Plaque de croix avec figure d'applique du Christ
Plaque centrale à la croisée en mandorle provenant d’une croix processionnelle composée. Quatorze trous de fixation.
Au centre, figure d’applique de Christ clouée au bois de la croix par quatre clous transperçant les mains et les pieds. Le Christ, souffrant, la tête légèrement inclinée à gauche, les yeux fermés, est représenté couronné. Revêtu d’un perizonium (détérioré), son corps est dessiné par des traits marqués : sternum en trois lignes, cage thoracique étroite, épigastre à trois sillons. La ligne ondulée gravée au-dessous du cou est très probablement une évocation des croix pectorales qui décorent certains Christ limousins du début du XIIIe siècle, comme ceux de la galerie Brimo de Laroussilhe à Paris.
Au-dessus de sa tête, inscription moderne (INRI). Aux pieds du Crucifié, place habituellement occupée par la figure d’Adam ressuscitant du tombeau, autre rare inscription moderne, sur cinq lignes (voir champ Inscription). Comme l’indique l’année gravée sur la traverse gauche de la plaque, l’inscription date de 1627.
Le fond est parsemé de disques et de rosettes, presque tous désémaillés. Le fragment était délimité d’une bordure polychrome, presque totalement perdue, dont subsistent quelques fragments sur la traverse droite.
La plaque appartient à une série de croix réalisées entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, processionnelles et composées, à la croisée en mandorle et aux empattements trilobés, revêtues de plaquettes émaillées et agrémentées de figures d’appliques. L’iconographie du Christ mort mais couronné est rare sur les croix limousines. D’une manière générale, le Christ est représenté mort et non couronné jusqu’à la première décennie du XIIIe siècle, quand l’iconographie du Christus triumphans (vivant et couronné) s’impose dans l’orfèvrerie limousine. La plaque de Cracovie compte parmi les rares exemples comportant des Christ couronnés aux yeux fermés, comme celles d’Arla (Suède), église de Lund, Universitetes Historiska Museum, inv. LUHM 23070 et de Londres, British Museum, inv. 1925.0609.1. La forte ressemblance iconographique entre ces œuvres est accompagnée d’une telle affinité stylistique (visage aplati, cou large, chevelure bouclée), qu’il est probable qu’elles furent toutes réalisées dans le même atelier, actif entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle.
L’intérêt majeur de l’œuvre réside dans l’inscription funéraire datant de 1627, livrant le nom du curé d’Albigowa qui fut enterré avec cet objet. D’après les archives de Marie-Madeleine Gauthier, seule une vingtaine d’œuvres limousines portent des inscriptions datant de l’époque moderne. L’hypothèse d’une provenance de Silésie, avancée en premier par Pietrusinski (Sztuka Polska, 1971, p. 743), a été retenue par la critique successive (Frey Stecowa 1987, GF-ED 2009).
Etat de conservation dégradé, sans doute en raison d’un séjour prolongé dans le sol et – d’après les notes de M. –M. Gauthier – des suites d’un incendie. Dorure presque complètement perdue, à la fois sur la plaque et sur l’applique du Christ. Perte quasi-totale des émaux, dont subsistent des fragments dans la hampe supérieure et dans quelques rosettes décoratives. Perizonium du Christ lacunaire. Trou dans la platine de la plaque, juste au-dessous de la main droite du Christ.
Nettoyage du vert de gris et des traces d’oxydation.
inscription moderne gravée
INRI
ANNO DNI 1627
GEORGIVS CARTHVSEN PLEBANVS KOSINENSIS ET ALBIGOVIENSIS
D’après la fiche d’inventaire du musée, trouvée en fouille en 1897 à Albigowa, près de Łańcut (Basses-Carpates), dans l’enceinte d’un cimetière lors de travaux de construction d’une nouvelle église. L’inscription funéraire sur la plaque indique qu’elle provient du tombeau d’un curé d’Albigowa, GEORGIVS CARTHVSEN. Les crucifix étaient souvent placés autour du cou du défunt. Selon Pietrusinski (Sztuka Polska, 1971, p. 743), cette œuvre fut apportée en Pologne par des colons de Silésie.
p. 12.
n° 1, fig. 1b.
p. 8, n° 4.
CEM II