Plaque à la croisée en mandorle, détachée de l'avers d'une croix composée, 14 trous de fixation.
Au centre, figure d'applique du Christ (avec tête rapportée), clouée à la plaque par quatre rivets. Il est représenté mourant - les yeux fermés - barbu, les cheveux s'étalant en mèches parallèles sur ses épaules. Son visage, d'une forte expressivité, est encadré par un nimbe crucifère polychrome. Si le corps est dessiné en courbe byzantine en forme de S, le drapé du périzonium noué sur la hanche révèle une grande souplesse. À souligner aussi la taille excessivement grande des mains et des bras du crucifié, trop longs par rapport à son anatomie.
En haut de la plaque, Dextera domini sortant d'une nuée et titulus abrégé sur une ligne ; en bas, des mottes imbriquées (autrefois émaillées) évoquent le mont Golgotha. La plaque, bordée d'un triple filet émaillé dans les tons bleu moyen, bleu clair et blanc, est parsemé de disques et rosettes émaillés. Décor pointillé sur les parties en réserve.
D'après les notes de M. -M. Gauthier (dossier CEM) le Christ, tel celui de la plaque de la cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre, s'inscrit parfaitement dans un carré ; il est par ailleurs très proche de celui fixé sur le tabernacle du musée du Bargello à Florence (CEM II, III B, n° 8).
La plaque du trésor d'Avignon, dont l'identification avec celle de l'ancienne collection d'Octave Simon est due à G. François (cf. Historique), provient d'une croix processionnelle aux empattements trilobés, le prototype de croix limousine le plus raffiné élaboré au début du XIIIe siècle.
Parmi les nombreuses croix de ce type répertoriées jusqu'ici, celles de Aix-la-Chapelle, Suermondt-Ludwig Museum, inv. KK 0954, Münster, cathédrale de Saint-Paul, inv. BM 349 et Reykjavik, musée national d'Islande, inv. pjms 7032, ainsi que leur appliques, sont tellement proches de la plaque d'Avignon qu'il n'est pas hasardeux de se demander si toutes ces oeuvres furent crées au sein du même atelier.
En raison des comparaisons ci-dessus évoquées, une datation entre 1200 et 1210 peut être proposée.
Lacunes de l'émail, notamment aux extrémités supérieure et inférieure et le long du pourtour émaillé ; perte presque totale de la dorure sur la figure d'applique (probablement due à son usage comme baiser de paix) ; traces de crasse noirâtre (sans doute de la suie de cierge)
Commerce d'art en France, en 1965. Collection Octave Simon, Lyon, en 1967. Collection Marcel Puech, avant 1986. Don de Marcel Puech à l'église métropole Notre-Dame-des-Doms d'Avignon, en 1986.
Marcel Puech (1918-2001) fut un antiquaire et collectionneur d'art d'origine aveyronnaise actif à Avignon. Entre les années 1980 et 1990, il légua une grande partie de sa collection (tableaux, dessins, sculptures, tapisseries, meubles et pièces d'orfèvrerie) au musée Calvet d'Avignon.
Objet protégé, classé Monument historique par arrêté du 31 octobre 2001.
p. 35-39, ill. 37
p. 107
Photo CEM-CNRS : Corpus 8552
TOME CEM II ; Photo CEM-CNRS : Corpus 8552 ; révision GF ; information au CEM du don à l'église d'Avignon par Marie-Claude Léonelli, 1986