L’INHA développe des outils mettant à disposition des chercheurs la matière documentaire nécessaire à leurs travaux. L’un de ces outils concerne la création d’une base de données inventoriant les 2 490 dessins de l’architecte Charles Percier conservés parmi les manuscrits de la bibliothèque de l’Institut de France. L’œuvre de Percier s’avère d’un intérêt fondamental pour l’histoire de l’architecture, et ceci non seulement en raison de l’étendue et de la variété de sa production, mais aussi pour sa place dans l’histoire. En effet, le tandem formé par Charles Percier (1764-1838) et Pierre Fontaine (1762-1853) constitue un pont entre l’Ancien Régime et le XIXe siècle, entre le patrimoine classique et les nouvelles catégories fonctionnelles et techniques. Leur activité reflète de manière exemplaire ce changement de paradigme. Les impulsions fondamentales lancées par les deux architectes au cours de cette période charnière dans les domaines de l’histoire de l’architecture, de la restauration et de l’enseignement sont indéniables. En dépit de l’intérêt croissant, durant les dernières décennies, pour l’architecture du XIXe siècle, la bibliographie relative à cette œuvre-clef reste succincte. Cette lacune est l’une des raisons pour lesquelles la discipline de l’histoire de l’art a parfois surévalué la rupture existant entre la fin du XVIIIe siècle et les transformations intervenues au siècle suivant. L’étude globale de cette œuvre constitue donc un apport fondamental pour l’histoire culturelle. La dimension européenne de l’activité de Percier et Fontaine éclaire également les modalités de migration des cultures, des typologies et des formes lors d’une période d’importantes mutations.
Le dossier monumental de Percier et Fontaine n’a pas suscité plus tôt d’études d’ensemble car les dessins et les documents relatifs à leur activité sont aujourd’hui dispersés dans de multiples centres d’archives, bibliothèques ou musées en France, en Allemagne, en Espagne, aux États Unis, en Pologne, en Russie et d’autres pays encore. De nombreuses œuvres se trouvent également dans des collections particulières. Du point de vue des sources graphiques et de l’approche du corpus, l’œuvre de Percier peut être plus aisément appréhendée que celle de Fontaine. En effet, la dispersion des sources concerne surtout Fontaine, tandis que la très grande majorité des dessins de Percier figure dans quinze volumes reliés sous la direction de l’architecte lui-même et conservés à la bibliothèque de l’Institut. La cohérence de ce fonds a permis à l’équipe de l’INHA d’en mener l’inventaire. Outre la mise à disposition des caractéristiques techniques de chaque croquis, ce travail, dont la première étape s’est terminée en décembre 2012, a permis d’identifier ou de compléter les identifications d’un nombre très important de dessins jusqu’alors non légendés. Ainsi, les voyages de Percier en France et en Italie s’en trouvent précisés, de même que les types d’édifices ou d’ensembles architecturaux auxquels il s’intéressait tout particulièrement. Parmi ce corpus conséquent, près des 4/5e concernent l’Italie, avec près de 1300 dessins de Rome et du Vatican. Les croquis réalisés entre 1786 et 1791 lors du séjour italien de Percier constituent donc la plus grande partie du fonds. Les édifices français et la sculpture du Moyen Âge et de la Renaissance forment le reste de l’ensemble, dont notamment trois albums réunissant 125 dessins du château de Fontainebleau.
Équipe
La base de données est gérée par le Département des études et de la recherche (DER) de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA).
- Arnaud Timbert, conseiller scientifique (2015-2017)
- Christine Mengin, conseiller scientifique (2013-2015)
- Jean-Philippe Garric, conseiller scientifique, responsable du programme (2007-2013)
- Alexandre Burtard, chargé d'études et de recherche (2009-2013)
- Elisabeth Dartiguenave, chargée de ressources documentaires (2000-2011)
- Pierre-Yves Laborde, chargé de ressources documentaires et numériques (2010-)
Collaborateurs :
- Sabine Frommel, directeur de recherche à l’École pratique des hautes études (EPHE)
- Antonia Marinelli, doctorante à l’Institut universitaire d'architecture de Venise (IUAV)