[1846, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de peintur [...]
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Description
[1846, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de peinture de 1846
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie Royale de France pour l'année 1846, par M. Raoul-Rochette, Secrétaire Perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1846
Rapport imprimé sur les envois de peinture de 1846
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie Royale de France pour l'année 1846, par M. Raoul-Rochette, Secrétaire Perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1846
Descriptions
Transcription :
Si l'envoi de cette année place encore l'Académie dans la fâcheuse obligation de joindre quelques restrictions aux éloges qu'elle voudrait pouvoir accorder sans réserve aux travaux de nos jeunes pensionnaires, la tendance générale de ces travaux est telle cependant que la part de la satisfaction l'emporte, aux yeux de l'Académie, sur celle du blâme ; et il a suffit d'ailleurs d'un bel ouvrage qui s'y rencontre pour que l'Académie soit heureuse, en le signalant, d'y montrer à la fois une leçon et un exemple dignes de profiter à toute notre jeune école. // PEINTURE // M. Brisset, qui, dans tous ses devoirs, avait fait preuve de progrès, fruits d'une application soutenue, a terminé dignement sa pension par une oeuvre remarquable. Il avait choisi pour sujet de son tableau de dernière année un trait de la vie de saint Laurent, dont voici l'indication, donnée par l'hagiographe et suivie par l'artiste : Saint Laurent, sommé par le gouverneur de Rome Valérien de lui livrer les trésors de l'Église, après avoir obtenu de lui un délai de trois jours pour les rassembler, lui présente les pauvres et les infirmes dont l'Église prenait soin en lui disant : Voilà les trésors de l'Église. Le choix d'un pareil sujet fait honneur à l'intelligence de l'artiste, en ce qu'il offrait une réunion de figures qui, par la diversité des âges, des sexes et des caractères, lui donnait lieu de faire une heureuse application de ses études ; et le talent du peintre s'est montré à la hauteur de son sujet. Le tableau de M. Brisset se distingue par un sentiment vrai et touchant. Le dessin en est correct et naïf ; les têtes sont prises dans la nature, avec un sentiment élevé, et elles sont pleines d'expression et d'intérêt. La figure du saint a de la dignité et de la vérité, et elle exprime bien le sujet. La figure du jeune homme groupée avec l'aveugle est particulièrement heureuse, par la composition, par le dessin et par l'effet d'ombre qu'elle présente. Le groupe de la femme qui porte l'enfant offre aussi, avec un motif pris dans la nature, une exécution digne d'un maître. A côté de ces éloges, que l'Académie aime à décerner à l'oeuvre de M. Brisset, l'intérêt même qu'elle porte à son talent l'oblige à placer quelques observations. On doit donc dire que le tableau, qui gagne beaucoup à être examiné dans les détails, manque de franchise dans l'effet et de résolution dans le ton. Un autre reproche qu'on ne peut se dispenser d'adresser à l'auteur, c'est que la figure du magistrat romain nuit à celle du saint et à l'ensemble du tableau, par l'importance qu'elle reçoit de son ampleur et de la couleur peu harmonieuse de son vêtement. Malgré ces imperfections, l'Académie se plaît à proclamer qu'elle a vu avec une vive satisfaction le tableau de M. Brisset, et elle se félicite d'avoir à dire qu'on n'avait reçu depuis longtemps, de Rome, un ouvrage aussi remarquable. // M. LEBOUY [sic] / Nous avons reçu de M. Lebouy [sic] deux ouvrages qui nous ont fait éprouver un sentiment bien différent, une copie, d'après le Groupe des femmes, de la fresque d'Héliodore, au Vatican, et une esquisse peinte, représentant Anacréon. La copie est tellement défectueuse, qu'on s'abstient d'en relever les défauts qui sont malheureusement trop sensibles. L'esquisse est pareillement d'une telle négligence, que la critique ne saurait s'y arrêter. Ces reproches sont graves, et nous les adressons à M. Lebouy [sic], qui pourrait, avec une volonté ferme, produire des travaux estimables, parce que nous conservons l'espérance que cet avertissement sévère rappellera cet artiste à l'accomplissement de son devoir et au sentiment de son propre intérêt. // M. BIENNOURY / M. Biennoury a envoyé, pour son travail de troisième