[1854, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de peinture de 1854TYPE : rapport de [...]
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Description
[1854, peinture, rapport Institut à AFR]
Rapport sur les envois de peinture de 1854
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
LIEU DE RÉDACTION : Paris
DATE : 1854
Rapport sur les envois de peinture de 1854
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
LIEU DE RÉDACTION : Paris
DATE : 1854
Descriptions
Transcription :
Si tous les travaux envoyés par l'École de Rome ne méritent pas les mêmes éloges, si plusieurs ont appelé la critique, l'ensemble de l'envoi est satisfaisant. Je vais, au nom de l'Académie, transmettre à chacun des pensionnaires la part qui lui revient dans des éloges que l'Académie décerne avec bonheur, ou dans l'expression d'un blâme, qui est pour elle l'objet de véritables regrets, et qu'elle adresse quelquefois avec ménagement, pour ne pas ôter le courage à ceux qui s'égarent, à ceux qui fléchissent un moment, et dont elle cherche toujours à ranimer l'ardeur. // M. Boulanger (quatrième année) / Figure d'étude / Et moi aussi je suis né en Arcadie, et sur mon berceau la nature m'avait promis le bonheur (tiré de Schiller) / On a lieu de regretter que l'auteur n'ait pas mieux compris le caractère poétique et moral de son sujet. S'il avait placé sous les yeux de ce vieillard austère, le doux spectacle d'amours chastes et purs, on concevrait les souvenirs qui s'éveilleraient en lui, car lui aussi fut jeune et son cœur fut touché ! ...Mais M. Boulanger a préféré représenter le bonheur sous la forme de deux jeunes amants livrés à toute la folle ardeur qui les entraîne vers les plaisirs sensuels, image faite pour inspirer l'éloignement bien plutôt que rappeler de chers souvenirs. Le Poussin, dans un sujet analogue (les bergers d'Arcadie) s'y est montré autrement noble et digne poète ! Ce vice d'expression a nécessairement influencé l'artiste dans l'exécution de son œuvre ; aussi les caractères des têtes sont-ils d'un mauvais choix, le dessin maniéré, le coloris faux et sans harmonie. Seule, dans ce tableau, la figure du vieillard mérite quelques éloges. Elle est bien posée et dans le sentiment de son ensemble on peut reconnaître que M. Boulanger, s'il le veut sincèrement, saura prendre une prochaine et une honorable revanche. À l'occasion de cet envoi, nous devons faire observer que trop souvent MM. les Pensionnaires au lieu de se conformer au règlement, qui n'exige en troisième année qu'une seule figure d'étude, envoient cependant des tableaux à sujets. Nous voulons bien croire que ces ambitieuses entreprises résultent uniquement d'un excès de zèle et que nulle autre pensée n'y a présidé : toujours est-il que MM. Les Pensionnaires ne sauraient mieux faire que de se conformer au vœu des règlements, dont les sages prévisions sont évidentes. / La guerre (esquisse) / N.B. La section n'a pas jugé digne de faire figurer au rapport l'esquisse de M. Boulanger. Le sujet en est mal choisi et l'exécution est loin de racheter cette faute. // M. Baudry (troisième année) / La Fortune et l'enfant (Lafontaine, liv. V fable XI) / Au premier coup d’œil on pourrait prendre ce tableau pour une agréable et libre copie de certain maître vénitien. Mais le charme s'évanouit bientôt pour n'y reconnaître qu'un pastiche ; dès lors les qualités, toutes d'emprunt, cessent de mériter l'attention. Cette erreur de M. Baudry est en quelque sorte excusable en ce qu'elle prend sa source dans sa juste admiration pour les chefs-d’œuvre vénitiens ; mais il peut se convaincre que c'est nullement en les imitant servilement qu'il peut espérer d'en approcher jamais ; c'est en s'inspirant de leur génie qu'il est possible d'y parvenir. N'est-il pas évident que mieux vaudrait une œuvre franchement originale, du propre talent du peintre, quels qu'en soient les défauts, qu'une œuvre en somme peut-être meilleure, mais dont les qualités seraient empruntées. Cependant en considérant le tableau de M. Baudry, même sous ce rapport, son œuvre est loin d'être exempte de critiques graves. Le dessin en est incorrect, le modelé mou. Enfin l'effet de lumière des deux figures n'est point en accord avec celui du paysage, dont le ton noir ne comporte nullement les ombres diaphanes des personnages. D'ailleurs la pensée philosophique de Lafontaine n'est point rendue. Nous invitons M. Baudry à revenir à son propre sentiment, à son propre talent, fondé sur de bonnes études ; il reviendra promptement, nous n'en doutons pas, de la fausse voie dans laquelle il s'est engagé dans cet ouvrage. / Le printemps de la vie (esquisse peinte) / Ainsi que M. Boulanger, M. Baudry s'est écarté des règlements, qui entendent que pour sujet de l'esquisse, le pensionnaire choisira un trait de l'histoire sainte, ou de l'histoire ancienne, ou de la mythologie. Or, l'esquisse de ce pensionnaire ne présente qu'une capricieuse composition