Plaque centrale provenant d’une croix processionnelle composée, à la croisée ronde. Quatorze perforations de fixation, dont certaines bouchées par des rivets.
Au centre, figure d’applique du Christ clouée au bois de la croix, émaillée de vert et de jaune. Le Christ, souffrant, la tête penchée à gauche, les yeux fermés, est coiffé d’un nimbe crucifère polychrome ; ses bras, très longs, sont étirés et son corps dessiné par des traits marqués : sternum en trois lignes, cage thoracique étroite, épigastre à sillons parallèles.
Au-dessus de sa tête, Dextera Domini sortant d’une nuée polychrome et titulus gravé sur un bandeau doré en réserve. Aux pieds du Crucifié, des mottes imbriquées polychromes évoquent le Mont Golgotha.
La qualité de l’œuvre est à souligner. Les dimensions importantes du fragment indiquent que la croix processionnelle était d’une taille considérable. Délimitée d’un filet doré en réserve et gravé en zigzag, la plaque est émaillée de bleu et parsemée de rosettes et de disques polychromes, entourés d’une bordure dorée et pointillée. La riche palette chromatique y est déployée avec brio, grâce au répertoire décoratif caractéristique de la production autour de 1200. A plusieurs endroits, différentes couleurs sont associées dans une même alvéole, ce qui révèle une maîtrise confirmée de la pratique de l’émaillage.
Le Christ d’applique correspond à une iconographie répandue au début du XIIIe siècle, caractérisée par le visage lisse et cerné d’une chevelure rangée en mèches parallèles, le regard souffrant mais digne, le corps raide et aux proportions allongée. Plusieurs Christ d’applique recensés dans cette base font partie de cette série : croix d’Amiens, musée de Picardie, inv. M. P. 988.4.1 ; plaques de croix de Copenhague, Nationalmuseet, inv. 9091, Ribement, église, Paris, Hôtel Drouot, vente 22 novembre 1971, n° 43 ; plat de reliure, musées du Vatican, inv. MV.64530.0.0 (CEM II, V A, n°2).
En raison de ces caractéristiques et des rapprochements évoqués ci-dessus, une datation entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle est vraisemblable pour cette plaque inédite.
Lacunes d’émail (la plus importante au-dessus de la tête du Christ) ; usure de la dorure sur la figure d’applique. Traces de légère oxydation sur le visage du Christ. Clous modernes.
plaque
Legs du Dr August Meyer (1903-1977), Bâle, 1977.