Deux papes, un cardinal, un évêque, un chanoine et sept moines en prière
Haut-relief provenant de la caisse d’un retable.
- Analyse de la polychromie, Centre de restauration et de recherche des musées de France, Jean-Paul Rioux, 1981.
- Étude et restauration, Agnès Cascio, Juliette Levy-Hinstin, 1990, 2009.
- Identification du bois, Elisabeth Ravaud, Centre de restauration et de recherche des musées de France, 2005.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (demi-bille de tilleul) avec éléments assemblés ; cœur de l’arbre situé à l’arrière, dans la zone aujourd’hui évidée.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sous la base, deux étroites entailles (chacune 1,8 x 0,5 cm ; séparées par 3 cm environ) ; deux cavités ovales (diamètre : environ 2,5 à 3 cm) comblées par des pièces de bois, l’une sur la tête du cardinal, l’autre sur la tête du moine derrière le cardinal.
- Revers largement évidé à la gouge : par endroits, traits noirs délimitant les zones à creuser et amas de fibres végétales collées pour renforcer le bois trop aminci.
- Éléments assemblés dès l’origine, par collage : deux mains jointes du moine en haut à senestre, pièce incrustée dans la partie supérieure de la couverture du livre tenu par le pape.
- Extrémité sphérique de la tiare du pape agenouillé refixée par un clou ; élément recollé sur le bord inférieur de la chape de l’évêque.
- Faible attaque d’insectes xylophages, principalement sur le visage de l’ermite aux cheveux bruns (actuellement inactive).
- Manques : trois arrachements à la base, correspondant à l’emplacement d’anciens éléments de fixation du relief ; petits manques dans le bois noirci, peut-être dus à des brûlures de cierges, sur les mains jointes du moine en haut à senestre, sur celles du pape agenouillé et sur une pointe de la couronne de sa tiare.
- Restitutions : nez du moine en haut à senestre, index droit de l’évêque, plusieurs pointes des couronnes des tiares (trois sur la tiare du pape lisant, neuf sur celle du pape agenouillé).
Polychromie d’origine usée et lacunaire :
Préparation blanche (carbonate de calcium, colle protéinique).
- Chapes des papes et de l’évêque, vêtement du cardinal, manteaux du chanoine et des ermites, coules des moines, bonnet du chanoine : bol orangé, or lacunaire (feuilles d’or et, dans les zones moins visibles, vraisemblablement or parti).
- Bordures des vêtements dorés : bol orangé, argent, glacis jaune, décor de rinceaux tracé par grattage dans une couche de peinture. Cette polychromie est conservée sur la bordure de la chape du pape debout (argent, couche noire), sur la bordure du vêtement du cardinal (argent, glacis vert) et sur celle du manteau du chanoine (argent, noir) ; elle a disparu sur les vêtements des autres personnages.
- Revers des chapes des papes et de l’évêque, du manteau de l’ermite aux cheveux bruns : bol, argent, glacis vert.
- Chasubles des papes, manches et chapeau du cardinal : bol, argent, glacis rouge (peu conservé).
- Tiares des papes : alternativement dorées et argentées (argent assombri à l’origine avec glacis rouge).
- Franges des fanons et du pompon : mixtion, or, glacis rouge ou vert.
- Chasuble de l’évêque, robe de l’ermite : décors en relief moulés et appliqués dits « brocarts appliqués » avec divers motifs géométriques, floraux et végétaux (stratigraphie : 1. couche de colle protéinique ; 2. matériau de remplissage : mélange de carbonate de calcium et de colle ; 3. feuille d’étain ; 4. mixtion ; 5. or ; 6. lignes peintes en noir : motifs difficilement lisibles).
- Revers bleus (très lacunaires) des chasubles des papes, du vêtement du chanoine et des coules des moines tonsurés : sous-couche grise, puis sous-couche bleu clair (azurite finement broyé, blanc de plomb) et couche bleu mat à l’origine très vif (azurite grossièrement broyé).
- Amicts : bleu pâle (papes) ou blanc (évêque).
- Gants des papes et de l’évêque : bleu pâle ou blancs, vestiges de décors peints rouges ou noirs, figurant probablement des motifs brodés ou orfévrés.
- Couvertures des livres : bleu (pape debout) ; vert (évêque).
- Chevelures et barbes : brun ou bleu gris.
- Carnations : rose pâle (blanc de plomb, quelques grains de glacis rouge), rose vif sur les joues ; dégradés bleutés pour suggérer les barbes naissantes ; trois rouges différents utilisés pour peindre les lèvres : rouge vif sur la lèvre supérieure, rouge orangé clair sur la lèvre inférieure, et à leur jonction, une ligne de rouge profond ; ridules sur la lèvre inférieure peintes avec le même rouge ; paupières supérieures soulignées d’une ligne brune, paupières inférieures d’une ligne rosée, parfois dédoublée ou même triplée (pape lisant, ermite à la barbe bleu gris) ; iris bruns, parfois nuancés de gris, sclérotique relevée d’accents bleutés et de touches blanches ; coin interne des yeux ponctué de rose ; sourcils bruns ou bleutés ; rides du coin externe des yeux et creux des orbites, au-dessus de la paupière supérieure, indiqués d’une ligne brune ou rose ; rides peintes sur les fronts des ermites, les joues du pape agenouillé et du chanoine ; sur la tempe d’un moine tonsuré, veines indiquées par des lignes bleues translucides ; naissance du nez marquée de petites lignes horizontales et départ des sourcils souvent encadré par deux virgules peintes ; narines cernées de rose.
Les douze personnages, prélats et moines, faisaient à l’origine pendant à dix religieuses représentées sur une haut-relief conservé au musée d’Innsbruck (Tiroler Landesmuseum Ferdinandeum ; inv. P 939, H. 123 ; L. 54,5 ; P. 23 cm). Les deux sculptures étaient disposées dans la caisse d’un retable de part et d’autre d’une figure médiane disparue, peut-être une Vierge de miséricorde étendant son manteau protecteur sur les deux groupes d’hommes et de femmes.
Les douze personnages masculins sont les représentants des divers états de l’Église. Papes, cardinal, évêques, chanoines reconnaissables à leurs vêtements et coiffures ; le pape qui est agenouillé au premier plan offre peut-être l’image du chef de l’Église, l’autre pape, penché sur son livre pourrait figurer saint Grégoire. Les ordres monastiques sont évoqués par des moines de deux types différents : deux ermites, barbus vêtus d’un manteau à capuchon et cinq bénédictins ou cisterciens tonsurés et imberbes portant la coule.
Souabe, Ulm
Origine inconnue. Attesté depuis 1909 dans la collection Charles Mège (1846-1926) à Paris (vraisemblablement acquis en Allemagne vers 1875-1880). Legs de sa fille Elisabeth Mège (Paris, 1881-1958), au musée du Louvre, 1958.
p. 10-12 (Allemagne du Sud, début du 16e siècle).
p. 299 (entourage du « Maître de la Madone Oertel »).
p. 102 (Thuringe, vers 1500).