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[1893, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de peinture de 1893TYPE : rap [...]

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Dernière modification
02/12/2021 10:46 (il y a environ 3 ans)
Type de document
Description
[1893, peinture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport sur les envois de peinture de 1893
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Moreau, Gustave
PAGE DE TITRE : Séance du 8 juillet 1893. M. Gustave Moreau donne lecture, au nom de la section de peinture, du rapport sur les envois de MM. les pensionnaires peintres
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 08/07/1893
COMMENTAIRE : le rapport sur les envois de peinture de 1893 conservé dans les archives de l'Académie de France à Rome (carton 131, folios 1-6) est identique à la version du procès-verbal de l'Institut.
Descriptions
Transcription : 
[p. 430] M. Laurent, pensionnaire de quatrième année, envoie un tableau représentant "Saint François d'Assise en prière". La scène se passe dans un paysage fermé par de hautes montagnes. Au fond de la vallée se dessine le lit desséché d'un torrent ; un mince filet d'eau reflète le ciel. L'ensemble du paysage baigne dans une sphère grise. Au premier plan, sur un sentier qui descend, Saint François s'est agenouillé. Les bras étendus vers le ciel, il prie. Dans l'air, un groupe d'anges passe et l'écoute. Sur ce sujet d'un choix heureux, M. Laurent a composé un tableau qui dénote chez son auteur des qualités réelles de finesse et de distinction. La silhouette du saint est bonne, et son geste a tout le sentiment et l'onction désirables. Toutefois sa tête et ces draperies sont un peu indécises et manquent d'accent. Un peu plus [p. 431] de précision dans le rendu de la figure principale n'eût rien compromis du caractère séraphique, propre à celle-ci et pour s'en convaincre, M. Laurent n'aurait eu qu'à s'inspirer des maîtres qui ont décoré ce sanctuaire d'Assise, maîtres chez lesquels la précision l'affirmation des physionomies, des gestes et des ajustements ne nuisent pas à l'expression de poésie pénétrante qui fait le grand charme de leurs oeuvres. Les trois anges sont la partie faible du tableau, leur masse malgré la légèreté de l'exécution est d'une silhouette lourde. Les gestes de ces figures sont sans signification, les draperies indécises et l'ensemble de ce groupe est empreint d'un modernisme déplacé dans un sujet aussi élevé. Le paysage est bien disposé, il fait aux figures un fond d'une grande douceur et d'une grande simplicité, les premiers plans sont particulièrement bien traités, toutefois dans son ensemble on peut reprocher à cette toile une exécution trop égale, l'emploi d'un travail systématiquement hachuré répand sur toute l'oeuvre une monotonie fâcheuse. Ce procédé appliqué au rendu des figures comme à celles du premier plan donne au tableau de M. Laurent un aspect cotonneux et inconsistant. Ces réserves faites l'Académie ne peut que louer ce pensionnaire du sentiment général qui se dégage de son oeuvre et tout en regrettant certains partis pris d'exécution, le félicite d'avoir tenté la réalisation d'un idéal élevé plutôt que d'être descendu aux recherches d'un réalisme vulgaire. M. Thys, pensionnaire de troisième année envoie une copie d'après le tableau de Rubens conservé dans l'église Saint Jacques à Anvers et une esquisse peinte. L'Académie tenant compte à M. Thys des louables efforts qu'il a fait jusqu'à ce jour pour remplir régulièrement ses engagements ne peut que se montrer très indulgente pour les faiblesses et les incorrections qu'elle relève dans ces deux envois. Elle espère que dans son tableau de quatrième année ce pensionnaire saura développer les qualités que faisaient prévoir ou avaient déjà rendu sensibles ses précédents envois. Envoi de première année / Le règlement demande aux peintres pensionnaires de première année une figure. L'Académie exprime [p. 432] le regret que M. Devambez n'ait pas cru devoir se conformer à cet article. En effet si ce pensionnaire s'était