[1809-1811, peinture, rapport Institut primitif]Rapport de l'Institut sur les envois de 1809, 1810 e [...]
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Description
[1809-1811, peinture, rapport Institut primitif]
Rapport de l'Institut sur les envois de 1809, 1810 et 1811, peinture
TYPE : rapport Institut primitif
PAGE DE TITRE : Classe des Beaux-Arts // Rapports et procès-verbaux // Année 1811 // [f°1] Rapport de la commission sur les ouvrages envoyés par les pensionnaires de l’Académie de France à Rome // 28 décembre 1811
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 28/12/1811
Rapport de l'Institut sur les envois de 1809, 1810 et 1811, peinture
TYPE : rapport Institut primitif
PAGE DE TITRE : Classe des Beaux-Arts // Rapports et procès-verbaux // Année 1811 // [f°1] Rapport de la commission sur les ouvrages envoyés par les pensionnaires de l’Académie de France à Rome // 28 décembre 1811
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 28/12/1811
Descriptions
Transcription :
[f°3] M. Ingres // Le tableau de Thétis et Jupiter de M. Ingres n’offre point ce qu’on avait lieu d’attendre de son talent, et l’on voit avec peine que cet artiste semble plutôt s’efforcer à se rapprocher de l’époque de la naissance de la peinture qu’à se pénétrer des principes sûrs qui nous sont offerts dans les plus belles productions de tous les grands maîtres de l'art, principes dont on ne saurait s'écarter impunément. Ce tableau [rayé : dont les groupes sont bien composés] qui renferme des parties d'une exécution habile et dont [un mot rayé ill.] la disposition était susceptible d'un meilleur effet, manque généralement de saillie et de profondeur. Il n'y a point de masse ; le ton de la couleur est faible et égal. Le ciel bleu est d'une teinte uniforme et dure ne produit pas un bon effet ; la tête de Jupiter ne donne pas l'idée de la noblesse et de la puissance du maître des Dieux et le torse de cette figure qui est d'une largeur exagérée, dans sa partie supérieure est étroit à l'attache des hanches. La tête de Thétis a un renversement forcé. On ne devine pas non plus quelle est la jambe qui s'attache avec la cuisse droite. La tête de Junon appuyée sur le petit nuage blanc fait une tache qui nuit à la lumière du groupe. Elle paraît sur le même plan que la figure de Thétis, et ne produit pas un effet [rayé : agréable ; mis à la place : heureux]. En tout on a remarqué avec peine que M. Ingres en persistant dans le système qu'il paraît avoir adopté n'employe [sic] son talent qu'à se placer au-dessous de lui-même. On l'exhorte à se servir plus utilement de ses moyens. La copie de Mercure de Raphaël, qui offre bien l’aspect de l’original, a un peu de [ill.] dans les lointains et de la dureté dans quelques parties des ombres, il est vrai que cette figure est une de celles qui a le plus souffert de l’effet du temps [1 ligne rayée ill.]. // M. Granger // Le sujet d'Hercule et Cacus est peint avec facilité. Le groupe est bien composé ; il est dommage que M. Granger ait pris dans ce tableau un parti d'ombre noire qui, dans les chairs surtout, n'est point d'accord avec les lumières qui sont [rayé : ill. ; mis à la place : d'un ton clair jaunâtre], ce qui produit une sorte de dureté qui nuit beaucoup à l'effet de ce tableau. Le nuage blanc dont il a entouré le haut du corps d'Hercule, fait paraître les ombres encore plus noires. Ce nuage aurait été disposé plus utilement, s'il eut servi de moyen pour élargir la lumière entre les deux figures de ce groupe et les lier d'une manière plus heureuse pour l'effet général. On aurait aussi désiré plus de fermeté et d'étude dans le dessin, plus de finesse dans les extrémités des figures qui, quoique bien peintes, offrent un peu de mollesse. Le ton du terrain aurait été plus en harmonie avec les figures, s'il eût été moins gris et moins froid. / Son étude d'un soldat blessé est bien peinte. On désirerait y trouver plus d'expression, de caractère dans le dessin et plus de finesse et de vérité dans le ton de couleur. / Sa copie, d'après la Vierge aux flambeaux de Raphaël, rend bien la grâce et la finesse de l'original. L'exécution en est soignée dans tous les détails et le pinceau en est fin et précieux. [f°9] 3 et 4 M. Odevare [sic] et Boisselier [f°11] M. Odevare [sic] // Sa copie, d'après Raphaël, représentant Vénus qui ordonne à l'amour [de] lancer un trait au cœur de Psyché, est rendue avec soin et grassement peinte. M. Odevare [sic] aurait pu ne pas imiter aussi scrupuleusement le ton rougeâtre qui règne dans toutes les peintures de La Farnésine et qui est plutôt l'effet du ravage du temps, que l'ouvrage de Raphaël ; qui sûrement n'avait pas ce ton dur, briqueté et uniforme, en sortant de son pinceau. // M. Boisselier // Le tableau représentant la mort d'Adonis par feu M. Boisselier est bien peint, d'un coloris fin et vrai. La figure est heureusement pensée et quoi que l'on ait trouvé quelques légères incorrections de dessin dans la partie inférieure de cette figure, et un peu de dureté et de sécheresse dans le fond du paysage ; ce tableau ne fait qu'ajouter à nos regrets sur la perte de cet intéressant artiste qu'une fin malheureuse et prématurée vient d'enlever aux arts, au moment où il allait recueillir le fruit de ses études et justifie tout ce que l'on en attendait. // Sa copie, d'après Raphaël, représentant Mercure et Psyché, est aussi d'un ton de couleur trop égal et trop