Skip to main content

[1839, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1839, pe [...]

Statut
Publiée
Contributeur
system
Dernière modification
02/12/2021 10:46 (il y a environ 3 ans)
Type de document
Description
[1839, peinture, rapport Institut primitif]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1839, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages des pensionnaires. Rapports sur les ouvrages envoyés de Rome par les élèves pensionnaires de l'Académie royale de France pendant l'année 1839
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1839
Descriptions
Transcription : 
[ajouté : M. Fontaine] L'Académie a toujours placé au premier rang de ses devoirs celui de rendre un compte public des travaux des pensionnaires de l'École de Rome en y joignant le jugement qu'elle en porte. Tant de causes qui agissent sur le goût général d'un pays ou d'une époque et qui se réfléchissent dans cette école peuvent produire dans la marche de l'art des déviations plus ou moins graves qu'il importe à l'honneur de cette belle institution, comme à l'intérêt même des jeunes talents sur qui reposent tant d'espérances que la voix de l'autorité, cette voix qui n'est que celle de l'expérience se fasse constamment entendre pour diriger les efforts ou pour prévenir les écarts. C'est ainsi que l'Académie tout en secondant le zèle de M. le Directeur de Rome et en s'associant à toute sa sollicitude s'efforce de remplir la haute mission qu'elle a reçu de maintenir l'art dans une sage direction, de le prémunir à la fois contre le goût de l'innovation et contre la manie de l'imitation, ces deux écueils contre lesquels il doit toujours marcher d'un pas ferme et sûr, sans jamais dériver vers l'un ou l'autre et c'est ainsi que l'École de Rome conduite ou ramenée grâce à cet heureux accord des soins de son directeur et des conseils de l'Académie dans la droite voie qui est celle de la nature et de la vérité peut devenir pour tout un art qui tendrait à s'égarer, une leçon utile et un exemple salutaire. / Peinture / Quatre tableaux d'étude, une copie d'après la fresque de Raphaël, une esquisse et un paysage composent l'envoi de cette année en peinture. Ce qui frappe au premier aspect dans ces peintures, c'est une certaine couleur générale qui semble trahir une de ces tendances systématiques, aussi contraire au véritable but de l'art, que nuisible au développement naturel du talent des artistes. Déjà l'année dernière, l'Académie avait remarqué cette disposition avec inquiétude et elle l'avait signalé avec franchise ; en la retrouvant plus prononcée [rayé : cette année] encore, dans l'envoi de cette année, c'est pour l'Académie un devoir plus impérieux d'insister avec plus de force sur les avis qui n'ont pas produits l'effet qu'elles avaient droit d'attendre. M. Roger, pour sa cinquième et dernière année devait un tableau d'histoire de sa composition, de plusieurs figures de grandeur naturelle. Il a pris pour sujet la Prédication de saint Jean. Ce sujet, bien choisi, prêtait à de beaux mouvements ; mais on regrette d'avoir à dire que, dans la manière dont il est rendu, il n'est pas suffisamment senti. Sans doute envisagée sous le point de vue purement pittoresque, la composition ne manque pas de mérite ; les figures sont généralement bien placées et groupées avec intelligence ; la figure du saint est bien conçue, et sa tête offre bien le caractère qui convient au sujet. Mais, sous un rapport plus important, sous celui de l'effet moral, le tableau de M. Roger laisse beaucoup à désirer ; il y règne trop de froideur dans la composition ; on y voudrait plus d'émotion sur le visage et dans l'attitude des personnages, qui se montrent trop tranquillement assis et debout, comme s'ils assistaient à une scène indifférente. L'exécution a sa part du même reproche ; la couleur des chairs, celle des draperies et celle du terrain offrent une égalité de ton, qui nuit beaucoup à l'effet du tableau ; et ce défaut est surtout sensible dans la disposition du fond, dont le ton est de la même valeur que les ombres du reste du tableau. En insistant sur ces défauts, dont la plupart peuvent aisément se corriger par une harmonie de couleurs mieux entendue, l'Académie ne remplit pas seulement un devoir impérieux, elle croit donner un témoignage réel d'intérêt à l'auteur d'un ouvrage qui se recommande, d'ailleurs, par des qualités très estimables, et qui offre, par comparaison avec celui de l'année dernière, un dessin plus grand, plus empreint de caractère historique. / M. Jourdy pour sa quatrième année, devait la copie d'un tableau