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Commentaire biographique

Le docteur Albert Boyer est né le 18 mars 1839 à Villefort (Lozère) (AM Commercy, 404W72). Il fait ses études au collège de Perpignan (Pyrénées-Orientales) puis est étudiant en médecine à la faculté de Paris. Il devient l’un des premiers internes des services de Lariboisière aux Hôpitaux de Paris. Il est reçu docteur en 1867, et son dévouement pendant une épidémie de choléra lui vaut la remise de ses frais d’examen (AM Commercy, 305W1). Il s’installe à Sarreguemines (Moselle) de 1867 à 1869, puis à Commercy (Meuse) dès 1869. Il épouse à Puttelange (Moselle), le 12 août 1867, Élise-Madeleine dite Marie Thiébaut, dont il divorce le 12 août 1885 (AM Commercy, 305W1).

En 1870, pendant la guerre, il s’engage et est envoyé à Verdun. Durant le siège de la ville, il fait face à une épidémie de fièvres typhoïdes. En 1871, il est envoyé à l’hôpital des Haras de Perpignan, puis revient à Commercy la même année. Le docteur Boyer occupera de nombreuses fonctions honorifiques jusqu’à la fin de sa vie : médecin des épidémies, médecin légiste, médecin de l’hôpital de Commercy puis chirurgien, médecin du chemin de fer, membre du Conseil d’hygiène, officier d’Académie, président du Syndicat des médecins de la Meuse (AM Commercy, 305W1).

Malade à la fin de sa vie, il décède le 13 novembre 1911 à Commercy. Il lègue ses collections à la ville et ses instruments chirurgicaux à l’hôpital Saint-Charles de Commercy. Il souhaite que ses collections servent à créer un musée (AM Commercy, 8W20). Catherine Beckrich-Hudelot (1855-1913), sa bonne, qui l’a assisté de 1893 jusqu’à sa mort, devient sa légataire universelle en remerciements de ses services (AM Commercy, 8W20). Cette dernière enrichit les collections du docteur Boyer jusqu’au 15 juin 1913, date de sa mort (AM Commercy, 404W73).

Constitution de la collection

Les collections du docteur Boyer sont connues de son vivant puisque le sous-préfet de Commercy évoque à l’enterrement de ce dernier « la richesse de son petit musée de la rue Colson, collections bien connues, et combien appréciées des amateurs de la région » (AM Commercy, 305W1). La constitution de la collection n’est cependant pas documentée. Les archives municipales ne possèdent qu’un mémorial (AM Commercy, 305W1) et son testament olographe réalisé le 19 octobre 1909 (AM Commercy, 8W20). Ce dernier document, peu détaillé, donne un aperçu de la collection en 1909 :

Œuvres picturales

63 dessins, tableaux, gravures d’auteurs variés comme Jacques Callot (1592-1635), Jacob Philipp Hackert (1737-1807), Georges Appert, Brueghel (sans préciser lequel), Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), Edmond Petitjean (1844-1925), Paul Eugène Goepfert (1849-?), Léon Calves (1848-1923).

La plupart des œuvres restent anonymes et les attributions sont difficiles à vérifier.

Œuvres en bronze

47 œuvres en bronze.

Là aussi, la plupart des œuvres restent anonymes hormis quelques noms comme Auguste de Wever, Albert Foretay (1861-1944) et Adrien Gaudez (1845-1902). Les sujets sont variés : sculpture animalière, personnages célèbres ou anonymes, mythologie. On retrouve aussi quelques pièces asiatiques comme un « chauffoir japonais » ou « une divinité hindoue » (AM Commercy, 8W20).

Faïences

Environ 145 pièces, principalement de la vaisselle, et majoritairement européenne bien qu’on retrouve quelques pièces asiatiques. Huit plats de l’école de Bernard Palissy (1510-1589) sont également à signaler. Il s’agit de suiveurs du XIXe siècle.

Armes

Plusieurs centaines de pièces d’époques et d’origines diverses : européenne, asiatique, américaine, africaine… On trouve des armes blanches, des armes à feu, mais aussi des pièces d’armure et d’équipement.

Ivoires

On retrouve environ 250 pièces dans l’inventaire de 1909 : des sculptures, des objets utilitaires ou décoratifs, des scènes religieuses. Les ivoires du docteur Boyer n’ont pas de thématique précise : elles sont disparates, diverses et marquées par un goût immodéré pour le pastiche. La plupart ne remontent pas à des époques très anciennes (Gonse F., 2005, p. 16). « Le fonds Boyer réunit une grande variété d’objets majoritairement européens mais incluant également des provenances africaine et asiatique. L’origine des pièces se superpose à peu près à la carte de l’empire colonial français, qui connaît [entre les années 1880 et 1900] sa plus large expansion » (Pagnotta P., 2002, p. 16).

Les ivoires semblent être une des collections auxquelles le docteur Boyer apporte le plus d’attention. La Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, qui a visité ses collections le 11 juillet 1911, écrit dans son bulletin qu’elles « renferment beaucoup de curiosités et nous furent présentées avec une inlassable obligeance par son propriétaire, amateur aux goûts très éclectiques, mais dont les recherches les plus justement estimées se sont surtout portées sur les ivoires » (AM Commercy, 305W1).

Les pièces suivantes figurent sur l’inventaire après décès de Catherine Beckrich mais pas sur celui du docteur Boyer. Elles semblent donc avoir été apportées aux collections par cette dernière :

Porcelaines

71 pièces, dont 23 biscuits de Sèvres. On y trouve des sujets mythologiques et historiques, des boîtes, des vases. Certaines pièces sont d’après Paul-Louis Cyfflé (1724-1806). Quelques pièces japonaises sont signalées : une cruche et une tasse, deux coupes dont une montée sur bois. L’inventaire n’est cependant pas suffisamment détaillé pour déterminer l’origine de l’ensemble des pièces.

Œuvres en verre

Catherine Beckrich lègue une collection de 52 pièces en verre, dont certaines d’Émile Gallé (1846-1904) ou de la manufacture Daum.

Sculptures

Collection composée de 16 marbres et de 12 terres cuites. Si certains auteurs sont nommés, la plupart des pièces restent anonymes et non datées. On signalera cependant deux vases et trois colonnes censés provenir d’un forum romain.

Cuivres

7 pièces variées : aiguières, vases, plats, miroir et sculptures.

Jades

Le principal apport en art asiatique de Catherine Beckrich, composé de sept pièces dont un vase, un cachet, une marmite et quatre pièces non identifiées lors de l’inventaire.