année, une figure d'étude peinte, et une esquisse dessinée. Le mouvement de la figure, qui représente une Bacchante, a de la souplesse et de la grâce ; la tête est jolie, et les jambes bien modelées et vraies de ton ; mais le torse n'est pas bien dessiné, et il est d'un ton lourd et sans lumière. L'ensemble du tableau est bien conçu ; les accessoires en sont bien disposés ; mais il manque d'air et de lumière ; ce qui nuit à l'effet général. Le dessin, qui représente, au moyen de trois groupes distincts, le Combat de Castor et de Lyncée, après l'Enlèvement des Leucippides, offre une composition qui manque de lien et d'unité ; mais il y règne une recherche de goût et de style estimable, et le groupe des femmes est heureux et intéressant. // M. DAMERY / M. Damery, qui devait pour sa deuxième année, une figure d'étude peinte, a satisfait a cette obligation d'une manière qui ne répond pas tout à fait aux espérances qu'avait fait concevoir le premier envoi de ce pensionnaire. Sa figure est mal conçue dans son motif comme dans la pose, et elle offre aussi un manque d'harmonie de formes, en ce que ses diverses parties n'appartiennent pas au même individu. Il y a pourtant de l'étude dans cette figure, et il s'y trouve des parties exécutées avec soin, bien que d'une manière qui tende à la maigreur. Malgré ces observations, dictées uniquement par l'intérêt que l'Académie prend à l'avenir de M. Damery, elle ne peut s'empêcher de dire encore dans une voie d'étude et de vérité, où il est permis d'attendre de lui des travaux estimable. // M. BARRIAS / M. Barrias, qui n'est encore qu'à la première année de sa pension, devait aussi une figure d'étude peinte, et il en a envoyé une qu'il a intitulée Sapho d'Erèse. Sans s'arrêter à cette désignation, qui repose sur une légère erreur et qui n'a aucune importance, l'Académie a vu avec plaisir, dans ce premier travail de M. Barrias, un heureux augure pour la suite de sa carrière. Cette figure est d'un dessin large et d'un modelé souple ; on y trouve de la grandeur dans les formes, jointe à une bonne exécution ; mais il y a de la roideur [sic] dans le mouvement de la tête, et de l'incorrection dans les bras et dans la jambe gauche. M. Barrias a envoyé, en outre, deux dessins, l'un, d'après la figure de Psyché, des peintures de la Farnésine, l'autre, d'après un fragment de frise antique. Ces deux dessins, qui témoignent du zèle de l'artiste à remplir ses devoirs, ont été vus, par ce motif, avec intérêt ; mais l'exécution ne répond pas aux intentions de l'Académie. // M. LANOÜE / Nous n'avons malheureusement que bien peu de choses à dire du paysage de M. Lanoüe. La composition en est pittoresque, et les lignes en sont généralement heureuses. Mais l'exécution donne lieu aux mêmes reproches qui ont été adressés aux précédents envois de l'auteur. Le tableau manque d'air et de lumière, aussi bien que de vérité et d'étude. [...] En terminant ce compte rendu, où nous avons été trop souvent dans la fâcheuse nécessité d'attrister par des regrets et d'atténuer par des reproches les sujets de félicitations que nous aimerions tant à trouver sans mélange dans les travaux de notre école de Rome, nous croyons dans l'intérêt de l'avenir de ces jeunes talents, que nous suivons avec tant de sollicitude, devoir insister plus que jamais sur une vérité que nous ne cessons de leur rappeler : c'est qu'un travail opiniâtre, c'est qu'une application constante, sont les premières conditions, sont les plus sûres garanties des succès qui les attendent. La plus heureuse nature a besoin d'être fécondée par l'étude, et c'est surtout pour l'étude que l'école de Rome, fondée par le génie de Colbert, est si noblement soutenue par l'État. Qu'il y ait donc, entre tous nos jeunes pensionnaires, une émulation d'études sérieuses et de travaux sévères, et que l'exemple de M. Brisset, qui a si dignement couronné par un beau tableau un séjour de cinq années à la Villa Médicis consacré entièrement à son art, devienne pour eux le plus utile avertissement et la plus éloquente leçon.
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1846, tome 16
Bibliographies / archives
Commentaire Bibliographies / archives :
t. II
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1846, peinture£ Notice créée le 15/07/2002. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Anne-Blanche Stévenin.
Rédacteur
Anne-Blanche Stévenin