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[1825, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport de l'Institut sur les envois de 1825, peintureTYPE : [...]

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01/12/2021 16:18 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1825, peinture, rapport Institut à AFR]
Rapport de l'Institut sur les envois de 1825, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
AUTEUR : Quatremère de Quincy, Antoine
PAGE DE TITRE : Rapport sur les ouvrages des Pensionnaires Peintres [de l’année 1824]
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 02/11/1825
Descriptions
Transcription : 
[f°27] Paris, le 2 nov[embre] 1825. // Peinture // Par F. Dubois : La Mort de Manlius. L'auteur a pris son sujet dans la dernière scène de la tragédie de Manlius par La Fosse. Généralement lorsqu'on traite un sujet d'histoire fort connu, et qui a été détaillé par les écrivains de l'Antiquité, il paraîtrait plus convenable d'en suivre les notions que de les prendre chez les auteurs tragiques modernes. On ne saurait nier toutefois que le peintre n'ait, comme le poète, le droit d'imaginer la situation qui sera plus favorable aux moyens de son art. M. Dubois a bien conçu (selon ce dernier système) le groupe qui forme son sujet principal. Servilius saisissant son ami dans ses bras, l'entraîne vers le précipice. Manlius s'abandonne à lui, en tournant ses derniers regards vers le Capitole. Le mouvement de Servilius et l'expression touchante de sa tête, conviennent bien au sujet. Le caractère en est beau. La draperie blanche est largement peinte et participe bien du mouvement déterminé par l'action. [f°27 bis] La toge brune de Manlius a des plis trop multipliés qui se suivent avec trop de symétrie, sans éprouver aucun dérangement de la rapidité du mouvement. Quoique les figures soient d'une haute proportion, cependant leurs formes ne paraissent pas assez ressenties et leurs contours assez prononcés pour répondre à une telle dimension. On aurait désiré dans un ouvrage qui offre si peu de nus plus de force et de caractère de dessin. Le fond est bien disposé, le ciel et le lointain sont largement traités. Quant à l'ensemble de la composition, on doit dire que les deux personnages principaux sont trop isolés ; les gardes faiblement indiqués ne concourent point à l'effet. L'ouvrage néanmoins, sous beaucoup de rapports, mérite de justes éloges. // Par M. Court : La Mort d’Hippolyte. Cette figure est d'un beau jet, le développement en est hardi, le dessin a de l'assurance et du grandiose. Cependant ce tableau a un certain aspect blanchâtre qui ne laisse pas assez briller les lumières des chairs. Il est hors de doute que si M. Court eût fait plus d'attention aux moyens qu'il pouvait employer pour donner à l'effet de sa figure la valeur dont elle était susceptible, il n'eût pas opposé à des chairs extrêmement claires, une draperie d'un blanc morne et qui n'a pas de masses d'ombres assez puissantes. Un seul avis de M. le Directeur aurait pu épargner à M. Court bien de la peine. Quant à tout ce qui forme les accessoires moins encore de la figure que du sujet, on observera à M. Court que rien n'impose au pensionnaire l'obligation de faire de son tableau d'étude un tableau d'histoire. Lorsque toutefois il applique à sa figure d'étude, à sa pose, à ses mouvements le nom et les circonstances d'un sujet mythologique ou historique, il s'impose alors jusqu'à un certain point l'obligation d'entrer dans les convenances du sujet qu'il s'est donné. Il y avait, sans prétendre faire entrer dans son tableau tous les détails de la mort d'Hippolyte, plus [f°28] d'une manière abrégée d'en retracer quelques accessoires plus significatifs, que ne l'est celui de cet énorme char qui sert de fond à la scène ; malgré ces observations, on a remarqué avec satisfaction dans la figure, des parties exécutées avec beaucoup de soin et d'une manière franche. La tête, la poitrine, les passages des hanches méritent des éloges ainsi que la cuisse et la jambe étendue, quoique celle-ci, nonobstant son raccourci, paraisse un peu courte et fasse paraître le pied un peu long. M. Court doit se convaincre, d'après l'exemple des grands maîtres, que le moyen de faire brillant consiste moins dans l'emploi des tons les plus blancs qui sont sur la palette, que dans l'opposition des teintes vigoureuses qu'on donne aux draperies et aux accessoires, et qui doivent soutenir l'effet total, en même temps qu'ils sont nécessaires au sujet. // Par M. Debay : Miltiade mourant en prison On fera de même observer à M. Debay que donnant à sa figure d'étude le nom de Miltiade, il aurait pu s'inspirer dans la tête de son personnage du portrait qui doit en exister au Museo Capitolino. Toutefois on ne regardera cette fidélité que comme une connaissance tout-à-fait libre dans une figure académique ; mais on répétera qu'en faisant jouer à sa figure un rôle historique, c'est une obligation pour l'artiste d'y assortir par un style plus élevé, le caractère