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[1839, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de sculpt [...]

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Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1839, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de sculpture de 1839
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Institut royal de France, séance publique de l'Académie royale des Beaux-Arts, du samedi 5 octobre 1839, présidée par M. Nanteuil. Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie royale de France, pour l'année 1839, par M. Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1839
Descriptions
Transcription : 
L'Académie a toujours placé au premier rang de ses devoirs celui de rendre un compte public des travaux des pensionnaires de l'École de Rome, en y joignant le jugement qu'elle en porte. Tant de causes qui agissent sur le goût général d'un pays ou d'une époque, et qui se réfléchissent dans cette École, peuvent produire dans la marche de l'art des déviations plus ou moins graves, qu'il importe à l'honneur de cette belle institution, comme à l'intérêt même des jeunes talents sur qui reposent tant d'espérances, que la voix de l'autorité, cette voix qui n'est que celle de l'expérience, se fasse constamment entendre, pour diriger les efforts ou pour prévenir les écarts. C'est ainsi que l'Académie, tout en secondant le zèle de M. le Directeur de Rome et en s'associant à toute sa sollicitude, s'efforce de remplir la haute mission qu'elle a reçue de maintenir l'art dans une sage direction, de la prémunir à la fois contre le goût de l'innovation et contre la manie de l'imitation, ces deux écueils contre lesquels il doit toujours marcher d'un pas ferme et sûr, sans jamais dévier vers l'un ou l'autre et c'est ainsi que l'École de Rome, conduite ou ramenée, grâce à cet heureux accord des soins de son Directeur et des conseils de l'Académie dans la droite voie, qui est celle de la nature et de la vérité, peut devenir, pour tout un art qui tendrait à s'égarer, une leçon utile et un exemple salutaire. [...] M. SIMART. M. Simart, arrivé au terme de ses études, a exécuté, pour le travail de sa cinquième année, un Oreste réfugié à l'autel de Pallas. Le marbre de cette figure n'ayant pu être terminé, à cause d'une altération survenue dans la santé de l'auteur, c'est donc seulement d'après le modèle en plâtre que le public a pu être admis à juger du mérite de l'ouvrage ; et cette circonstance est déjà assez fâcheuse pour l'artiste, sans qu'elle devienne encore un sujet de reproche. Envisagée comme un Oreste, la figure de M. Simart ne rend pas complètement l'intention morale du sujet, ni par la pose, qui n'indique que l'accablement de la fatigue, ni par la tête, qui est manquée comme forme et comme caractère. Quant à la figure elle-même, elle a droit à beaucoup d'éloges ; la nature y est rendue d'une manière à la foi juste et noble ; le dessin // en est vrai, le modelé ferme, bien qu'un peu rond dans certaines parties, le travail souple, et l'exécution très satisfaisante. A tout considérer, cet ouvrage de M. Simart couronne très honorablement le cours de ses études. M. BONNASIEUX. M. Bonnassieux devait, pour le travail de sa deuxième année, une figure de bas-relief de grandeur naturelle ; il a envoyé un bas-relief de deux figures représentant Mercure endormant Argus. On regrette d'avoir à dire que la composition ne rend pas le sujet, et que, sous le rapport de l'exécution, cette sculpture manque de vérité et d'étude. On y trouve pourtant l'intelligence du bas-relief et des plans généralement bien entendus. M. OTTIN. M. Ottin, qui avait à remplir, pour sa deuxième année, les mêmes obligations, a envoyé pareillement un bas-relief de deux figures, dont le sujet est Thésée terrassant Procruste [sic], et dont la composition n'est, on doit le dire, qu'une réminiscence de beaucoup de bas-reliefs connus. Le dessin du groupe est généralement incorrect et l'exécution en est très-négligée. On insiste d'autant plus sur ces reproches, qu'avec le sentiment qu'on reconnaît dans cet ouvrage, et avec une certaine énergie dont il porte l'empreinte, on pourrait attendre de l'auteur des travaux plus dignes des dispositions qu'il annonçait. // CHAMBARD La copie du Zénon, exécutée pour son travail de première année par M. Chambard, reproduit un original qui eût pu être mieux choisi, du moins dans l'intérêt des études de l'artiste. Mais, d'ailleurs, cette figure, d'un mérite remarquable, bien que d'un ordre inférieur par rapport à tant d'autres belles statues antiques, est rendue avec soin et avec talent et l'on n'a que des éloges à donner au travail de M. Chambard. [...] En présentant ce tableau succinct, mais fidèle des travaux qui s'exécutent dans l'École de Rome, nous n'avons encore satisfait qu'à une partie de nos obligations. Un devoir plus grave qui nous resterait à remplir mais pour lequel on concevra que nous ne puissions être encore suffisamment préparés, ce serait de faire connaître les travaux de l'Académie elle-même en y rattachant ces considérations, puisées dans l'intérêt général de l'art qui entrent dans l'objet de notre institution et qui doivent faire de ce rapport annuel non pas un vain texte de satisfaction académique mais un véritable document d'utilité publique. Effectivement, Messieurs, ces discussions qui s'élèvent parmi vous sur tant de //questions d'art à l'occasion de tant de monuments ; ces rapports qui s'élaborent dans le sein de vos commissions sur tant de découvertes ou de procédés nouveaux, sur tant de livres, de traités de méthode qui sont déférés à votre jugement ; ces mémoires que vous avez demandés à vos correspondants, répartis sur tous les points du domaine de l'art, et qui déjà répondent si bien à leur zèle et à votre attente ; ces articles de votre dictionnaire, où toutes les notions qui touchent à la théorie, à la pratique et à l'histoire des arts, sont exposées avec tant de solidité et de précision ; tout ce qui remplit et anime vos séances doit être connu du public dont l'opinion, privée de guides sûrs et fidèles est trop souvent exposée à se laisser surprendre par de fausses doctrines ou imposer par des succès trompeurs. En dehors de l'Académie, tant de travaux qui lui appartiennent encore, dont le mérite atteste l'utilité de son institution et dont le succès fait sa gloire ; ces églises, ces palais, ces édifices publics de tous ordres qui se construisent ou s'achèvent sous la direction de ses architectes et qui se décorent à l'envi par la main de ses peintres et de ses statuaires ; ces estampes où le burin des graveurs, en soutenant l'honneur de notre école française, lutte avec tant de courage contre la vogue des procédés économiques, contre l'invasion des travaux faciles ; ces théâtres où le talent de ses compositeurs rivalise avec celui des maîtres de l'Italie ou de l'Allemagne, tout ce qui honore l'Académie et tout ce qui atteste la solidité de ses doctrines et l'activité de ses membres est un compte que nous devons au public et qui fait partie de notre gloire nationale. Mais pour que cet exposé de nos travaux réponde pleinement à son objet, pour qu'il renferme tout l'enseignement // qu'il peut offrir, il doit embrasser la direction entière de l'art, dans toutes les branches, dans toutes ses applications ; il doit porter la lumière partout où l'art s'exerce dans ses véritables conditions, partout où il s'écarte de ses vrais principes et sans épargner au pouvoir aucun avertissement salutaire, ni au public aucune vérité utile, il doit s'attaquer surtout à rendre le crédit à la raison, l'autorité à l'expérience et la confiance au talent. Qu'il me soit permis, en finissant, de m'adresser à ces jeunes artistes qui vont recevoir leurs premières couronnes. Vous voyez où vous a conduit la persévérance dans cette voie laborieuse où vous êtes entrés, guidés par cet instinct du talent qui s'égare quelquefois où vous avez marché, dirigé par le savoir qui ne trompe jamais. En recevant ici, sous les yeux de vos condisciples et de la main de vos maîtres cette couronne, prix de tant d'études, objet de tant de voeux et gage de tant d'espérances, vous jouissez déjà en idée de l'hospitalité que l'État destine à ses enfants, de cette hospitalité si noble, si généreuse, dont il n'y a pas un autre exemple au monde. Vous allez bientôt vous trouver au sein de cette Rome où subsistent tant de monuments de la puissance antique et du génie moderne ; vous habiterez cette villa Médicis où vous serez entourés de tant de souvenirs du plus beau siècle des arts. Dans cette magnifique et studieuse retraite, vous n'aurez plus pour maître que les chefs-d'oeuvre de tous les âges ; mais vous trouverez encore dans ces grands monuments de l'esprit humain, la leçon de vos premières années, cette leçon qui n'est nulle part si sensible, plus imposante qu'à Rome : c'est que le temps ne consacre que ce qu'il produit ; c'est que le talent ne peut se passer de l'étude ; c'est que le génie même n'est rien sans le travail. Prenez donc ici devant l'État qui vous adopte en présence du pays qui vous contemple, l'engagement sacré de profiter de ce grand enseignement que donne la ville éternelle et après ces cinq années que vous allez passer à Rome et qui seront, soyez-en sûrs, les plus belles de votre vie, puisqu'elles sont remplies par l'étude et animées par l'espérance avec la patrie et la gloire en perspective, revenez riches à la fois d'expérience et d'avenir, rendre à votre pays tout ce qu'il a fait pour vous et à l'art ce qu'il attend de vous.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1838-1839, tome 12, p. 1-19 (1839)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1839, sculpture£ Notice créée le 06/03/2003. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Hélène Marraud.
Rédacteur
Hélène Marraud