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[1821, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois des pensio [...]

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Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a environ 2 ans)
Type de document
Description
[1821, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois des pensionnaires, peinture, 1821
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Secrétaire perpétuel de l'Académie
PAGE DE TITRE : Séance publique annuelle de l'Académie royale des beaux-arts du 6 octobre 1821. // Rapport sur les ouvrages des pensionnaires du roi à l'Académie de France à Rome, 1821
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 06/10/1821
Descriptions
Transcription : 
Ce rapport a été rédigé par M. le Secrétaire de l'Académie : // Avant de distribuer, dans ce rapport, sur les ouvrages de MM. les pensionnaires du roi à l'Académie de Rome, la louange ou la censure en proportion des forces et des progrès de chacun, l'Académie éprouve un plaisir toujours nouveau à leur donner un témoignage public de la satisfaction pour le zèle qu'ils mettent à soutenir l'honneur d'un établissement qui n'a jamais cessé de répondre, aux grandes intentions de son auguste fondateur et auquel la France doit, depuis un siècle et demi, le maintien de ce rang élevé dans les beaux-arts qu'elle occupe entre les nations. / Un surcroît de bienfaits de la part du monarque, ami des arts, qui nous gouverne, de nouveaux règlements dans la discipline des études des pensionnaires, en donnant plus d'activité et une direction plus utile à leurs travaux font naître encore l'espérance de récoltes annuelles de plus en plus satisfaisantes. / Celle de cette année n'est pas restée au-dessous de notre attente. Une des plus importantes conditions imposées aux études des pensionnaires, est celle qui oblige chacun à exécuter une figure de grandeur naturelle d'après le modèle vivant. // [M. COIGNET] [sic] M. Coignet [sic] vient de satisfaire à cette obligation en envoyant un tableau dans lequel il a pris pour sujet de sa figure Métabus poursuivi par les Volsques, arrêté par un torrent et se disposant à lancer de l'autre côté, avec une haste à laquelle il vient de l'attacher, sa fille Camille, enfant au berceau. / La composition de cette figure, on aurait pu dire de ce groupe, mérite des éloges. Les lignes en sont heureusement combinées. Sa couleur est transparente et lumineuse, qualités principales dans le genre historique, et l'harmonie générale laisse peu de chose à désirer. Quant à l'enfant, on ne peut rien demander de plus gracieux, de plus naïf, de plus vrai ; le ton en est riche et brillant et l'on ne saurait trop louer l'adresse avec laquelle la difficulté de cet agencement a été vaincue par l'artiste. Le dessin qui doit être la partie principale d'une semblable étude, prouve encore que M. Coignet [sic] tient ce qu'il a promis depuis le début. Cette figure, d'un style et d'un caractère de formes plus prononcés que dans ses précédentes études, témoigne des progrès de l'artiste et de l'ambition qu'il a de s'élever dans les plus hautes régions de son art. En analysant toutefois les parties de son dessin, on y trouve plutôt une bonne intention de formes en général, que cette correction scrupuleuse dans les détails, qui seule, avec la vérité produit la grandeur de l'ensemble ; mais les observations qui seront faites sur cet objet à M. Coignet [sic] ne lui prouveront autre chose sinon que l'Académie se montre d'autant plus exigeante que l'artiste promet davantage. / Elle lui doit encore des éloges pour le goût et la convenance qui ont présidé à la mise en scène du sujet qu'il s'est donné. On doit lui savoir gré d'avoir choisi pour le moment, dans le récit de Virgile, celui où Métabus, avant de commettre au hasard des vents ( dubiis committitur auris) l'objet de sa tendresse, implore, pour le succès de ce voyage périlleux, la protection de Diane. Cela s'appelle connaître les limites de son art. / L'Académie dans les études d'après nature qu'elle demande aux pensionnaires, ne leur impose pas l'obligation de donner à leurs figures un motif d'action ou d'idée, puisé dans l'histoire ou la Fable ; elle applaudit à ce choix quand il ajoute de l'intérêt à l'ouvrage, sans préjudice de l'objet principal qui est de faire preuve de la science du nu par le dessin et la couleur ; mais elle serait disposée à regretter la dépense d'invention que l'artiste pourrait faire dans le choix d'un sujet si cela devait le porter à éluder le but de son travail ou lui servir à se dérober aux difficultés d'une étude franche et qui doit mettre tous ses moyens à découvert. // [M. HESSE] // Le tableau dans lequel M. Hesse a représenté Céphale et Procris a fait à l'Académie un devoir de cette observation. Est-ce, en effet, un tableau d'histoire ? Est-ce une étude ? / Comme conception historique ou mythologique, que ne pourrait-on pas y reprocher ? Et, par exemple, trouve-t-on rien qui désigne le chasseur, sa funeste méprise et son désespoir ? La figure de femme donnée pour Procris, quant au nu, n'est-elle pas un faible dédommagement de ce qu'on désire dans un ouvrage où l'artiste est tenu de développer les beautés du corps humain ? / Comme morceau d'étude, le tableau de M. Hesse offre cependant des compensations heureuses et elles auraient été plus nombreuses si le soin d'une composition groupée n'eût trop