du sujet, soit dans le dessin, soit dans la composition, soit dans les accessoires. Aussi a-t-on loué l'idée d'avoir fait apercevoir le haut de la citadelle d'Athènes à travers les grilles de la prison. Généralement l'aspect du tableau est bon, le dessin en est bien soutenu ; l'exécution est moelleuse et large ; le corps et le bras droit sont bien peints. On regrette de n'apercevoir qu'à peine les extrémités inférieures qui se perdent dans une masse d'ombre trop forte. [f°28 bis] Par M. Bouchot : la figure d'Adam. / S'il s'agissait d'un tableau purement historique, où le peintre se fût donné pour tâche de rendre par la science la grandeur et la plus grande correction de dessin, toute la beauté primitive de l'homme sortant des mains du créateur, on pourrait trouver l'ouvrage de M. Bouchot fort au-dessous de ce programme. Toutefois on lui sait gré du sentiment général répandu dans l'ensemble de cette figure qui exprime bien ce premier mouvement du bonheur de l'existence. Le corps est largement peint, la couleur est vraie et suave, on a remarqué un peu de maigreur dans l'avant-bras et la main qui pose sur la terre. La main gauche pressée sur le cœur est bien indiquée et bien peinte, mais un peu forte. Les jambes et les pieds laissent à désirer pour la pureté de la forme. Le paysage est agréablement disposé et d'une touche ferme. On se plaît à reconnaître que dans ce premier ouvrage M. Bouchot a fait des progrès marqués. On ne peut que l'inviter à continuer. // Par M. Rémond : Vue d'après nature à Rieti. / Lorsqu'on choisit un site pour en faire la vue fidèle, la première condition doit être de le prendre intéressant et les environs de Rome ne procurent, sous ce rapport, d'autre embarras que celui du choix. On ne voit pas ce qui peut avoir fait préférer par M. Rémond cette vue d'un lieu qui n'offre rien de remarquable, ni par les lignes des lointains, ni par les masses des fabriques, où l'on ne trouve que peu d'arbres épars, d'une forme ingrate, et des terrains nus qui ne peuvent rien ajouter à l'effet. Le talent, il est vrai, sait tirer parti de tout. Ce tableau a un ton local bien soutenu. Le ciel a beaucoup de finesse. L'exécution est franche et la touche est hardie. On répétera toutefois que dans ses ouvrages, et de quelque genre qu'ils soient, l'artiste doit toujours avoir en vue d'ajouter au mérite de l'art celui d'un motif qui par lui-même ou ses détails, leur donne de l'intérêt. [f°29] Par le même : La Terreur de Caïn. Le motif poétique de ce paysage est du plus grand genre et la peinture ne saurait en imaginer un qui demande plus d'enthousiasme et d'énergie. On doit louer M. Rémond de s'être imposé un thème aussi difficile. Il y a dans le site escarpé et sauvage, dans la chute du torrent qui arrête le meurtrier, dans le ciel irrité et dont la foudre déchire les nuages, les éléments du genre que réclame le caractère du sujet. Mais dans l'imitation l'idée poétique ne suffit pas. Il faut que la vérité s'y trouve aussi et que chaque partie rappelle l'étude de la nature. Ici les épais nuages dont le ciel est chargé, n'ont pas assez de transparence et de profondeur. Ils sont lourds et ne laissent point entrevoir l'horizon. Les arbres au lieu d'être dans toute leur grandeur et leur forme native semblent avoir déjà subi l'action de la cognée (ce qui ne peut pas être à cette époque de l'origine du monde). On retrouve toujours avec satisfaction la main habile et sûre de M. Rémond, dans cet ouvrage. L'Académie ne peut s'empêcher de recommander aux élèves qui vont étudier à Rome le genre du paysage historique de faire choix dans leurs études de ces sites qu'aucun autre pays ne présente, parce qu'aux beautés de la nature ils ont l'avantage de réunir de beaux monuments, de grandes et imposantes fabriques, de précieux restes d'Antiquité. Ils doivent y recueillir par des études particulières toutes les formes qui dans les objets de la nature et de l'art tendent à imprimer aux compositions le caractère de la grandeur et de la noblesse. Ils doivent se rendre familier le dessin de la figure et s'exercer en particulier à la composition des scènes qui peuvent trouver place dans les paysages. Peut-être le premier motif d'un paysage doit-il être inspiré par le sujet même des figures. On s'aperçoit trop souvent que les figures n'y ont été introduites qu'après coup, et n'y sont qu'un hors d’œuvre postiche. Pour que le tableau offre un tout, il faut que les deux parties dont il se composera soient si bien fondues ensemble, [f°30] comme émanées d'un sentiment simultané, qu'on ne puisse pas dire si les figures ont été inspirées par le paysage ou si elles en ont donné l'inspiration. // Pour copie conforme. Le Secrétaire perpétuel de l'Académie royale des Beaux-Arts. Quatremère de Quincy.
Localisations
Cote / numéro : 
20180402/1-6, fol. 27-30
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, Institut à AFR, 1825, peinture£ Notice créée le 16/08/2002. Notice modifiée le : 08/10/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé