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[1908, sculpture, rapport Institut procès-verbal]Procès-verbal du rapport sur les envois de sculptur [...]

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Dernière modification
02/12/2021 10:46 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1908, sculpture, rapport Institut procès-verbal]
Procès-verbal du rapport sur les envois de sculpture de 1908
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Séance du 17 octobre 1908. Rapport sur les envois de Rome (1908). Sculpture
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 17/10/1908
Descriptions
Transcription : 
[p. 195] M. Blaise (1ère année) envoie un haut-relief : La Conscience, dont le sujet est inspiré par un poème de la Légende des Siècles. / [p. 196] Lorsque... / Echevelé, livide au milieu des tempêtes. / Caïn se fut enfin... / La composition est dominée par un éclair figuré sur la partie supérieure du rocher. Cet éclair vient frapper la conscience du fratricide qui fuit, en se retournant, sous l'épouvante de son forfait. / Malgré l'énorme rocher qui écrase par son volume la figure de Caïn, l'effet dramatique est bon. L'ensemble est bien ordonné et très recherché du point de vue de la couleur. Toutefois il est regrettable que préoccupé avant tout de l'effet, M. Blaise ait négligé la recherche, bien plus importante, d'une forme plus étudiée, plus serrée, plus pleine. Il ne nous donne point la sensation de l'homme primitif. L'artiste s'est contenté de copier son modèle, avec toutes ses pauvretés. Son oeuvre, plus pittoresque que belle, n'atteint pas le caractère sauvage du Caïn de la Légende. Pour son envoi de 2ème année, M. Brasseur envoie la copie en marbre d'un buste de Donatello. Travail fait hâtivement et qui est loin de rendre le modèle original, d'un modelé si fin et d'une ligne si pure. M. Brasseur aurait tiré grand profit de la pratique du marbre, s'il avait consacré plus de temps à son travail, s'il s'était pénétré davantage de cette forme adoucie que l'art de Donatello a poussée si loin. M. Larrivé (3ème année) exposait une statue en plâtre : Jeune athlète attachant une bandelette autour de sa tête. / Cette figure de jeune Grec est d'un mouvement très simple. L'ensemble est d'une heureuse harmonie. Bien que discrète, la facture en est savante. Le modèle met bien en lumière la beauté des contours. L'exécution des jambes et du bassin mérite des éloges, pour la sobriété et la solidité des moyens employés. Nous devons toutefois formuler quelques critiques sur la partie supérieure de cette figure. La tête, les bras, le cou manquent de précision. En étudiant de plus près ces parties, en s'efforçant de les harmoniser entre elles, M. Larrivé donnerait à cette statue d'athlète un parfum d'art campanien. / Nous trouvons peu à dire de l'esquisse : A la fontaine. La forme pansue de ce vase est sans caractère défini, le bas-relief [p. 197] qui y est figuré est tellement vague et imprécis qu'il reste invisible au regard. / M. Larrivé a joint à ces deux envois une copie en marbre d'un bas-relief archaïque, ou plutôt un fragment du bas-relief du Trône de Vénus (musée national de Rome). Ce travail nous a paru sans grand intérêt. Pour son dernier envoi, M. Piron (4e année) a exécuté un grand groupe en travertin, composé de quatre figures, qu'il intitule : Les Druides. Ce groupe, très important, ne répond guère à ce que nous espérions du dernier envoi de ce pensionnaire. La jolie Faunesse, pleine de vie et de charme, exposée antérieurement, et que nous avons été heureux de revoir sous la forme définitive du bronze, nous avait permis de concevoir de M. Piron d'autres espérances. / M. Piron a fait un grand effort pour résumer la légende nationale des Druides. Son oeuvre ne nous donne l'impression que d'une grande esquisse, encore en voie de gestation. Nous voyons des rochers, de vrais rochers de pierre, une grotte, au fond de laquelle se tiennent deux druides accroupis en face l'un de l'autre, sans que rien ne justifie cette attitude. Cette partie du second plan, complètement inutile, nuirait au groupe principal du druide venant de couper le gui et le donnant à une jeune fille agenouillée si, par elles-mêmes, ces deux figures présentaient, dans leur exécution, un intérêt quelconque. / Pourquoi M. Piron s'est-il, de parti pris, refusé à faire un groupe en marbre ? Il le pouvait, en réduisant sa composition aux deux figures placées en avant. Son effort eût abouti alors à un résultat intéressant ; et meilleur à coup sûr. L'action du druide debout, l'attitude de la jeune fille recevant le gui sacré présentaient les éléments d'un beau groupe, largement traité, où auraient été rendus la grâce de la jeune fille et la noblesse du prêtre ; un tel sujet prêtait au style. Au lieu de cela, que voyons-nous ? Des pierres entassées les unes sur les autres. Cette matière rugueuse du travertin, excellente pour reproduire des rochers, donne aux têtes, aux bras, aux draperies, des bigarrures qui dénaturent la forme. L'aspect général est des plus fâcheux. / [p. 198] N'y a-t-il plus de marbre à Carrare pour nos jeunes pensionnaires ? Pourquoi se lancer dans des travaux dont la proportion démesurée ne permet pas l'exécution en marbre ? Le Directeur de l'Académie de France à Rome, dans sa vigilance éclairée saura ranimer nos pensionnaires aux saines traditions de cet art de la sculpture qui prend toute sa valeur par le beau caractère de la forme, affranchie des accessoires encombrants. Jamais le réalisme terre à terre ne remplacera ce qui a été et sera toujours admiré, surtout en sculpture : la clarté, la simplicité dans la conception, la haute vérité du style. / Mentionnons plusieurs travaux, de moindre importance, exposés par M. Piron ; petits bronzes, figurines, portraits. - Le buste de M. Carolus Duran est très réussi. / L'ensemble de ces travaux montre que M. Piron a consciencieusement mis à profit les années passées à la Villa Médicis. Il a pu se tromper dans son dernier envoi et nous avions le devoir de le lui dire. Mais cet artiste est homme à se ressaisir à la prochaine occasion, nous retrouverons en lui le sculpteur laborieux et vaillant sur qui nous sommes en droit de compter.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 22, p. 195-198
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1908, sculpture£ Notice créée le 05/11/2002. Notice modifiée le : 03/07/2018. Rédacteur : Laurent Noet.
Rédacteur
Laurent Noet