Croix à double traverse
Wyvern collection
Croix composée à double traverse, à la croisée simple et aux empattements droits.
À l'avers, au centre, figure d’applique du Christ crucifié, représenté couronné et vivant, les yeux en perles de verre émaillé. L’applique, de petite taille, est fixée au support par quatre clous, probablement modernes. La couronne, élément iconographique rare sur les Christ en applique des premières décennies du XIIIe siècle, est gravée de losanges.
À la croisée supérieure, la main de Dieu est inscrite dans une rosace polychrome à quatre pétales trilobés.
Aux extrémités de la traverse inférieure, de part et d’autre du Christ, deux disques émaillés de vert et bordés de jaune. Les pieds du crucifié reposent sur un suppedaneum bleu ponctué de rouge. Décor de reprises en pointillé sur les réserves.
À l’extrémité inférieure, figure d'Adam sortant du tombeau, gravée en réserve.
Le revers, revêtu d'une platine de cuivre doré et gravé de losanges, présente un décor estampé.
Cette œuvre fait partie du groupe restreint des croix à double traverse appartenant au Corpus des émaux méridionaux II (1190-1215), qui compte celle du musée des Beaux-Arts de Limoges (volée en 1981) et celle localisée en 1987 dans une collection privée en Suisse. Comme l'a souligné M.-M. Gauthier dans son article consacré à l’exemplaire conservé à Limoges (« Une croix émaillée à double traverse, image symbolique de la Vrai Croix, vers 1200 à Limoges », Revue de l'art , n° 3, 1969, p. 10-25) la particularité de ces croix – comme d’ailleurs de toutes les croix à double traverse émaillées limousines - consiste dans le fait qu’elles ne sont pas des reliquaires, tout en ayant une structure traditionnellement vouée à cette fonction. Des études ultérieures permettraient d'en savoir davantage aussi sur l’usage liturgique de ces objets.
Du point de vue stylistique, il est possible de situer la croix dans la deuxième décennie du XIIIe siècle. Si la gamme chromatique, centrée sur le bleu, comprenant également d’autres tons tel que le vert et le jaune, rattache cette œuvre au tout début du siècle, d’autres éléments suggèrent de repousser légèrement sa datation. Tout d’abord, la typologie de l’applique du Christ : la petite taille du corps et les yeux noirs en perles de verre émaillé sont des conventions esthétiques et techniques qui annoncent déjà le style des appliques représentant l’Annonce aux Bergers et le Christ en Majesté du musée du Louvre (inv. OA 11349 et MR R 305), datables entre la deuxième et la troisième décennie du XIIIe siècle. L’iconographie du Christ couronné, rare dans les exemplaires réalisés entre 1190 et 1215, confirme la chronologie avancée de cette croix. Il est enfin à remarquer que contrairement aux autres croix répertoriées au CEM II, dans celle étudiée ici, la figure d’Adam n’est pas en applique mais gravée en réserve ; le personnage, aux proportions allongées et élancées, n’est pas sans lien avec les figures gravées sur des œuvres datant des années 1220, telles que celles sur le coffret du cardinal Bicchieri de Palazzo Madama, Museo Civico d’Arte Antica à Turin.
usure de la dorure, notamment sur l’applique du Christ ; clous de fixation de l'applique probablement modernes ; pertes partielles d’émail
dimensions de l'applique du Christ
Christ crucifié (avers), Dextera Domini (avers)
Hôtel Drouot (Paris), vente du 14 novembre 1975, n° 16 (achetée au prix de 81000 francs par « Bazin ») ; Paris, commerce d’art Armétal, M. Royer en 1996 ; Paris, commerce d’art Brimo de Laroussilhe en 1997 ; Paris, collection privée en 2001 ; Paris, commerce d’art Brimo de Laroussilhe en 2007 ; Londres, collection privée à partir de 2009
Photo CEM : Corpus 16203 tirage coul. (don Royer / Armétal 1996) à enregistrer
Photo CEM : Corpus 16203 tirage coul. (don Royer / Armétal 1996) à enregistrer
Photo CEM : Corpus 16203 tirage coul. (don Royer / Armétal 1996) à enregistrer