ou de fragments peints d'après un grand maître ; il envoyé celle d'un groupe de quatre figures, tiré des fresques de [la] Farnésine. Sous quelques rapports, ce choix de l'artiste pourrait donner lieu à plus d'une observation ; mais l'exécution du travail, considéré en lui-même, a paru aussi satisfaisante qu'on pouvait le désirer. On voudrait pouvoir en dire autant de l'esquisse du même artiste, qui représente le Christ retirant des limbes les âmes de justes morts sans baptême ; mais cette esquisse est tellement faible, sous tous les rapports, que, pour tout avertissement, l'Académie croit devoir se borner à inviter M. Jourdy à se mieux pénétrer des obligations prescrites aux pensionnaires, en ce qui concerne l'esquisse, qui doit offrir la pensée et l'espérance d'un bon tableau. / M. Papéty a envoyé, pour sa deuxième année, une figure de femme couchée dans un appartement décoré à la manière antique. La figure est bien modelée et bien dessinée ; le torse est peint avec talent, et il règne, dans toute cette [rayé : composition ; mis à la place : figure], une souplesse de dessin et une grâce d'exécution très dignes d'éloges. Mais, en même temps, on regrette qu'il y ait de la monotonie dans la couleur, et qu'en particulier, les extrémités se montrent privées de chaleur et de vie. Il est fâcheux aussi que l'effet général soit détruit par le ton noir et lourd du fond, où l'on trouve encore à reprendre la petite figure qui semble plutôt peinte sur ce fond, qu'elle n'apparaît comme une figure réelle. Malgré ces défauts, qui tiennent à un reste de manière, dont l'artiste fait de louables efforts pour se dégager, l'Académie aime à signaler, dans cet ouvrage de M. Papéty, un progrès réel et une amélioration marquée sur son précédent envoi. [ajouté en marge : M. Basset] / M. Blanchard, qui avait à remplir, pour sa deuxième année, les mêmes obligations, n'a malheureusement pas droit aux mêmes éloges. Le sujet de sa figure est Hercule reprenant les bœufs que Cacus lui avait dérobés. Le principal défaut de ce tableau, c'est que la composition en est empruntée d'un bas-relief antique qui s'applique mal à la peinture. D'ailleurs, la figure, sans se recommander par le modelé, pèche par le dessin ; la couleur en est froide, et le ton lourd. Il y a pourtant quelque chose de large dans l'effet de ce tableau ; et l'Académie se plaît à y reconnaître, dans l'exécution de la figure comparée à celle de l'année dernière, des progrès qui permettent d'en espérer de plus sensibles. M. Murat a envoyé, pour la première année, un tableau de deux figures, dont le sujet est pris de l'histoire de Tobie. C'est surtout à ce point de leur carrière, lorsqu'ils en sont aux premiers fruits de leur séjour à Rome qu'on doit aux jeunes artistes des avertissements sévères. On dira donc à M. Murat que sa composition pèche doublement, en ce que le caractère du récit biblique n'y est pas rendu, et que, sous le rapport pittoresque, elle est maladroite. Le groupe manque de naïveté dans l'exécution ; le mouvement de Tobie est faux, et la figure n'est pas étudiée. A côté de ces défauts, qu'il est de son devoir de signaler, l'Académie, [ajouté : qui] voudrait toujours trouver quelque chose à louer, se plaît à reconnaître une certaine franchise d'effet dans le tableau de M. Murat. / M. Buttura qui se trouve dans le même cas que le précédent, c'est-à-dire à sa première année ne sera pas surpris de recevoir au même titre des conseils où l'intérêt de l'Académie s'exprime avec une égale sévérité. Le travail de ce pensionnaire a pour sujet une Vue du val d'Enfer, lieu de retraite de saint Benoît près de Subiaco. On ne saurait dire que [rayé : la vue] l'aspect général de ce paysage ne soit pas jusqu'à un certain point satisfaisant par un air de vérité locale. Mais ce qu'on y regrette, c'est que la représentation du site ne soit pas suffisamment exacte. Les premiers plans manquent de ton et d'effet, les arbres sont mal étudiés. En général ce tableau manque d'air et on n'y reconnaît aucune des combinaisons qui tendent à mettre chaque objet à sa place. Ce n'est donc point là on le dit avec regret, mais avec la confiance que ces conseils ne seront pas perdus, une de ces études de paysage rendues avec toute l'intelligence et exécutée avec tout le soin qu'on est en droit d'attendre du talent de M. Buttura.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 5 E 28
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1839, peinture£ Notice créée le 03/09/2002. Notice modifiée le : 18/09/2017. Rédacteur : Anne-Blanche Stévenin.
Rédacteur
Anne-Blanche Stévenin