divisé l'attention de l'artiste. On trouve de la franchise dans la manière de faire et, dans l'effet total, une tendance louable à s'approcher de la couleur des tableaux de grand maître, un aspect qui de loin donne l'apparence d'un ouvrage d'ancienne école. / Toutefois, l'Académie doit mettre en garde M. Hesse, ainsi que ses compagnons d'étude à Rome, contre un penchant mal raisonné à imiter, dans les anciens tableaux, ce ton rembruni qui n'est que le voile de la vétusté. Si l'artiste moderne cherche à donner à ses toiles cet aspect suranné, que deviendront ses tableaux, déjà vieux à leur naissance, lorsqu'ils auront subi réellement l'influence des années ? // [M. DUBOIS] // M. Dubois dans son tableau du Jeune Clovis trouvé par un pêcheur sur les bords de la Marne, nous a présenté également un groupe de deux figures et un sujet historique, mais bien choisi pour être tout à la fois un ouvrage d'étude puisqu'il se compose de deux natures fort opposées et propres l'une à l'autre à montrer le savoir de l'artiste dans le dessin et la couleur. M. Dubois à fait preuve aussi de progrès très sensibles. / L'Académie en examinant cet ouvrage sous le point de vue qui en est l'objet principal (l'étude du nu), doit tenir compte à l'auteur, en indemnité pour quelques inexactitudes dans la figure du pêcheur, de plusieurs parties qui y sont très correctement dessinées, telles que le col, la clavicule, les pectoraux et la jambe droite. Elle aurait désiré moins de lourdeur dans l'effet général, plus d'air et de transparence dans le fond, moins de correspondances dans les lignes qui forment les contours du pêcheur avec celles du jeune homme placé plus bas. Mais la figure de ce dernier mérite beaucoup d'éloges. Le caractère de l'adolescence y est observé dans tout son ensemble. L'affaissement de la mort y est bien exprimé et la couleur des chairs est bien celle d'un corps qui a séjourné dans l'eau. / Considérée sous le rapport moral, la composition, quoique le sujet eût pu être mieux expliqué, ne manque pas de vérité, ni de sentiment, ni d'intérêt. / Si M. Dubois continue à étudier dans les mêmes principes et s'il fait des progrès dans la même proportion, l'Académie lui présage les succès les plus flatteurs et les mieux mérités. // [M. MICHALLON] // M. Michallon a fait choix d'un beau motif de paysage historique : Thésée poursuivant un centaure que la frayeur va précipiter dans l'abîme. Quelques autres petits détails de groupes et de figures vus dans le lointain nous apprennent que le lieu de la scène est dans les montagnes de la Thessalie. Quels aspects sublimes et sauvages, quels effets pittoresques et ingénieux, quels contrastes de lumière et d'ombres la nature de ce sujet ne peut-[elle] pas inspirer au paysagiste, de tous les artistes le plus libre dans ses inventions ? / M. Michallon s'est-il élevé à la hauteur de son sujet ? On ne saurait nier que la scène ne soit largement composée. Des rochers, des cascades, des broussailles forment son premier plan, peut-être avec un peu de monotonie que quelque grand arbre, quelque échappée de lumière aurai[en]t corrigée. Le ton général du tableau annonce que le peintre a voulu lui donner un aspect sévère. Le ciel nébuleux s'accorde assez harmonieusement avec le caractère grave et un peu sombre de l'ensemble où l'on trouve partout, et dans tous les détails, une facture habile et la plus grande facilité de pinceau. Les figures ne sont pas un accessoire indifférent dans un paysage historique et M. Michallon a déjà fait preuve en ce genre d'une habileté qu'il n'a pas démentie dans l'envoi de cette année. Les deux figures principales sont d'un bon dessin et d'un caractère convenable. On a regretté pour l'effet général, qu'elles soient trop isolées et éloignées l'une de l'autre. Une composition un peu plus abondante en figures eût peut-être jeté plus d'intérêt dans la scène et, sans aucun doute, donné à l'Académie matière à plus d'éloge. [...] Jeunes élèves qui, aspirez au moment de recevoir ces couronnes que vos efforts vous ont méritées, ce n'est pas sans utilité pour vous que l'Académie réunit ici la publicité des critiques qu'elle vient de distribuer à la publicité des récompenses qu'elle va vous décerner. / Comme jadis à Rome, une sage coutume voulait que la liberté de la censure, s'attachant au char du vainqueur, lui rappelât ses devoirs au milieu de ses triomphes, de même l'Académie veut que cette même séance où vos succès vont être proclamés vous apprenne qu'à leur tour, vos nouveaux ouvrages viendront ici trouver des juges qui mesureront les pas que vous aurez faits et compteront les faux pas que vous pourriez faire. / Elle veut que, parvenus au terme des études scolastiques, vous n'envisagiez ce terme que comme un nouveau point de départ pour marcher à de plus grands succès ; que toujours les yeux fixés vers cette perfection dont le but semble fuir à mesure qu'on doit le saisir, vous sachiez unir, dans les études auxquelles vous allez vous livrer, cette noble hardiesse qui fait entreprendre à cette sage méfiance de soi-même qui provoque la critique, rend docile aux conseils des maîtres et fait goûter les leçons sévères de l'expérience.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1820-1821, tome 3, p. 2-11 (1821)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1821, peinture£ Notice créée le 22/05/2002. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé