Plaque cruciforme à la croisée en mandorle, provenant d'une croix composée et processionnelle. Dix-huit clous, très probablement modernes, ponctuent le pourtour de la plaque.
Au centre, figure d'applique du Christ, représenté mort, les yeux fermés, la tête nimbée et penchée, les cheveux retombant de part et d'autre du visage par groupe de trois mèches. L'applique est clouée par quatre rivets à l'arbre de la Croix émaillé de vert, symbolisant l'Arbre de Vie. Au-dessus, main de Dieu bénissant et titulus inscrit dans un phylactère. Aux pieds du Christ, le crâne d'Adam.
L'applique, au modelé lisse et aux proportions allongées, est proche de celle de la croix d'Amiens, musée de Picardie, inv. M.P. 988.4.1 (UK 91593) et de celle posée sur le plat de reliure des Musei Vaticani, inv. 884 (CEM II, V A, n° 8). Ces comparaisons permettent de dater la pièce dans la première décennie du XIIIe siècle,chronologie suggérée aussi par sa palette et son répertoire décoratif, caractéristiques de cette période.
La provenance ancienne de cette plaque, des ruines d'un cimetière d'église à Ribemont, dans le Nord de la France, rend cet objet d'autant plus intéressant et enrichit la déjà ample carte de diffusion de l'Oeuvre de Limoges dans la France médiévale. La belle lithographie qui accompagne le court article d'A. Rabelle consacré à cette oeuvre, paru dans le bulletin des Mémoires de la Société Académique de Saint Quentin de 1897 (voir bibliographie), illustre la grande fascination que les émaux limousins exerçaient auprès des érudits de la fin du XIXe siècle.

IHS

Photo CEM-CNRS : Corpus 2248.