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[1879, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de peinture de 1879TYPE : rap [...]

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Dernière modification
02/12/2021 10:47 (il y a environ 3 ans)
Type de document
Description
[1879, peinture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport sur les envois de peinture de 1879
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Baudry, Paul
PAGE DE TITRE : Séance du 12 juillet 1879. M. Baudry donne lecture du rapport suivant sur les envois de Rome de 1879
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 12/07/1879
COMMENTAIRE : Les archives de l'Académie de France à Rome (carton 101, f°46-49) conservent une copie manuscrite conforme au rapport du procès-verbal.
Descriptions
Transcription : 
[p. 236] 1e année M. Chartran / Une joueuse de mandore. / Le premier envoi de M. Chartran offre une simplicité d'arrangement convenable à l'étude de nu qui lui était demandée par le règlement, l'exécution de cette figure est habile, cherchée avec un soin délicat. La tête est charmante, d'un caractère original et la tenue du tableau est distinguée et gracieuse. L'Académie désirerait étendre son approbation aux autres envois de M. Chartran mais malheureusement, les deux dessins, si peu étudiés de ce pensionnaire, restent en dessous de son examen et de ses critiques. Il est très regrettable que les pensionnaires n'aient à cet égard aucun souci des avis de l'Académie, ses admonestations périodiques sont justifiées le plus souvent par l'imperfection des copies et dessin d'envois vraiment indignes du talent qu'ils montrent dans leurs autres ouvrages. Les artistes envoyés à Rome par l'État ont le devoir de tenir compte des prescriptions si sensées du règlement, les dispositions ont été dictées par l'expérience de leurs prédécesseurs et elles indiquent parfaitement la voie que doivent suivre les pensionnaires à ce moment de leur carrière. C'est au nom des intérêts les plus chers de leur avenir que ce règlement leur prescrit de copier les oeuvres des maîtres et d'en faire de nombreux dessins, les modes passagère qui sévissent de tout temps dans l'art ne peuvent atténuer ou obscurcir la perfection des chefs-d'oeuvre de l'Italie : ils sont encore ce qu'ils étaient à l'époque où ils furent produits, les pôles fixes du beau et du vrai, c'est ainsi qu'ils étaient admirés et compris même par les plus grands artistes dissidents des écoles rivales, et l'exemple et les travaux de Rubens et de Vélasquez qui firent dans leur jeunesse des copies à la Sixtine devraient à défaut des exhortations de l'Académie, convaincre les pensionnaires de l'excellence et de la haute valeur de ces études. 2e année, M. Wencker avec Saül et la Pythonisse / Le [p. 237] tableau de M. Wencker se recommande par une assez bonne exécution bien qu'elle ne mette pas en évidence les qualités de verve et de jeunesse qu'on est en droit d'attendre d'en artiste de son âge. La disposition perspective oblique est des plus fâcheuses. Le groupe de Saül et de la Pythonisse est assez expressif, bien qu'un peu théâtral, mais on ne s'explique guère l'effroi de Saül devant un personnage si bizarrement accoutré que le prophète Samuel. La situation de cette figure, au premier plan, la vulgaire réalité de l'apparition nuit à l'effet poétique de ce beau sujet. L'effet surnaturel et dramatique si bien exprimé avec tant de détails pathétiques dans le livre sacré est absolument négligé par l'artiste. L'Académie doit signaler au pensionnaire cet oubli fâcheux, si nuisible à la conception de son tableau qui devait tout d'abord s'inspirer du texte biblique si émouvant, si riche en développement pittoresques. L'Académie a le droit d'en appeler à M. Wencker lui-même, les travaux antérieurs ayant déjà mérité son approbation très légitime. M. Comerre, troisième année / 1° copie de Tiepolo, 2° esquisse : le lévite d'Ephraïm. / M. Comerre pouvait, sans aller en Italie, trouver dans les oeuvres de la décadence italienne des oeuvres plus marquées que les fresques du Palais Labbia, momentanément en grande faveur de par les capricieuses lois de la mode, il ne nous appartient pas de définir le mérite des légères et brillantes oeuvres de Tiepolo qui furent, les dernières lueurs du génie italien, mais l'Académie a le devoir de rappeler aux pensionnaires que dans le livre d'or de la peinture vénitienne, les noms de Véronèse et du Titien sont toujours resplendissants et que rien ne peut les faire échoir. C'est à ces maîtres puissants que doivent s'adresser les hommages des peintres et M. Comerre eut été mieux inspiré en faisant ce bon et judicieux emploi de son talent très exact, du reste, dans l'ouvrage précité. La composition peinte de M. Comerre, complétant son envoi de [p. 238] troisième année n'est pas traitée avec l'ampleur dramatique qu'importe un tel sujet. / Dans l'esquisse soumise à l'appréciation de l'Académie, on peut louer la disposition étagée qui se prêterait à un effet pittoresque, mais on regrette que l'habileté de la main l'emporte déjà dans cet essai sur l'idée qui doit être la qualité primordiale d'une esquisse et la base solide du tableau. Dernière année, M. Besnard / Après une défaite / Il faut savoir gré à M. Besnard d'avoir choisi ce beau sujet, magnifique thème de peinture d'histoire ; mais il est fâcheux que l'artiste n'ait voulu indiquer ni la race, ni la contrée, ni la nationalité des personnages. Il est certes loisible à un peintre de traiter un tel fait dans la synthèse du symbolisme mais à la condition de la reculer dans les temps indéterminés de l'âge héroïque ou le nu et la draperie sont de précieux éléments d'expression pittoresque. La composition ne se rattachant à aucun événement connu, reste obscure et énigmatique dans les principaux épisodes. Des costumes arabes et chrétiens, à ce qu'il semble, mêlés sans raison apparente aux objets et ustensiles les plus vulgaires déroutent l'attention et semblent défier toute appréciation critique. Il y a cependant dans le tableau de M. Besnard d'heureuses idées que l'auteur n'a pas eu malheureusement ni le soin, ni le souci d'exprimer complètement. Le dessin est faible, les négligences de perspectives fréquentes dans l'agencement des groupes et l'exécution presque partout rudimentaire. M. Besnard semble avoir voulu constater lui-même par sa signature datée à Rome qu'il renonçait aux délais qui lui étaient encore assurés, si non par le règlement, du moins par l'usage pour mener à bonne fin son travail. Les pensionnaires de l'Académie ont, de tout temps, compris l'importance capitale du dernier envoi, ils l'achevaient, pour la plupart, aux prix [p. 239] des plus durs sacrifices en prenant sur la modeste retenue allouée alors, les ressources de leur séjour prorogé à Rome ; les brillants avantages récemment acquis aux pensionnaires les mettent à même de faire très facilement ce qui coûtait tant à leurs devanciers. Ces considérations ne peuvent qu'accroître les regrets de l'Académie qui trouve dans l'oeuvre de M. Besnard des promesses qu'il n'eût tenu qu'à lui de réaliser. L'aspect de son tableau est bon, des qualités de peinture sont nettes et vraies dans les fonds. Les terrains et la ville incendiée ont des tonalités heureuses, on voudrait retrouver dans les figures l'accent sincère et franc du paysage. L'Académie a le regret d'être sévère pour les envois de peinture, ils ne répondent qu'imparfaitement aux espérances et aux certitudes déjà acquises, il faut le dire, par les talents et les travaux antérieurs des pensionnaires peintres.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 16, p. 235-239
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1879, peinture£ Notice créée le 18/06/2002. Notice modifiée le : 19/10/2018. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter