Plaque centrale de croix émaillée à croisée oblongue. Bordée d’un zigzag gravé. Ornée de motifs de rosettes et de losanges et, dans la partie inférieure de la croisée, de deux médaillons circulaires inscrivant pour l’un une rosette et pour l’autre un quatre-feuilles. Les cloisons de ces motifs portent un décor pointillé. Au-dessus du Christ, la main de Dieu sortant des nuées. Nimbe crucifère formé de cercles concentriques polylobés. Dans la partie inférieure, suppedaneum ponctué de pois rouges. La plaque est interrompue dans sa partie basse, qui ne présente pas de bordure. La plaque comporte douze perforations.
Figure d’applique : « Christ à la tunique », rex et sacerdos. Christ-roi couronné, vivant et triomphant. Corps droit, bras horizontaux, visage de face, yeux ouverts (en perles d'émail bleu), pieds séparés. Frontalité toute romane. Christ habillé, aux vêtements sacerdotaux superposés, dalmatique bleue ornée d’orfrois et d’une ceinture gemmée, sur tunique verte constellée de pois rouges. Couronne gemmée.
Ce type de Christ habillé, qui trouve ses sources scripturaires dans le récit de la Passion du Christ et dans l’Apocalypse de Jean (Ap., I, 13), est rare dans l’Œuvre de Limoges.
À comparer aux Christ habillés des deux croix jumelles provenant de Nävelsjö (Stockholm, Statens Historiska Museum, inv. 10603 A et B, UK 89292), aux Christ d’applique du musée du Louvre (inv. OA 8102, UK 89513) et du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (inv. ȹ 182, UK 89281), et surtout aux Christ du Victoria and Albert Museum de Londres (834.1891, UK 89148), du Kulturhistorisk Museum d’Oslo (inv. C21300, UK 89220), et du Museum of Fine Arts de Boston (inv. 49.472, UK 89468), ou encore au Christ Cl. 959 du musée de Cluny, certes de qualité et d’état plus médiocres.
Enfin, forte similitude avec le Christ de la collection Wyvern, inv. 330 (UK 267017), qui invite à émettre l’hypothèse d’une paire de croix processionnelles.

IHS

Christ habillé du XIIIe siècle – art limousin – (Voyez p. 350 des « Etudes de symbolique » (p. 752 du Bulletin des comités historiques tome IV
Mr Mège, Antiquaire, amateur et marchand, de Toulouse à qui j’ai acheté ce Christ bien rare (je n’en connais qu’un seul, du même temps, à Amiens) m’a répété, à diverses reprises, qu’il l’avait acquis pour moi (?) à Rome (?).
Je l’ai accepté et payé et je me suis permis à peine un doute en sa présence.
Il le considérait, disait-il, comme du temps de Constantin (+ 337), époque où la crucifixion n’existait pas, du moins, il n’en reste de trace ni dans les écrits, ni dans les monuments y compris les catacombes.
4 Mars 1878

Note du Comte de Bastard
membre du [Comité]
[de] la langue et de [l’Histoire]
[et des Arts] de France
[section] d’archéologie

Collection de l’archéologue et historien Alexandre Du Mège (1780–1862 ; œuvre acquise à Rome ?) ; collection du comte Auguste Bastard d’Estang (1792-1883), militaire et érudit, qui acheta l’objet à Alexandre Mège au milieu du XIXe siècle (avant 1862, sans doute un peu avant 1856), et le garde en sa possession jusqu’à sa mort en 1883 ; collection du vicomte de la Villarmois (probablement Martial II, 1826-1892), au château de Montgoger (Saint-Épain, Indre-et-Loire) ; collection Auguste Duthil (mort en 1942), antiquaire à Bordeaux, à partir de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle, jusqu’à sa mort en 1942 ; en la possession de l’épouse d’Auguste Duthil de 1942 à 1944 ; collection Jean-René Gazeau, petit-neveu d’Auguste Duthil, de 1944 à sa mort en 2012 ; collection Françoise Gazeau, épouse de Jean-René Gazeau ; don de Françoise Gazeau et de ses enfants au musée de Cluny en 2018.

Cl. L. Palustre, éd. Bull. SSHAC, 1898; fig. exp. 1890 à repiquer