[1907, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois des pensionnaires peintres, 1907TYPE [...]

Peinture L'exposition des envois de Rome de peinture, pour l'année 1907, n'est représentée que par deux pensionnaires : M. Sieffert 4ème année et M. Monchablon 3ème année. L'envoi de M. Sieffert a pour titre " Les Émigrants ". Quoique cet envoi paraisse un fragment de tableau, la composition d'ensemble en est bonne, le sujet intéressant. Cependant, il a bien plus l'aspect d'une illustration que d'un tableau. De plus, l'effet en est bien un peu uniforme, cela tient à une trop grande conscience dans les détails. Les vêtements, par exemple, ne sont pas assez sacrifiés et donnent une égalité dans la facture. Les ferrures d'un wagon attirent par leur rendu minutieux beaucoup trop l'attention, au dépend des têtes. Un parapluie très en évidence, d'un ton vert ; et un ton bleu d'un foulard sont bien discordants. En revanche la femme qui tient l'enfant, est un très bon morceau de peinture. Le fond est bien dans l'air et bien nature. Ces deux dernières qualités font de ce tableau un bon envoi. Malgré cela, il résume peu les études d'art que l'on attend d'un pensionnaire, ayant passé quatre ans dans un milieu tel que Rome, à étudier les belles oeuvres qui sont dans cette ville incomparable et celles que l'on peut admirer aussi dans toute l'Italie. Certes le sujet n'est pas tout, et le sérieux qui y préside est capital. Voilà ce que les pensionnaires en général paraissent beaucoup oublier, et ce tableau, tout en méritant des félicitations, est loin des études qui doivent amener à faire un art plus élevé. L'Académie regrette donc que M. Sieffert n'ait pas continué l'art élevé de son premier envoi. Les études qui accompagnent ce tableau, tels que paysages, portraits et vues de Rome méritent, en résumé, des éloges pour le travail et la conscience qui s'y font remarquer. L'envoi principal de 3ème année de M. Monchablon est la copie d'un fragment assez considérable du beau tableau de Vélasquez, Les Ménines qu'il est allé exécuter au musée de Madrid. Cette copie, d'après l'oeuvre admirable de Vélasquez, manque un peu de sincérité dans le rendu et la tête de l'infante ne parait pas assez dessinée ; cela tient à ce que le pensionnaire, victime de ses dons, se laisse aller à une trop grande facilité. Il n'a pas saisi que la qualité principale de ce chef-d'oeuvre était le ton gris argent qui en fait une chose rare, et il lui a donné un aspect jaune et lourd qui n'est pas dans le caractère. Deux esquisses complètent cet envoi. La première a pour titre : Nocturne. Ce panneau décoratif est bien représenté, le fond est d'un joli ton, avec cependant, des égalités de valeur qui le rendent mélodramatique. L'autre intitulée Vue d'Orvieto est d'un aspect dur de couleur par son rapport de fond bleu avec les tons oranges des maisons. Les personnages sont, cependant, bien groupés et en définitive l'effet décoratif est bien affirmé. Ces esquisses sont bien sommaires et l'Académie en exigeant ce genre de travail, aurait voulu voir se développer des compositions plus sérieuses et d'un ordre d'idées plus élevé. Elle espère que M. Monchablon, par les efforts qu'il a déjà faits, par ses qualités de composition si ingénieuses et ses études consciencieuses de la nature, saura se ressaisir et nous enverra, l'an prochain, une oeuvre digne des espérances que l'on a fondé sur lui.