borné à faire ce qui lui est demandé, il eut pu, dans une simple étude, acquérir et développer des qualités d'exécution qui manquent au tableau qu'il expose. Les recherches d'effet auxquelles il semble s'être particulièrement attaché, quelque réussies qu'elles soient dans certaines parties, ne dissimulent qu'imparfaitement les faiblesses de dessin et de modelé. Quoiqu'il en soit, le sujet s'explique mal et si l'on n'était averti que le tableau représente " l'Enfant prodigue " rien dans le caractère ni dans l'arrangement des figures ne pourrait le faire comprendre. Dans la figure principale, il y a assurément la recherche d'un sentiment profond, mais la construction de cette figure est bien imparfaite et l'ajustement des draperies bien insuffisant. Si on peut louer la puissance de la coloration on peut regretter aussi certaines lourdeurs de tons qui rendent par endroits les autres impénétrables. Enfin le groupe des personnages secondaires où se remontrent des morceaux d'un bon effet, est d'une composition confuse. L'ensemble de l’œuvre quoique lourd et étouffé indique chez son auteur l'entente d'un tableau : c'est là certainement sa plus grande qualité. A son tableau, M. Devambez a joint l'envoi d'un dessin d'après la mise au tombeau de Michelange de Caravage également faible de rendu et dans lequel il semble s'être plus préoccupé de reproduire une photographie de l’œuvre que d'en rendre le caractère puissant et original. Il est à souhaiter que M. Devambez qui, dans son tableau de concours comme dans son premier envoi de peinture, a fait preuve de qualités très personnelles, n'oublie pas qu'il a été envoyé à Rome non avec le devoir de faire dès à présent des tableaux pour l'exécution desquels il n'est pas suffisamment armé encore, mais pour étudier sincèrement et naïvement la nature et les maîtres et acquérir ainsi les qualités de goût et d'exécution qui pour l'instant lui font défaut. Envoi de première année / M. Lavalley, pensionnaire de première année envoie un tableau intitulé la mère du genre humain, Eve réfugiée dans une grotte presse sur son sein ses deux enfants. Ce tableau s'accuse tout d'abord d'un effet assez pittoresque et d'une répartition de la lumière bien conduite. L'ensemble du groupe a de la tenue et on peut louer l'invention des deux figures d'enfants [p. 433] dont les caractères sont bien indiqués, Abel doux et confiant, Caïn déjà haineux. La figure d'Eve est moins heureuse ; elle manque de délicatesse dans le dessin et l'on y rencontre plus d'une faute de construction, particulièrement dans les jambes. Quelques parties, les mains entre autres, sont d'une coloration vulgaire, l'aspect de l'ensemble est bitumeux et la facture parfois lourde. Mais il y a dans ce tableau un côté de sauvagerie qui est assez bien exprimé, par exemple l'allure de la femme qui semble une bête fauve protégeant ses petits et qui excuse dans une certaine mesure les brutalités de l'exécution. Tout en rendant justice aux qualités d'effet qui distinguent cette toile, on peut regretter que M. Lavalley, plus ému devant la nature ne l'ait pas consulté, étudié avec plus de pénétration et de respect. M. Lavalley envoie en outre un dessin, un fragment de copie et une étude peinte. Le dessin d'après l'antique torse de femme est absolument insuffisant et exécuté avec une très regrettable négligence. Dans le fragment de copie d'après Pinturicchio, M. Lavalley s'est attaché surtout, et bien à tort, a rendre les cassures et l'aspect superficiel de l'original. Enfin son étude peinte d'après le Mercure de Jean de Bologne, quoiqu'un peu creuse de ton, est d'une exécution assez satisfaisante, mais le fond avec sa facture mécanique et conventionnelle est d'une fâcheuse faiblesse de coloration et ne rappelle en rien les végétations sombres et puissantes du jardin de la Villa Médicis.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 18, p. 430-433
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1893, peinture£ Notice créée le 19/06/2002. Notice modifiée le : 07/04/2017. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter