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Commentaire biographique

Petit-fils du roi Louis XV (1710-1774), le jeune prince Louis Stanislas Xavier de France reçut à sa naissance, le 17 novembre 1755 à Versailles, le titre de comte de Provence. Ses parents, le dauphin Louis de France (1729-1765) et la dauphine Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767), décelèrent rapidement chez l’enfant sa vivacité d’esprit. Il épousa dans la chapelle royale du château de Versailles la princesse Marie-Joséphine-Louise de Savoie (1753-1810), mais le couple n’eut pas d’enfant.

Doté d’un goût pour le faste et le cérémonial, le comte de Provence, dit « Monsieur », était un prince philosophe. Il demeura l’héritier présomptif du trône de France, jusqu’à la naissance de son neveu, le dauphin, en 1781. Il joua un rôle politique ambigu vis-à-vis de son frère, Louis XVI (1754-1793), et il essaya par tous les moyens d’attirer autour de lui tous les grands personnages de la Cour pour échapper à sa condition de simple cadet et satisfaire toutes ses ambitions (Rose P., 2013).

À l’aube de la Révolution, il jouissait d’un train de vie fastueux et occupait une position stratégique. En octobre 1789, il accompagna Louis XVI et la famille royale lors de leur départ forcé de Versailles en octobre 1789, et il s’installa dans l’hôtel du Petit Luxembourg à Paris. Il émigra avec la comtesse de Provence en juin 1791, aux Pays-Bas autrichiens, puis dans toutes les Cours d’Europe. Après la chute du Premier Empire, il monta sur le trône de France avec l’avènement de la Restauration en 1814, sous le nom de Louis XVIII et il régna jusqu’à sa mort survenue au palais des Tuileries, le 16 septembre 1824.

Constitution de la collection

Le comte de Provence était un collectionneur avisé d’objets d’art plutôt que de peintures ou de sculptures, goût qu’il partageait avec son épouse, Marie-Joséphine-Louise de Savoie. Monsieur disposait de somptueux appartements très richement aménagés et décorés, tant dans les résidences royales (Versailles, Fontainebleau, Marly, Compiègne) que dans ses demeures personnelles, au château de Brunoy (Essonne) ou au palais du Luxembourg, à Paris. Il possédait aussi le château de Grosbois à Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne) et le pavillon de Balbi édifié en 1785 pour sa favorite, près du potager du Roi à Versailles.

La description de tous ses biens inventoriés pendant le Révolution (AN/O2 470) révèle un goût prononcé pour les porcelaines de Sèvres à décor chinois, des objets de curiosité de l’« empire du Milieu » à travers une réunion de « huit figures de chinois pédestres en terre cuite et peints en coloré et rehaussé or en quelques parties des vêtements et draperie, têtes mobiles », quelques importantes garnitures de vases en porcelaine de Chine enrichies de montures en bronze ciselé et doré (musées des châteaux de Versailles et de Trianon et collections particulières). La bibliothèque du comte et de la comtesse de Provence conservait plusieurs ouvrages et récits sur la Chine, dont une édition de la Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’Empire de la Chine et de la Tarrarie chinoise de Jean-Baptiste Du Halde (1674-1743), ou encore l’Histoire générale de la Chine ou Annales de cet Empire…, par Joseph-Marie-Anne de Moyriac de Mailla (1669-1748) [Paris, Bibliothèque nationale de France et Versailles, Bibliothèque municipale].

Pour son ameublement, le comte de Provence acheta sur sa cassette personnelle des meubles à la dernière mode en marqueterie, puis en acajou souvent auprès de l’ébéniste Jean-Henri Riesener (1734-1806). Dans les maisons royales, le Garde-Meuble de la Couronne mit à sa disposition quelques pièces d’ébénisterie française plaquées de panneaux en laque d’Extrême-Orient. En 1787, pour le Cabinet intérieur de son vaste appartement situé à l’extrémité de l’aile du Midi à Versailles, il reçut l’exceptionnel grand bureau plat garni de panneaux en laque de Chine à fond rouge, livré le 29 décembre 1759, pour le service de Louis XV à Versailles par l’ébéniste Gilles Joubert (New York, Metropolitan Museum of Art, collection Wrightsman) [Kisluk-Grosheide D., 2006].