d'un sujet tout de son invention. À ce premier tort il joint celui plus grave encore, de n'y exprimer que les plaisirs de la paresse, la nullité de l'oisiveté, des images puérilement voluptueuses ! Et c'est ainsi que M. Baudry nous présente la jeunesse au printemps de la vie !!! Si l'auteur a eu l'intention de produire une composition allégorique, qu'il se pénètre donc de cette vérité, que c'est par la grandeur de la pensée, ou la grâce de la poésie, que l'allégorie peut être produite. Nous aurions désiré que du moins le mérite de l'exécution de cette esquisse nous dédommageât, mais c'est à regret, nous le déclarons, que l'absence totale de qualités d'art ne nous permet pas d'en continuer l'examen. // M. Chifflard [sic] (troisième année) / Figure d'étude / En vain l'on chercherait une excuse en raison du peu de temps qui restait à ce pensionnaire, pour exécuter la figure d'étude qu'il a envoyée ; un travail plus important qu'il avait entrepris n'ayant pas pu être achevé. D'abord devait-il se hasarder dans un ouvrage autre que celui que lui imposent ses obligations envers l'Académie ? ...Mais en admettant cette excuse, il aurait assurément pu, dans le même espace de temps qu'il a employé à peindre sa figure d'étude, faire montre d'un meilleur dessin, plus nature, mieux senti, colorer d'un ton plus vrai et comprendre l'harmonie des tons dans l'effet général. Dans une peinture rapidement exécutée, on peut, si l'on sait, si l'on sent, réunir la plupart de ces qualités essentielles. À ce prix, peut-être eut-on volontiers pardonné le manque d'étude dans les détails et de fini dans les accessoires, en un mot ce que le temps trop court, n'aurait pas parmi d'achever. Mais telle n'est point cette figure, elle ne paraît pas exécutée à la hâte, tout est froidement terminé ; le coloris est faux, le dessin très médiocre. Que cet échec ne décourage pas M. Chifflard [sic], qu'il se laisse guider par les conseils qui lui sont adressés, qu'il se garde enfin de cette téméraire ambition qui a fait avorter ses efforts. Le dessin d'après le Dominicain [sic] est très faible. Que M. Chifflard [sic] ne se décourage point, et qu'il se pénètre des conseils de l'Académie. // M. Bouguereau (quatrième et dernière année) / Le Triomphe du martyre. Le Corps de sainte Cécile apporté dans les Catacombes / Cette touchante composition semble avoir été conçue dans un moment d'inspiration. L'artiste a d'un premier jet réuni l'heureux ensemble des groupes en même temps que senti l'expression de profonde douleur de cette scène pathétique. Les têtes, d'un caractère noble, sont animées d'une expression vraie : le dessin est correct : les draperies bien ajustées : l'exécution large : le coloris grave et d'une harmonie assombrie convenable au sujet. L'expression de la scène serait peut-être encore plus complète, si l'auteur avait donné plus de caractère et d'importance à la figure de saint Urbain, ce pape déjà promis au martyre, et que son héroïque ferveur lie éminemment au sort de sa jeune et sainte prosélyte. L'unité d'intérêt n'en eût sans doute pas été affaiblie, comme l'a redouté probablement l'auteur. Nous ne croyons pas devoir relever ici quelques défauts de détails : M. Bouguereau a dû les remarquer lui-même, et nous sommes persuadés qu'il y remédiera facilement. Depuis longtemps l'École de Rome n'avait envoyé une peinture aussi digne d'éloge. C'est donc avec une vive satisfaction que l'Académie joint les témoignages de son approbation à ceux que le tableau de M. Bouguereau a reçus du public ; elle se plaît à espérer que le succès obtenu par le jeune artiste inspirera à ses émules le noble désir de suivre son exemple. // M. Lecointe (quatrième année) / Le Christ maudissant le figuier / Peinture de Paysage historique / Un caractère sévère, de la grandeur dans le dessin des masses, un coloris vigoureux et harmonieux, des figures bien conçues et bien rendues : telles sont les qualités qui frappent au premier aspect de ce paysage du genre historique. Quant à l'expression de son sujet, M. Lecointe semble avoir oublié de marquer l'effet de la malédiction par le dessèchement subit du feuillage du figuier maudit. Le sujet s'expliquerait alors complètement et l'ensemble de la couleur y gagnerait certainement. Les fonds manquent de lumière suffisante ; et il en résulte un peu de monotonie dans le ton général. Ces observations portent sur des détails, aux défauts desquels il est facile de remédier. La section appréciant le mérite de cette production, conclue à donner des éloges aux efforts de M. Lecointe, qui a su prouver par un bon tableau qu'il a mis à profit son séjour en Italie.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Directorat Victor Schnetz, carton 63, fol. 30-33 (1853-1857)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, Institut à AFR, 1854, peinture£ Notice créée le 23/10/2002. Notice modifiée le : 25/10/2017. Rédacteur : Pierre Serié.
Rédacteur
Pierre Serié