Mise en ligne le 12 octobre 2022, la base de données Collectionneurs, collecteurs et marchands d’art asiatique en France, 1700-1939 regroupe près de 250 notices biographiques. Initié en 2018 dans une démarche prosopographique, ce répertoire recense les personnalités qui ont joué un rôle dans l’histoire des collections d’art asiatique en France. Les notices, rédigées par près de 130 de spécialistes internationaux, sont le fruit d’un important travail d’identification, de recherche et de valorisation des fonds d’art asiatique sur l’ensemble du territoire français. Elles mettent en valeur des individus, amateurs, voyageurs, militaires, marchands ou artistes, qui ont contribué à façonner une image de l’Asie à travers la culture matérielle. 
Hébergée dans la plateforme de données de la recherche en open access de l’INHA, AGORHA, la base est entièrement bilingue français/anglais afin de s’adresser à la communauté scientifique internationale.

Une approche biographique de l’objet

Le programme s’intéresse aux collections réunies entre 1700 et 1939 – englobant ainsi les cabinets de curiosités, les grandes collections rassemblées au XIX^e siècle et le développement d’un marché spécialisé d’art asiatique – dans une aire géographique qui s’étend de la Sibérie orientale à l’Asie du Sud-Est en incluant l’Inde et l’Extrême-Orient. S’attachant à la construction du regard occidental sur l’Asie au prisme de sa culture matérielle dans une démarche à la croisée de l’histoire économique, de l’histoire de l’art et de l’histoire culturelle, le programme de recherche vise à mettre en lumière les intentions de collecte de chaque individu grâce auquel l’objet se dote d’un sens, d’une destination, d’une temporalité. La base de données cherche à mettre en évidence les mécanismes sociaux, professionnels, économiques, géostratégiques, culturels, symboliques et esthétiques qui ont présidé la constitution des collections. Cette méthodologie encourage à interroger les motivations, les goûts des personnalités étudiées et les finalités tant de leur quête que de leur générosité, lorsqu’elle a donné lieu à une libéralité en faveur d’une institution publique. À travers l’ensemble de ces trajectoires individuelles et les objets qui les accompagnent se dessine l’histoire, globale et complexe, des relations entretenues avec l’Asie. La présence d’un grand nombre de marchands au sein du corpus permet également d’étudier leur rôle de promoteurs du goût pour les objets asiatiques ainsi que l’évolution et la structuration du marché, des marchands merciers du XVIII^e siècle aux marchands spécialisés de la deuxième moitié du XIX^e siècle.

Faire émerger des personnalités méconnues

Les grandes figures que sont Henri Cernuschi (1821-1891), Emile Guimet (1818-1936) ou Georges Labit (1862-1899) dont les musées éponymes reflètent l’importance de leur collection ont tendance à éclipser les autres collectionneurs. Ce travail a été l’occasion d’une synthèse les concernant mais le projet a également permis de faire émerger des personnalités moins connues, voire ignorées, afin de rendre compte de l’importance du phénomène du collectionnisme d’art asiatique ainsi que de toute sa complexité. La sollicitation et la collaboration avec de nombreux musées à Paris et en région a également suscité un nouvel intérêt pour ces ensembles. Ainsi, ce programme a fait émerger des collections méconnues souvent reléguées dans les réserves des musées et a encouragé une recherche sur la provenance des objets afin d’identifier ces inconnus qui, par un legs ou une donation, sont venus enrichir les collections patrimoniales françaises.

La base de données : un outil en libre accès pour la recherche

Pensée comme un outil pour les chercheurs, la base met à disposition des données structurées, en accès libre et réutilisables un ensemble de données structurées interrogeables. Les données du programme Collectionneurs, collecteurs et marchands sont modélisées dans trois types de notices : personnes, collections et évènements associées à leurs références bibliographiques.

Chaque notice « personne » comprend :

• Une image, de préférence un portrait de l’individu ;
• un état civil (noms, prénoms, lieux et dates de naissance et de décès) ;
• les coordonnées successives de l’individu ;
• ses activités, renseignées grâce à un thesaurus et datées (collectionneur, marchand, diplomate, personnel de l’administration des douanes, etc.) ;
• un champs « évènement » dans lequel ne sont renseignés et datés que les voyages vers l’Asie ;
• un commentaire biographique rédigé ;
• une description typologique de la collection dans le champs « thèmes d’études » précisant également les périodes artistiques et les aires géographiques concernées. Attention : ce champ peut également prêter à la description des activités d’historien de l’art de la personnalité, le programme précise alors : [objets collectionnés] ;
• un commentaire rédigé traitant de la collection ; 
• des liens entre personnes décrivant le cas échéant les relations commerciales, amicales ou professionnelles entretenues avec d’autres personnes du programme ;
• une documentation comprenant des notices bibliographiques et des fonds d’archives.

