plaque médiane (élément de croix, avers)
Le Christ d’applique est cloué à la croisée ovale d’une plaque de croix par quatre trous de fixation traversant les mains et les pieds. Il se tient debout, frontalement, les bras légèrement fléchis ; il a les yeux ouverts (en perles d’émail), une couronne royale et un nimbe crucifère. Ses longs cheveux encadrent son visage, légèrement incliné. Le périzonium, noué sur la hanche gauche, descend jusqu’aux genoux presque superposés. La silhouette du Crucifié s’incurve en S, tandis que ses pieds reposent en forme de V sur le suppedaneum. Les lignes ondulées autour du cou sont peut-être une évocation d’un pectoral.
Au-dessus du Crucifié, le titulus I H̃ S et X P͂ S est gravé et doré sur un bandeau émaillé. En haut, Dextera Domini sortant des nuées ; ce motif reflète un modèle iconographique des souverains carolingiens et ottoniens. La main représente ici Dieu invisible (cf. Colossiens 1: 15) ; par son geste, Dieu confirme le pouvoir qu’il a donné à son Fils. Losanges, disques et rosettes émaillés constellent le fond de la plaque. Les couleurs des émaux n’ont pas pu être indiquées à partir de la documentation photographique, disponible uniquement en noir et blanc. Une description manuscrite dans les archives du Nationalmuseet indique toutefois la palette chromatique de la plaque : vert et jaune pour le bois de la Croix, turquoise pour le fond du titulus, et bleu foncé pour le fond des losanges, disques et rosettes polychromes (bleu clair, vert, rouge, blanc). Décor pointillé en réserve. L’applique du Christ était probablement dorée. Un rinceau de vigne parcourt le bois de la Crucifixion, symbole de la Croix de Vie et de l’Arbre de Vie. L’élément qui donne la vie est le bourgeon aux pieds du Christ, émergeant du tombeau d’Adam, dont l’iconographie est réduite à un crâne dans des losanges en forme de rochers, évocation du Mont Golgotha. Un décor pointillé en zigzag est observable le long du pourtour de l’œuvre, percée de quatorze trous de fixation.
Cette plaque appartient à une série majeure de croix limousines, représentant le Christ Roi, crucifié mais victorieux, couronné et vivant, qui succède au type iconographique du Christ souffrant, non couronné et mort. L’iconographie du Christ couronné est particulièrement répandue en Scandinavie, probablement parce que sa diffusion fut contemporaine de la construction massive d’églises dans le Nord de l’Europe au XIIIe siècle, ce qui entraina une commande importante de mobilier liturgique. Nombre de plaques et d’appliques de Christ conservées dans les pays scandinaves sont comparables à l’œuvre présentée ici. Norvège : Østfold, Sarpsborg, Borgaryssel Museum, provenant de l’église de Saint-Nicolas ; église de Røsvik (Nordland), provenant de l’église de Rørstad ; Copenhague, Nationalmuseet, inv. D7067, provenant de l’église de Jelsa (Rogaland) ; Oslo, Kulturhistorisk museum, inv. C21416. Suède : Stockholm, Historiska museet, inv. SHM 18616, provenant de l’église de Västra Broby (Scanie). Danemark : Copenhague, Nationalmuseet, inv. D991, D2398 et D321/1996, provenant de l’église de Skælskør, Seelande (cf. see Solhaug 2005: 137-150, figs. 4-6).
La simplification stylistique du mont Golgotha, caractéristique de la production post 1200, suggère une datation après 1205. La palette chromatique et l’exécution soignée de l’applique du Christ indiquent une datation avant 1220, quand le niveau qualitatif était encore élevé.
Lors de l’acquisition par le Nationalmuseet, la plaque était peinte en blanc. Suite à une lourde opération de nettoyage, toute la dorure, ainsi que la plupart des émaux ont disparu.
Couronne lacunaire.
I H S
titulus : XPS // XPS (2l/2p)
L S / 1773
pointillé
acquise par le Nationalmuseet à l’antiquaire Bolvig, lors d’une vente publique en 1888
Cl. NM = Corpus 6072.
Photo CEM : corpus 6072
Photo CEM : corpus 6072