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[1827, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de peintur [...]

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flechlei
Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a environ 2 ans)
Type de document
Description
[1827, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de peinture de 1827
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Institut royal de France, séance publique de l'Académie royale des Beaux-Arts, du 6 octobre 1827, présidée par M. Thevenin, vice-président. Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par MM. les pensionnaires de l'École royale de France, lu à la séance publique de l'Académie royale des Beaux-Arts, le samedi 6 octobre 1827
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1827
Descriptions
Transcription : 
Messieurs, // L’Académie après avoir soumis au jugement de l’opinion dans une exposition publique les ouvrages d’études qui chaque année sont imposés aux pensionnaires du roi, de l’Académie de France à Rome, s’est fait loi de rendre compte aussi au public, dans cette séance, du jugement que les maîtres ont porté sur ces ouvrages. Cette critique, utile aux progrès des élèves auxquels elle est communiquée, a besoin peut-être [p. 2] aussi d’être rendue publique ; car souvent l’opinion prend le change dans ses jugements, sur la nature des ouvrages exposés, et y applique, faute d’en connaître l’esprit et le but, la mesure d’une critique qui ne saurait leur convenir. On entend souvent dire, et l’on répète, que ces morceaux manquent de caractère, ou que leurs sujets et leurs compositions offrent peu d’intérêt. Ceux qui font de semblables critiques ignorent que les ouvrages des pensionnaires sont, avant tout, des travaux d’étude, dont les règlements prescrivent le genre, le caractère et l’étendue, selon les degrés que l’élève doit parcourir ; qu’on leur demande, en général, dans les limites plus ou moins fixes, de faire connaître ce que l’étude du nu, chaque année, doit avoir ajouté à leur savoir, sans toutefois exclure de ces travaux certains motifs susceptibles de donner quelque intérêt à leurs figures. Estimer et juger ces ouvrages dans un sens absolu, par comparaison à des productions entièrement libres, serait comme si fans une autre sphère d’enseignement, l’on jugerait les compositions des concours scolastiques du collège, d’après la mesure des harangues et des discours des grands orateurs. / Une exception à cette règle, et qui en est une aussi aux travaux d’étude exigés des élèves pensionnaires, a paru cette année à l’exposition de leurs ouvrages, et peut faire comprendre, qu’il ne pouvait pas être dans l’esprit des règlements, de prescrire des entreprises aussi étendues, et qui ont besoin d’être justifiées par le succès qui vient de couronner le zèle de M. Court, dans son grand tableau, ouvrage de sa dernière année, dont le sujet est : / Marc-Antoine montrant au peuple la robe ensanglantée de César. [p. 3] PEINTURE // Cet ouvrage présente une composition dont le sujet s’explique naturellement. Rien de parasite ou d’inutile, tout concourt au développement et à l’intelligence de la scène. Le caractère général, ou ce qu’on peut appeler l’accent, qui est au moral ce que le costume est au physique des personnages, est vrai, et vous transporte bien au temps et au lieu. La scène enfin est bien romaine. Quand un tableau est grand et nombreux en personnages, plus l’auteur a de talent, plus aussi sont nombreuses les qualités qu’on en exige ; plus par conséquent il doit présenter de côtés à la critique ; et la véritable critique trouve souvent d’autant plus à s’y exercer, qu’elle trouve plus à y louer ; car en tout genre, plus l’auteur donne plus on lui demande, surtout quand on est sûr d’obtenir. On est certain de ne pas être trop exigeant avec M. Court, en lui demandant de chercher à joindre un peu plus d’élévation à la correction de son dessin, à mettre plus de profondeur dans ses scènes, en faisant ses ombres moins dures et moins égales, et à faire de plus sérieuses études de la perspective linéaire et surtout de l’aérienne, dont ses seconds plans, et principalement son fond, manquent trop sensiblement. / Du reste l’Académie se plaît à considérer l’auteur comme destiné à opposer de puissants arguments, c’est-à-dire d’excellents exemples, aux détracteurs des études sérieuses, et à ranimer parmi les jeunes artistes, l’amour des bons modèles et l’ambition des grands travaux. / M. Debay a fait pour le morceau d’étude de sa troisième année, une figure de Philoctète dans l’île de Lemnos ; l’ouvrage [p. 4] ne manque ni de force, ni de cette prétention au grand, qui donne des espérances. Ce serait toutefois une erreur de croire, que la grandeur dans le dessin et l’énergie du caractère demandent une dimension au-delà de celle de la nature. Si, dans cette mesure, on manque la vérité, la grandeur devient boursouflure. L’Académie loue l’effort du zèle, et en reconnaissant dans l’ouvrage de ce jeune peintre des parties méritantes, comme celle du bras droit aussi bien peint que bien dessiné, elle l’engage à étudier les œuvres de Michel-Ange, pour y apprendre en quoi consistent le grand caractère et l’énergie du dessin. / Pour l’envoi de sa troisième année, M. Bouchot a peint une figure d’étude, à laquelle il a donné pour motif Erigone croyant, en dormant, embrasser le dieu Bacchus. L’aspect de ce tableau est agréable, et la couleur en a du charme. Le tout est exécuté avec la douceur convenable au sujet, et cette douceur n’empêche pas que l’effet en soit vif et piquant. Ces agréments feraient pardonner, dans tout autre ouvrage qu’un morceau d’étude, certaines incorrections, dont il doit suffire d’avertir l’auteur. Chaque genre de mérite, on le sait, a naturellement ses compensations, dans quelques défauts, et la facilité de la grâce fait excuser volontiers le manque d’un rendu précieux. Ici certains accessoires, étudiés avec le plus grand soin, accusent davantage certaines négligences dans le principal et font voir qu’il ne tient qu’à l’auteur d’être plus complet dans toutes les parties de son art. Le tableau d’Erigone, nous le répétons annonce dans l’auteur des dispositions heureuses pour une des plus agréables parties de l’art de peindre. / M. Larivière, par le tableau qu’il a envoyé, se trouve avoir [p. 5] très régulièrement satisfait aux obligations de ses deux premières années et sans s’écarter du genre de sujets qui doit être le principal objet d’un morceau d'étude, il a toujours, selon la liberté laissée à l’artiste, su ajouter à ses ouvrages un intérêt historique. Le sujet d’Aristée pleurant la mort de ses abeilles, est bien du genre que comporte la réunion dont on parle. Une meilleure pose aurait pu inspirer à M. Larivière des développements plus heureux, et à son dessin, un ensemble de formes, mieux en rapport avec le caractère gracieux du sujet. / Pour sujet de son premier envoi, M. Norblin a choisi celui de Cyparisse mourant sur le corps du cerf qu’il a tué par mégarde. Le ton général de ce tableau est suave, il y a de la grâce, de la facilité de pinceau, et de l’harmonie ; mais l’auteur doit prendre garde au revers de chacune de ces qualités ; l’harmonie peut dégénérer en monotonie, la grâce en mollesse, et la facilité en incorrection. / M. Giroux a adressé à l’Académie sa première étude de paysage, qui, d’après les règlements, doit consister, non dans une composition arbitraire, mais dans une vue d’un site quelconque. / Il a choisi celle de la ville de Capri, prise dans l’intérieur de l’île du même nom. L’esprit du règlement n’est pas que, dans ce qu’on appelle une vue, l’artiste se borne à un fac similé d’un site vu à la chambre noire. M. Giroux s’est conformé à cet esprit, en se permettant ce qu’exige en ce genre l’art du portrait. Ainsi, il a embelli son site de fabriques d’un bon choix, de groupes d’arbres d’une couleur vraie, d’une exécution facile et sans manière. Généralement, toute la partie qui est dans la demi-teinte est bien peinte et bien reflétée du [p. 6] ciel. On aurait quelques observations à faire à M. Giroux, sur la manière dont il a traité la partie du terrain opposé ; et comme il en est à sa première étude, on l’invite à soigner l’harmonie de ses effets et de ses travaux, et à ne suivre d’autre maître que la nature.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1826-1827, tome 6, p. 1-11 (1827)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
France Lechleiter