L’attention portée au recensement des adresses a permis la création d’une cartographie interactive, développées par le service numérique de la recherche de l’INHA, mettant en lumière la « Géographie du collectionnisme d’art asiatique en France ». Un travail ambitieux a été mené sur le recensement de plus de 200 boutiques de marchands d’art asiatique signalées par leurs adresses. 

Systématiquement liée à la notice personne, une notice « collection » comprend : 

• une image de la collection ou d’objet de la collection ; 
• la mention d’une ou plusieurs personnes liées à la collection ; 
• les dates de constitution de la localisation lorsqu’elles sont connues ; 
• les lieux de conservations successifs, datés, jusqu’au lieu de conservation actuels de conservation dans les collections publiques ;
• un champs « évènement » dans lequel ne sont précisés que les expositions et les ventes qui concernent la collection ; 
• une bibliographie courte concernant uniquement les ventes et les expositions, essentiellement des catalogues. 

Les informations renseignées dans le champ « lieux de conservation » ont permis le développement de la Cartographie des lieux de conservation des collections asiatiques en France.
Le programme de recherche a également établi un corpus délimité d’expositions d’art asiatique concernant les personnalités du corpus présenté grâce à des notices « événements ». Elles précisent les dates, les lieux de l’exposition et les personnalités participantes ainsi que les références bibliographiques des publications qui accompagnent l’exposition (catalogue de vente, guides de visite etc.).

Comment chercher ? 

Deux interfaces sont proposées afin de consulter la base de données : 

• la plateforme Agorha accueille l’ensemble des données de la base (état civil, adresses, typologie de la collection, activités, évènements, notices bibliographiques et fonds d’archives). Elle est consultable directement via l’onglet « consulter les données ». 
• une interface éditorialisée présente l’ensemble des articles rédigés (commentaires biographiques et concernant la collection, bibliographie). Elle donne accès aux articles rédigés via la barre de recherche « consulter les articles biographiques ».

La manière dont la base de données a été structurée permet plusieurs types de recherche :  

• Une entrée biographique : par nom de collectionneur, marchand ou collecteur grâce à la barre de recherche « consulter les articles biographiques ». L’entièreté du corpus est consultable via la page d’accueil du programme, sous l’onglet « liste des collectionneurs ». La carte interactive « Géographie du collectionnisme d’art asiatique en France » permet également d’accéder aux notices des personnalités par leurs différentes adresses. 
• Une recherche par typologie d’objets via l’onglet « consulter les données » : le programme de recherche renseigne uniquement des notices « personne », « collection » et « évènement » et ne comprend pas de notice « œuvre ». Une recherche par typologie d’objets collectionnés est néanmoins permise grâce au champs structurés « thème d’étude ». L’indexation repose sur un thesaurus dont les termes sont interrogeables dans la barre de recherche d’Agorha. Exemple : porcelaine, art du laque, art de l’ivoire etc… La recherche plein champs permet toutefois de faire une recherche par termes spécialisés type « netsuke » ou « inrô » qui sera en conséquent moins précise. Le champ « thème d’étude » peut être complété par une recherche par période chronologique et aire géographique, exemple : porcelaine, Chine, Qing. 
• Une recherche par lieux de conservation des collections : les notices « collections » renseignent notamment les lieux de conservation dans les collections publiques. La « Carte des lieux de conservation des asiatiques », interactive, permet de visualiser les musées dépositaires de ces collections et d’accéder aux notices des personnalités correspondantes. 
• Une recherche par « évènement » : dernier type de notice renseignée par le programme de recherche, les notices évènements concernent essentiellement les expositions auxquelles ont pris part les personnalités du corpus. Ces évènements permettent une importante interconnectivité des notices de la base et complètent les informations des champs « liens entre personnes » afin de rendre visible les réseaux entre les acteurs du programme.