Croix composée à croisée en mandorle et branches à empattements trilobés et curviligne. Âme de bois moderne.

Sur l'avers, figure d'applique du Christ vivant, avec les yeux ouverts en perles d'émail, fixé sur une croix en réserve. Le périzonium du Christ, émaillé, présente un orfroi gravé orné d'une perle d'émail. Le nimbe se distingue par la polychromie originale de sa bordure, bleue ponctuée de points rouges. On retrouve le même décor sur la nuée dont sort la main divine en réserve, au-dessus du

titulus

. Aux extrémités, figures d'applique : seules celles des côtés, la Vierge et saint Jean, subsistent. Plaques émaillées ornées de disques, de rosettes, d'asters et de quadrilobes inscrits dans des cercles. Décor pointillé en réserve.

Au revers, plaque centrale émaillée avec Christ en Majesté en réserve avec tête d'applique classicisante . Aux extrémités, plaques émaillées avec les symboles des évangélistes en réserve, sauf à droite, où le bœuf de saint Luc a disparu. Le reste de la croix est recouverte de plaques de laiton lisses, modernes.

L’œuvre est assimilable à un groupe de croix typologiquement homogènes : Amiens, musée de Picardie, inv. M.P. 998.4.1 (UK 91593), Ärla, églie paroissiale (UK 89015), Baltimore, The Walters Arts Museum, inv. 44-76 (UK 89023), Bloomington,The Eskenazi Art Museum, inv. 75-97 (UK 89049), Londres, Victoria and Albert Museum, inv. M. 575-1910 (UK 89146), New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 17-190-332 (UK 89200), Saint Quentin, musée Antoine Lécuyer, inv. L 358 (UK 89278), Trondheim, Vitenskapsmuseet, inv. T 894 (UK 89297), caractérisées par la même structure à empattements trilobés, l'emploi de figures d'applique et le décor de cabochons. Même si en l'état actuel la croix ne présente pas de cabochons, il est fort probable qu'elle en présentait dans des segments intermédiaires, comme dans les exemples cités.

Des remarques ultérieures peuvent être avancées pour les figures d'applique. À partir de la classification élaborée par Thoby (THOBY 1953, p. 6-9), le Christ a été rapproché de la variante A de second type (

Émaux limousins...

p. 70 ;

Il collezionista di ...

p. 75) : Christ vivant à tête ronde, corps en relief, paume des mains et plante des pieds plats, yeux en perles de verre et périzonium émaillé. Les appliques des côtés rappellent, pour l'attitude expressive et la posture penchée, les deux magnifiques exemplaires de Navelsjo et Ukna (cf.

Oeuvre de Limoges...

p. 185). Pour ces différentes raisons, il est vraisemblable de dater la croix d'environ 1200-1210.

Collection Fould (Paris) jusqu'en 1860; collection Anton Basilewsky, Paris, dès 1874; acquise par le Tsar Alexandre III pour son Palais de l'Ermitage, en 1885.