rougeâtre mais elle est bien dessinée et peinte grassement. [f°15] M. Heim // Le tableau de l'arrivée de Jacob en Mésopotamie par M. Heim, est d'un aspect grand et large qui rappelle les bons maîtres de l'École Lombarde. Sa composition est simple et neuve. La figure de Jacob a un mouvement vrai, animé et expressif ; elle est saillante et largement peinte : il y a dans tout le tableau un bon parti d'effet et de la fermeté dans l'exécution. On aurait aussi désiré que la partie des figures qui se trouvent dans l'ombre eut été plus reflétée par cette lumière brillante qui frappe sur le terrain, que le fond eût été plus suave et plus en harmonie avec la teinte générale du tableau, et plus de correction et de finesse dans le dessin des figures de pasteurs. / Sa petite figure d'étude représentant un jeune homme est bien peinte ; a de la vérité, de la finesse dans le dessin et dans le ton de couleur qui est bien celui de la chair. On désirerait que le fond ne fut pas aussi sombre, et que la figure ne se détachât pas également en clair ou en reflet, sur ce fond obscur, ce qui l'y attache au lieu de l'en faire ressortir ; mais à ces observations près, on ne peut que louer M. Heim de cette bonne étude. [f°19] // M. Guillemot // La figure d'étude représentant un petit flûteur a de la vérité. La tête qui est d'un joli caractère est bien peinte, et toute cette figure qui est finement dessinée a une simplicité qui convient au sujet. On aurait désiré un ton moins sombre et moins égal dans le tableau, que la figure eût pris un parti plus décidé sur son fond, et que les chairs n'en fussent pas d'une teinte aussi égale. / Le groupe des deux figures représentant Thésée qui dompte le Minotaure est peint et dessiné avec fermeté. M. Guillemot a adroitement détourné la tête de cette figure dont la monstruosité offre toujours un effet désagréable. La figure de Thesée n'est pas aussi bien que celle du Minotaure. On n'y trouve point le caractère d'un héros et d'un compagnon d'Hercule. Cette figure est trop petite, et la tête manque de noblesse et d'expression. On aurait désiré une teinte plus animée et plus variée dans les carnations de ces deux figures auxquelles on pourrait aussi reprocher un peu de sécheresse et de dureté dans les contours. / La figure d'étude du Diomède tenant le Palladium est d'un dessin correct et ferme ; la tête a de l'expression et un bon caractère ; il est dommage que toute cette figure soit d'un ton de couleur un peu froid et égal. Les contours en sont aussi trop tranchants sur les fonds. La copie d'après Raphaël de Psyché, qui vient se plaindre à Cérès et à Junon, est fort bien. On doit savoir gré à M. Guillemot de s'être tenu en garde contre le ton de couleur rouge et uniforme qui règne dans ces fresques. Et le dessin de sa composition lavé au bistre rehaussé de blanc représentant un combat des grecs et des troyens, a du [ill.], de l’expression, et [rappelle ?] le caractère du dessin de juste manière et de [ill.]. / La figure de Minerve dessinées d’après l’antique sur papier blanc est dessinée finement et avec soin, mais on a trouvé un peu de dureté et de sécheresse dans la draperie. // [f°23] M. Blondel // La figure de M. Blondel représentant un jeune [rayé : Pâtre] voyageur qui se lave les pieds au bord d’une fontaine a de la vérité et de la finesse dans le ton de la couleur. Elle est grassement peinte. On désirerait y trouver un peu plus de fermeté dans le caractère du dessin. / Son tableau de la mort du jeune Hyacinthe au moment où Apollon pleure sur son corps est bien composé, bien peinte d’un ton de couleur agréable et vrai. La tête d’Apollon est expressive et noble et la figure du jeune Hyacinthe a bien l’effondrement d’un homme mourant. Le dessin de cette figure pourrait être d’un [état ?] plus noble et plus correct [rayé : et on aurait désiré que les jambes d’Apollon [phrase ill.]] surtout vers le bas du torse et l’attache des cuisses. / La copie d’après Le Christ au tombeau à saint Pietro in Montoro est fort bien, d’un beau [ill.] ferme d’exécution et d’un coloris vigoureux. Elle donne une idée parfaite de l’original. On ne peut que faire des éloges de cette belle copie à M. Blondel. [f°27] M. Langlois / La figure d’étude de M. Langlois représentant Cassandre qui vient d’être outragée [rayé : aux pieds] par Ajax aux pieds de la statue de Minerve, est d’une expression très intéressante. Le pinceau en est agréable et ferme. La tête a de la grâce, elle est noble et expressive et les draperies ainsi que les accessoires sont d’une exécution ferme et [ronde ?]. On a trouvé qu’au premier aspect cette figure présentait plutôt l’idée d’un jeune homme que celle d’une femme ; et que l’ombre trop grande et trop forte entre l’omoplate et la naissance du bras ne produit pas un bon effet. Peut-être l’effet [grave ?] de ce tableau aurait été plus heureux et plus poignant si la lumière éclatante du fond qui est sur l’autel eut été masquée pour le spectateur. On a trouvé aussi quelque négligence de perspective dans les plans des marches, mais malgré les observations ce tableau a grandement fait plaisir et le premier envoi de M. Langlois doit faire bien augurer de ce qu’on peut attendre de lui pendant son séjour à Rome. // Signé : Ménageot ; Percier ; Jouffroy ; Lecomte
Localisations
Institution :
Cote / numéro :
Académie des beaux-arts, 5 E 5
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
France Lechleiter