Les utopies grises : projets architecturaux d'Alex Mlynárčík, Tadeusz Kantor et Jozef Jankovič dans l'Europe centrale des années soixante-dix.

Ce mémoire de thèse étudie les projets architecturaux effectués au cours des années soixante-dix par des artistes venant de Tchécoslovaquie et de Pologne, deux pays de l'Europe centrale, dépendants à l'époque de l'U. R. S. S. En se référant aux œuvres des artistes des avant-gardes radicales du début du XXe siècle, mariant souvent les formes architecturales avec des visions utopiques de la société du futur, les trois artistes dont les projets sont étudiés – Alex Mlynarcik, Jozef Jankovic, et Tadeusz Kantor – utilisent l'architecture pour parler de la société de l'époque. C'est à travers le langage architectural qu'ils reprennent dans leurs dessins, gravures et photocollages, que ces trois artistes redéfinissent le rôle de l'artiste dans les pays du bloc de l'Est. Ils donnent une vision dystopique du monde de l'époque, ils créent des visions de la société alternatives, ou encore ils effectuent des projets de décomposition de l'espace public, qui est, durant cette période, entièrement contrôlé par le pouvoir étatique. Ces projets leur permettent de contester le régime ou leur propre condition sociale, et de s'opposer à la propagande idéologique de l'Etat communiste, tout en échappant à la censure. C'est donc un travail concentré uniquement sur des visions d'architecture, faites par des plasticiens qui, de différentes manières, utilisent le langage architectural pour adapter des stratégies, dans les trois cas différentes, envers le système social dans lequel se déroula leur quotidien.