Carducho, Vicente
Peintre d'origine italienne, il se fixa en Espagne, où il arriva à l'âge de neuf ans avec son frère Bartolomé (Florence 1560 – Madrid 1608) peintre à l'Escorial, et se forma sous sa direction.
Il est la figure la plus influente du monde artistique madrilène avant la venue de Velázquez. Peintre du roi depuis 1609, il reçoit de nombreuses commandes pour le Pardo, le couvent de la Encarnación et l'Alcazar de Madrid avec Cajès, il décore le Sagrario de la cathédrale de Tolède. Très en faveur sous Philippe III, il fut supplanté par Velázquez auprès du nouveau roi. Il vécut dès lors un peu à l'écart, se consacrant au grand ensemble qui devait décorer le grand cloître de la chartreuse du Paular (1626-1632) : scènes de l'histoire de l'ordre, visions, miracles, depuis sa fondation par saint Bruno jusqu'aux persécutions subies pendant les guerres religieuses du xvie s. Son style, proche de celui des artistes toscans de sa génération (Ludovico Cardi, dit Cigoli), unit la tradition académique et les débuts du naturalisme à un souci de la couleur hérité des Vénitiens. On connaît un certain nombre d'esquisses peintes (Louvre, musée d'Édimbourg). Les 56 toiles qui constituent son œuvre maîtresse ont été malheureusement réparties entre une vingtaine de musées et d'édifices publics. Carducho est, avant Zurbarán, le grand pourvoyeur des ordres religieux, franciscains, trinitaires, moines de la Merci. Son art probe et savant est souvent un peu froid ; néanmoins, la sincérité du sentiment, la qualité des blancs, le sens du paysage, voire l'emploi timide des procédés ténébristes (en dépit de sa défiance envers Caravage) conservent à son œuvre abondante un intérêt très vif. Il écrivit un ouvrage théorique : Diálogos de la pintura (Madrid, 1633), qui est l'un des plus importants de l'époque en Espagne.
[notice de l'Encyclopédie Larousse]