériaux possibles, suivant l'art auquel ils se sont voués, afin qu'à leur retour ils puissent se montrer dignement dans leur patrie, obtenir le juste suffrage du public éclairé et mériter l'éclatante protection et les honneurs réservés aux vrais talents. / Les seules obligations qui leur soient imposées sont de prouver, chaque année de leur pensionnat, par des études particulières, les progrès qu'ils font dans leur art. L'Académie, en recevant leurs ouvrages, nomme des commissions pour les examiner ; c'est l'ensemble des rapports des différentes sections que je vais avoir l'honneur de vous faire connaître. L'étude principalement obligée pour les peintres est une figure nue exécutée d'après nature, dont le motif est à leur choix. Depuis longtemps, une bien louable émulation a porté les élèves à faire de ces études de véritables tableaux ; souvent l'Académie n'a eu qu'à applaudir au noble zèle qui anime ces jeunes émules. Les fonds, les accessoires, les effets de clair et d'ombre, tout y est extrêmement recherché : mais parfois aussi le désir de produire quelque chose d'extraordinaire fait perdre de vue le but essentiel de cette étude. [p. 527] L'Académie désire, avant tout, trouver dans ces sortes d'ouvrages, la science du dessin, la connaissance de l'anatomie, la pureté et le bon choix des formes convenables à l'âge et au caractère de la figure que l'artiste a choisie pour sujet. Elle veut y reconnaître une couleur vraie et brillante, donnée par la lumière d'un jour pur et franc, dont les effets simples par le seul accord des clairs, des demi-teintes et des ombres fassent ressortir toutes les saillies et tous les plans. Elle aime aussi qu'un pinceau large et facile, alliant la grâce à la fermeté, lui présente les objets modelés avec cette justesse que le sentiment et le génie seuls peuvent inspirer. Comment ces conditions pourraient-elles se rencontrer dans une figure surchargée de draperies ou d'accessoires qui dérobent les articulations les plus intéressantes, si l'effet d'une lumière fantastique vient éclipser la teinte vraie de la nature, si des masses d'ombres imprévues font perdre des détails précieux qu'une étude plus sage aurait dû offrir ? C'est donc un devoir pour nous d'inviter les peintres à se pénétrer de l'idée que cette figure ne doit point être une composition hasardée ni un tableau magique : c'est l'imitation la plus franche et la plus simple de la nature modifiée par la méditation des plus beaux modèles de l'Antiquité. Cette grande variété d'imitation des chairs, ce pur éclat de la lumière ne sont-ils pas ce que l'on admire dans les belles productions du Titien, du Dominiquin, de Paul Véronèse ? En vain chercherait-on ces effets frivoles de lumière dans les ouvrages des maîtres sublimes qui ont porté au plus haut degré la profondeur de la pensée et la science du dessin, Raphaël et Michel-Ange. L'abondance et la fierté de l'un nous étonne et nous force à l'admiration ; la noblesse et la grâce de l'autre nous enchantent et nous ravissent complètement. C'est surtout dans leurs fresques inimitables qu'il les faut étudier et contempler sans cesse. Les ouvrages de MM. les pensionnaires ont été exposés à Rome au mois de mai cette année ; deux tableaux les plus marquants de cette exposition l'un par M. Pallière, ancien pensionnaire, représente la Flagellation de Jésus-Christ ; l'autre, par M. de Forestier représente Jésus-Christ guérissant un possédé, ne sont pas parvenu à l'Académie. Ils sont restés à Rome pour décorer l'église de la Trinité-des-Monts. Cet heureux emploi de talents de nos jeunes artistes est dû à M. le comte de Blacas, secondé d'intention par S. Ex. le ministre de l'Intérieur. // Nous n'aurons donc à vous parler que de trois tableaux. M. Vinchon a peint un Jeune berger des environs de Rome. Ce jeune pâtre est couché au bord de la mer sur des débris de monuments. Il s'agit toujours ici de l'imitation de la nature humaine. C'est le point principal. L'auteur a tout fait pour laisser entrevoir le moins de nu possible. Il a presque vêtu sa figure ; une peau de chèvre couvre les cuisses d'une manière peu favorable. Les jambes et les pieds dont l'étude méritait une grande attention sont gâtés par l'entrelacement de petites cordes qui attachent les sandales. L'attitude est simple. L'aspect du tableau ne manque pas de grâce, mais le dessin n'est pas tout à fait assez soigné. La teinte brillante mais un peu violette. La touche est facile mais [p. 528.] uniforme dans tous les objets. L'artiste n'a pas été bien heureusement inspiré en faisant choix de ces accessoires qui détruisent l'effet de son travail. Si c'est le costume exact des bergers d'à présent, il eût mieux fait de consulter Virgile et de peindre le plus aimable berger de ses charmantes églogues. // Diomède enlevant le Palladium, par M. Alaux, présente, comme tableau, un bon aspect : la pose du héros a de la fermeté ; les contours sont tracés avec vigueur et un bon sentiment de formes. Le pinceau annonce une extrême facilité mais un ton rougeâtre, dont rien n'indique la cause, éclaire la figure sans se communiquer aux autres parties du tableau, ce qui lui donne une teinte fausse et ne permet pas de se faire une idée précise sur la vérité et l'intelligence du coloris de cet artiste. De plus, il résulte de ce jour factice une dégradation brusque qui prive de toute lumière le bas de la figure, de sorte que les pieds se distinguent avec peine. Ce sont pourtant de ces parties dont l'étude ne doit point être déguisée. // Le troisième tableau est peint par M. Thomas. C'est un groupe d'un vieillard et son fils. Le titre indique qu'ils sont aux Thermopyles, devant le tombeau des Spartiates. Le père semble déposer une couronne sur ce tombeau. Présenter deux figures d'âges et de caractères différents est toujours un motif louable d'étude. On doit savoir gré à l'artiste de l'avoir entrepris. Mais en ne s'occupant ici que de ce que l'Académie aime à rencontrer, cet ouvrage laisse beaucoup à désirer. Le dessin en a paru incertain et languissant. La couleur pécherait par une teinte morne et roussâtre. L'exécution aurait un peu de monotonie. La draperie du vieillard est d'un ton sombre qui semble refuser la lumière. Avec un talent assez distingué, cet ouvrage ne soutient pas ce qu'annonçait l'auteur. L'intérêt de la situation n'est pas assez exprimé. . . N'est-ce pas grandement se hasarder que de rappeler au spectateur le nom et le souvenir des Thermopyles ?
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1818-1819, tome 2, p. 21-34 (1818)
Bibliographies / archives
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1818, peinture£ Notice créée le 08/05/2002. Notice modifiée le : 05/10/2018. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter