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[1911, sculpture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de Rome des pensionnaires sculpteurs [...]

Statut
Publiée
Contributeur
flechlei
Dernière modification
01/12/2021 04:00 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1911, sculpture, rapport Institut à AFR]
Rapport sur les envois de Rome des pensionnaires sculpteurs, 1911
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Rapport sur les envois des grands prix de Rome (sculpture)
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1911
COMMENTAIRE : le rapport original se présente sous la forme d'un tapuscrit paginé.
Descriptions
Transcription : 
L'obligation de constater la faiblesse des envois de sculpture est devenue, depuis quelques années, une habitude pour le rapporteur. / Hélas ! Il n’y faillira pas cette fois encore. L’impression qui se dégage de cette exposition est plus fâcheuse encore que de coutume. / Les pensionnaires, une fois le Grand Prix obtenu, au lieu de remplir les clauses de leur contrat (n’est-ce pas là une question d’honneur ?) semblent se moquer du règlement. Ainsi l’abstention de M. Gaumont est explicable. Quant à M. Brasseur, pour une fois que l'Académie agrée son envoi, il arrive un an trop tard... / Si encore ces retards, ces fautes étaient encore justifiées par un excès de conscience apporté dans l’exécution d’une oeuvre d’art sincère et élevée de sentiment et de pensée, nous fermerions les yeux. Mais ce n'est pas le cas ! // I° M. Brasseur (“Gardeur d'oies”). L’œuvre eût gagné à être allégée de tous les accessoires inutiles qui n'ajoutent d’autre intérêt que de présenter un prix fort élevé de transport. // En faisant montre de beaucoup d'indulgence, on peut découvrir quelques indications de morceaux assez bien [p. 2] construits. Mais ce marbre n'est qu'une mise au point : il reste entièrement à exécuter. Et quel sujet ! Quel réalisme terre à terre ! Si c’est là tout l'idéal de beauté d’un jeune artiste qui devrait, après quatre années vécues parmi les immortels chefs-d’œuvre de l'Italie nous revenir poète, nous ne pouvons nous empêcher de songer avec amertume au temps et à l'effort perdus. // 2° M. Blaise (“La Mort de Roland”). Pourquoi vouloir faire du nu avec un sujet carlovingien [sic] ? C’est un Roland grec qui fait songer au soldat de Marathon. Si la tête est trop petite et mal attaché, le sentiment n'en est pas mauvais. Malheureusement le rapport des volumes n'est pas observé ; du reste, certaines lourdeurs pourront disparaître lors de l'achèvement du marbre. / Ce pensionnaire aurait pu s’astreindre à rendre le caractère de la légende. Son Roland, qui est censé avoir fait fuir les Sarrasins, est d'une veulerie inquiétante. // 3° M. Crenier, dans sa Jacquerie ne tient pas les belles promesses que son Grand Prix faisait présager, et nous le regrettons vivement. / Cette figure disproportionnée semble taillée dans le bois. Les accessoires sont encombrants et écrasants. Son paysan ne rend pas la sauvagerie des “crève-la-faim” farouches, incendiaires et pillards ; [p. 3] il a les pieds d’un citadin. // 4° M. Benneteau (“Vendémia”) est encore à la recherche de sa personnalité. Dans ce bas-relief, les valeurs sont toutes égales, aucune tricherie ingénieuse de plans sur le fond. Partout, sans raison, des noirs, des saillies intempestives. Le torse de la Bacchante de droite n’est pas mal modelé, mais on cherche vainement les frissons de chair et la souplesse attirante dans ces formes féminines. Le masque du jeune home manque de construction. // Telle est la brève critique de ces envois. Jamais notre tâche ne fut plus pénible. Le mal…..nous savons d’où il vient. // Il est né de l’influence néfaste, par trop grandissante qui pousse, de plus en plus, une partie des jeunes sculpteurs français à faire de l'art teuton. Déjà quelques-uns des plus doués de notre jeune école emergent vers un art faussement puissant et sans sincérité. // Est-il admissible que des jeunes gens qui ont la joie unique d’obtenir ce Grand Prix de Rome, qu’il nous faudrait inventer s’il n'existait pas, auxquels l’Académie assure la vie matérielle pendant quatre ans, dans un Palais, un Eden : la Villa Médicis, auxquels elle donne le moyen de réaliser ce rêve unique : vivre libres sans autre preoccupation que de faire de l’art pur et s’imprégner de l’esprit sacré qui [p. 4] se degage (depuis les primitifs jusqu’à Michel-Ange) des oeuvres simplement grandes de ceux dont nous sommes les élèves croyants, est-il admissible que ces jeunes gens reviennent en France sans avoir compris pourquoi on les a envoyés là-bas, et que les seules oeuvres qu’ils produisent, pendant cette période de recueillement, ne s’élèvent pas au-dessus d’une conception banale, d’une execution molle et d’un realisme où se rencontrent si rarement nos belles qualités françaises ? // Il appartient à l’Académie d’user d’une juste sévérité et de veiller à sauvegarder les belles traditions de l’Art français.
Localisations
Cote / numéro : 
Directorat Carolus-Duran, carton 171, sans folio (1911)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, Institut à AFR, 1911, peinture£ Notice créée le 21/09/2018. Notice modifiée le : 21/09/2018. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter