Masque votif comique
Ce masque possède une bouche ouverte, un nez légèrement aquilin plus large au centre, des yeux écarquillés, mais peu détaillés, et des sourcils proéminents et arqués , le visage est est surmonté d'un onkos semi-ovoïde plat. Sur celui-ci, la chevelure bouclée est représentée par de nombreuses bosses et bulbes se détachant de la surface. Un sillon sépare le visage du fond. L’arrière est moins travaillé, lissé seulement grossièrement. En partie haute, deux trous de suspension ont été pratiqués avant cuisson. L’intérieur porte une dépression correspondant au visage sur la face antérieure. Des traces de façonnage au doigt sont bien visibles sur l’autre inférieure arrière. Des traces de fond blanc subsistent dans les creux, et des traces de couleur rouge-ocre au fond de la bouche, sur l’œil droit, par pointes dans la chevelure. Les empreintes digitales du modeleur sont visibles sur la face arrière non lissée. |
On reconnaît dans ce masque un Oulos neaniskos, un des types de jeune homme de la nouvelle comédie que cite Julius Pollux parmi les personnages comiques. Ce philologue du 2e siècle nous a laissé dans son Onomastikon, une sorte de dictionnaire du grec ancien, la liste de ces personnages types, qui correspondent chacun à un masque. Julius Pollux liste 44 masques pour la comédie, qu’il divise en cinq groupes (les vieillards, les jeunes hommes, les esclaves, les vieilles femmes et les jeunes femmes). D’après lui, les vieillards (gerontes) portent toujours la barbe, attribut qui les distingue des jeunes hommes (neaniskoi). Un seul vieillard est glabre, comme c’est le cas de ce masque — le xyrias — mais celui-ci est bien un jeune homme. Pollux décrit l'Oulos neaniskos comme étant hyperonkos — avec un grand onkos, ce grand rebord qui entoure les masques de théâtre et porte souvent les cheveux des personnages —, et c’est donc à son onkos particulièrement haut qu’on reconnait ce personnage, décrit comme arrogant et violent. L’exemplaire collecté par Muret est particulièrement proche d’un masque du Louvre, découvert à Myrina et datant du 1er siècle av. J.-C., et d’un autre du musée de Tarente. Comme dans le cas du masque de Leukos Aner, les trous de suspension à l’arrière de cet objet permettent d’en proposer une datation plutôt vers la fin de l’époque hellénistique. En effet, L. Bernabò Brea ne mentionne aucun trou de suspension pour les masques du 3e siècle av. J.-C. qu’il a étudiés à Lipari. Or dans les peintures pompéiennes, des masques étaient suspendus entre les colonnes des péristyles entourant les jardins à l’intérieur des maisons ; on peut penser que les trous à l’arrière de cet objet avaient une destination analogue, et donc proposer une datation des 2e-1er siècles av. J.-C.
Bibliographie : L. Bernabò Brea, Le maschere ellenistiche della tragedia greca, Naples, 1998.
Auteur : Euan Wall
n°71c p.108-109.
n° 253