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[1819, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de Rome, 1 [...]

Statut
Publiée
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flechlei
Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a presque 3 ans)
Type de document
Description
[1819, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de Rome, 1819, peinture
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Cartellier
TITRE : Académie Royale des beaux-arts / Séance publique annuelle du samedi 2 octobre 1819 / Présidée par M. le Chevalier Bervic
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages des pensionnaires du Roi à l'Académie de France à Rome // Lu à la Séance publique de l'Académie royale des beaux-arts, du 2 octobre 1819, par M. Cartellier
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 02/10/1819
SOURCE : Leniaud, 2002, p. 537-541
Descriptions
Transcription : 
[p. 537] Messieurs, // L'Académie met au nombre de ses devoirs annuels de juger des progrès des élèves de l'École de Rome, de les encourager par ses éloges dans la route qu'ils suivent, si cette route est celle de la vérité, de les y ramener par ses avis [p. 538] lorsqu'ils s'en écartent et de communiquer au gouvernement ainsi qu'au public les résultats de ses jugements. Cette surveillance salutaire offre une garantie de l'emploi des sommes affectées à ce dernier degré de l'enseignement, un aiguillon à l'ambition des pensionnaires et une direction utile à des talents qui, prêts à entrer dans la carrière des talents formés, n'auront plus désormais à recevoir de conseils que de l'opinion publique. / Si jamais ce devoir fut doux à remplir, c'est surtout à cette époque où la voix du monarque, protecteur éclairé des beaux-arts, vient en quelque sorte de convoquer dans son palais l'assemblée générale de tous les talents qui font la gloire et la prospérité des États et, s'entourant de toutes les productions du génie de la France, en assure la reproduction par les suffrages dont il les honore, récompense encore plus flatteuse pour des Français, que les dons de sa libéralité. / L'exposition publique est en quelque sorte, dans l'ordre des travaux des beaux-arts, ce qu'est dans celui des productions de la nature, la saison de la récolte. Là, se cueillent les fruits que l'enseignement a fait germer, croître et mûrir. Il est agréable pour l'Académie chargée de veiller à cette culture, de préparer le résultat des moissons futures et de pouvoir en prédire le succès. / Son espoir n'en sera point trompé si tous les ouvrages, qui doivent compléter l'envoi de cette année répondent à ceux qui nous sont parvenus. Quelques retards dans l'envoi des morceaux de sculpture et d'architecture nous forcent à réduire le rapport actuel aux travaux de peinture, de gravure et de musique. // Les ouvrages de peinture sont au nombre de six, cinq tableaux et un dessin ou carton. / M. Vinchon a envoyé deux ouvrages : le premier est une figure d'Ajax ; le second, un carton d'une fresque représentant Jésus Christ montant au Calvaire. / M. Vinchon qui, jusqu'ici, s'est fait remarquer par un caractère de talent porté vers le genre doux et aimable, vient de montrer dans la figure de son Ajax l'intention de se prononcer d'une manière plus énergique, sous le rapport de la forme, de l'effet et de la couleur. Il y a dans le dessin de sa figure des parties bien étudiées (telles que le col et les bras). L'effet total eut été plus heureux, si le fond eût eu plus de variété dans les tons. Le point lumineux resserré sur la poitrine pourrait contribuer encore à rendre cet effet un peu exagéré. / Il faut savoir gré à M. Vinchon de s'être risqué dans l'exécution d'une fresque, genre de peinture dont il est à souhaiter que les procédés, depuis longtemps oubliés, tendent à se reproduire en France. Le carton de la fresque exécuté par lui à Rome dans l'Église de la Trinité du Mont, ne nous permet d'apprécier que le dessin, la composition et l'expression d'un ouvrage que beaucoup de motifs rendent recommandables. Le sujet Jésus Christ montant au calvaire offrait un point parallèle redoutable avec un des chefs-d’œuvre de Raphaël. Nous louerons M. Vinchon de n'avoir pas été effrayé et nous le [p. 539] louerons encore de plusieurs belles pensées dans cette composition, de quelques beaux caractères de têtes, d'un bel ajustement dans quelques figures fort expressives, et nous croyons qu'un carton n'étant pour le peintre à fresque qu'une étude préparatoire, on ne doit pas le juger à la rigueur sur ce dessin. Nous sommes persuadés et nous savons d'ailleurs que M. Vinchon a amélioré dans l'exécution de sa fresque plusieurs détails de son dessin. / M. Thomas, dans son guerrier grec mourant et renversé sur les débris d'une ville a cherché à embellir par des accessoires et des détails héroïques, l'idée d'une figure qui aurait