Croix composée à croisée en mandorle et branches à empattements à potences curvilignes.
Figures en réserve de cuivre doré sur fond émaillé bleu.
La croix conservée est composée de deux œuvres distinctes, réunies à une date inconnue au Moyen Âge ou sous l’Ancien régime. De la grande croix ancienne, dont la face principale a totalement disparu, subsiste une partie des plaques émaillées du revers (mandorle centrale, losanges médians et extrémités potencées) auxquelles ont été mêlés des éléments en métal repoussé et écus armoriés en émaux de Limoges provenant d’un tombeau de 1287. Le tout est porté par une douille et un nœud.
L’objet a été identifié par Geneviève François avec la croix qui se trouvait en 1790 dans la sacristie de l’église de l’abbaye cistercienne de Prébenoît (commune de Bétête, Creuse) puis en 1791 dans l’église paroissiale de Bétête, où elle fut décrite en 1843 par l’abbé J.-R. Texier. Par comparaison avec les descriptions anciennes et les fragments retrouvés en fouille (1993), il est établi que la croix a été complétée avec des morceaux du tombeau, aujourd’hui disparu, du chevalier Roger de Brosse, mort en 1287 et enterré dans l’église de l’abbaye de Prébenoît (G. François, 2008).
Peut-il s’agir de la croix décrite avant la Révolution comme tenue dans les mains du gisant ? Le montage actuel sur une douille et le fait que les remplois du tombeau se trouvent, pour partie, sous les plaques émaillées et sur les chants ne permettent pas de trancher ; il s’agit en tout cas d’un remontage complet aboutissant à un objet très atypique.
Parmi les plaques émaillées conservées au revers, la plus originale est le Christ en majesté bénissant, assis sur un arc de cercle et un coussin. Réalisé en cuivre gravé et doré, il tient un livre émaillé en rouge et sa tête se détache sur un nimbe crucifère traité de façon délicate, avec une présence du même émail rouge vif. Le Christ présente un visage apollinien imberbe et des plis de vêtements nombreux, souples et délicats dans le style 1200. Le repose-pied bleu comporte un motif central en forme de fleuron laissé en réserve. Dans un style comparable sont gravés les symboles des évangélistes sur les extrémités potencées, avec des figures dont la finesse et les silhouettes allongées sont plus prononcées encore que dans la figure du Christ. Le taureau ailé et le lion ailé se trouvent sur les côtés tandis que l’homme ailé a été remonté au sommet de la croix, la tête en bas. Trois losanges émaillés de quatre-feuilles complètent les trois bras correspondants, la hampe inférieure étant quant à elle munie des écus armoriés en émail du tombeau de Roger de Brosse.

collection H. Walters, Baltimore, avant 1931; puis WAG et WAM; déposée de 1984 à 2000 au Muscarelle Museum of Art, College of William and Mary, Williamsbourg, Virginie, États-Unis

Cl. WAG, A et B = Corpus 10822 et 3964, 9812, 10150, 10747.