pu n'être qu'une étude académique et qui peut-être aurait gagné à être considérée ou traitée plus simplement. Sous le rapport du dessin, sa figure laisse à désirer. Le torse paraît long et l'effet général du tableau, peut-être inspiré par le sujet, a quelque chose de terne. Cependant, nous avons retrouvé dans la forme et l'exécution de plusieurs parties de la figure des souvenirs avantageux du talent de M. Thomas. / M. Alaux a pris pour sujet le fleuve Scamandre, implorant Jupiter contre les feux de Vulcain. La forme générale a paru être assez bien celle que comporte le caractère d'un fleuve, sujet qui peut faire excuser ce qu'on trouve d'un peu lourd dans la proportion générale. Le dessin, sans être entièrement correct, et bien arrêté dans ses détails, a pourtant de belles parties : tel est le côté droit du corps. Mais cet ouvrage se recommande par un beau pinceau, par une manière de peindre large et facile. Le nu est ce qu'on appelle bien modelé, dans le torse surtout. Le caractère de la tête est d'un bon dessin, et si l'épaule et le bras gauche eussent répondu au reste, la censure n'aurait peut-être trouvé à s'exercer sur aucun des détails de cette figure. / M. Cogniet, dans son tableau d'étude de Caïn et Abel offrant un sacrifice, a mérité plus d'une sorte d'éloges. L'idée générale est heureuse. Quoique dans un tableau d'étude on soit moins exigeant sur ce qui forme l'idéal d'un sujet, il faut dire que l'auteur a conçu son ensemble avec sentiment et l'a rendu avec intelligence. Il y a du poétique dans le ciel, dans le contraste opéré par ce nuage de fumée qui se rabat sur la tête de Caïn. L'effet total est harmonieux ; la couleur a de la finesse et de la transparence. La tête de Caïn est d'une bonne expression ; la partie du torse jetée dans l'ombre est moelleuse et grassement peinte. On désirerait dans le dessin de la figure des formes plus prononcées. La figure d'Abel est ici traitée un peu comme accessoire, cependant rien n'eût empêché de donner à cet accessoire un peu plus d'importance et d'en soigner davantage le caractère. / M. Michallon nous a envoyé le premier résultat du prix fondé par le Roi en faveur du paysage. Nous devons dire que ce résultat est aussi favorable à cette nouvelle institution qu'honorable pour celui qui a le premier obtenu le grand prix de paysage. M. Michallon, loin de démentir les espérances qu'on avait conçues de son talent, les justifie d'une manière très-distinguée. Le sujet du paysage historique qu'il a choisi est la mort de Roland. L'histoire lui a fourni l'idée du site appelé encore aujourd'hui l'Enjambée de Roland. C'est un étroit défilé entre deux chaînes de montagnes, dans les Pyrénées. M. Michallon a [p. 540] exprimé ce site avec beaucoup d'harmonie. La composition y est d'un bel aspect. L'effet y est sévère sans être dur. Un pinceau ferme, une couleur vraie, des détails parfaitement rendus, tout contribue à en faire, sous le rapport de paysage un ouvrage très recommandable. Sous le rapport du paysage historique, l'auteur doit être également loué pour le caractère général du site mis en accord avec le sujet qu'il a traité. Il a paru seulement que le trait d'histoire n'était pas assez bien lié au paysage, que la cause de l'accident et de la chute de Roland n'était pas assez clairement indiquée, ce qui tient sans doute à l'éloignement du corps d'armée placé en embuscade. Du reste, les figures sont bien traitées et annoncent que M. Michallon a fait aussi en ce genre beaucoup de progrès. [...] Jeunes élèves, qui allez recevoir les couronnes que vous avez méritées, hâtez-vous de profiter de cette belle institution, qui vous fournit les moyens d'aller perfectionner vos talents sur cette terre chérie et toujours regrettée des artistes. À votre retour, vos succès ne seront point oubliés. Un gouvernement éclairé saura conserver à la France la supériorité et l'éclat des beaux-arts, par des distributions de travaux de mieux en mieux entendues. Déjà un magistrat, ami des arts, jouit de la récompense de son zèle, en voyant les ouvrages qu'il a confiés à vos prédécesseurs, contribuer d'une manière remarquable à l'embellissement [p. 541] de l'exposition publique. Continuez à vous rendre dignes de tant de bienfaits ; n'oubliez jamais ce qu'un illustre maître vous a toujours enseigné et par la parole et par l'exemple, que les beaux-arts ne sont que l'imitation de la nature, mais de la nature choisie, telle que l'ont vue ces immortels sculpteurs de l'Antiquité, et pour approcher de cette élévation, permettez-moi de vous rappeler ce qu'un de mes collègues vous a déjà si bien dit, souvenez-vous que la science sert le génie au lieu de l'entraver dans son essor.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1818-1819, tome 2, p. 18-22 (1819)
Bibliographies / archives
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
France Lechleiter