[1831, sculpture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de sculpture de 1831TYPE : rapport d [...]

[f°22] La Commission réunie pour examiner les travaux envoyés de Rome furent présents : Messieurs Ramey père, [?], Roman, Nanteuil et Ramey fils. / Les observations sur ces ouvrages après quelques modifications, furent approuvées par Messieurs Pradier et Bosio, et le rapport fut présenté à l'Académie où il fut arrêté ainsi qu'il suit : / 1°. M. Lanno qui est à sa troisième année, a envoyé une figure de Samson et deux têtes d'Étude. / Cette statue a paru assez bien à l'égard de la composition. On désirerait pourtant plus de soins dans l'Étude des nus, moins de rondeur dans le modelé, plus de plans, principalement dans le torse, surtout du dos. L'auteur de cet ouvrage semble s'être trompé dans le caractère du sujet qu'il avait adopté en prenant pour de la force une pesanteur et une grosseur dans les formes que l'on a cru devoir reprocher avec juste raison. Son choix l'avait décidé à faire une figure d'une grande proportion : mais il serait à désirer que pour le travail qu'il doit donner, il se fixât une dimension qui le mit à même de consacrer plus de temps à l'Étude. On regrette que pour les deux têtes que présente M. Lanno, il n'ait pas fait choix de meilleurs caractères. [f°22 bis] M. Jalley [sic] pour sa troisième année a envoyé la statue en marbre d'une jeune fille à genoux représentant la Prière et une tête d'étude de Vieillard. Cette statue d'un ensemble des plus agréables, possède tout le sentiment de son sujet. La tête est pleine d'expression, les mains, les bras et le dos sont remplis du charme qu'exigeaient le caractère et l'âge rendus avec tant de grâce. Cependant, on a observé que M. Jalley en avançant la jambe nue pour composer sa figure sur la face de sa statue, a nui à la vérité du mouvement, ce qui fait que cette figure vue sur ce profil et de dos, semble ne pouvoir se soutenir que par le secours d'une masse de plis sur laquelle elle est appuyée. On aurait aussi désiré retrouver dans toutes les draperies le même faire que dans celles qui recouvrent la cuisse droite et reposent sur la plinthe. Le reste du mannequin a paru d'un moins bon goût et surtout exécuté avec maigreur. On le regrette d'autant plus que cela aurait complété cet ouvrage qui décèle tant de talent. C'est avec la même satisfaction que l'on a vu du même artiste la tête de vieillard : pleine de vérité, le masque est modelée avec un soin que l'on aurait désiré dans le col, les Cheveux et la Barbe moins bien terminés. [f°23] 3°. M. Dantan pour sa deuxième année, a donné un bas relief représentant l'Ivresse de Silène. Cet ouvrage auquel M. Dantan paraît avoir mis tous ses soins, est modelé avec adresse. Mais comme bas relief, on aurait désiré une plus juste entente de plans. Des réminiscences dans toutes les figures et surtout dans les têtes nuisent à cette composition. Les draperies pourraient être d'un meilleur goût comme arrangement. On engagerait Monsieur Dantan à faire choix de sujets plus sévères qui lui offrissent plus d'études sages et sérieuses, et en même temps plus de moyens d'originalité. Ces observations sur ce bas relief, n'empêchent pas d'y reconnaître que M. Dantan en arrêtant une composition où les caractères étaient variés, a fait des efforts dont on doit lui savoir gré, et donne l'espérance que pour les travaux de ses dernières années, il profitera des beaux modèles dont il est entouré. 4°. M. Debay pour sa première année a envoyé une tête portrait et une copie en marbre représentant [f°23 bis] Hercule enfant étouffant deux serpents. La figure que M. Debay a adopté pour la copier, lui présentait de bons moyens d'étude. C'est avec plaisir que l'on a reconnu tous les soins qu'il a apporté à cet ouvrage. On reproche seulement de la rondeur dans les bras et dans les cuisses en comparant ces parties au torse dont les détails sont bien rendus ainsi que la tête, où le caractère du jeune Hercule est si bien exprimé. On demande, qu'à l'avenir, en envoyant leurs copies, Messieurs les Sculpteurs indiquent sur leurs marbres les portions restaurées sur les originaux. M. Debay joint à sa copie une tête portrait trop négligemment exécutée. 5°. M. Husson ne devait rien pour sa première année, il a donné un bas relief. C'est Pyrrhus près d'immoler Polyxène. On regrette que M. Husson n'ait pas jugé nécessaire de profiter, avant de se mettre au travail, des avantages que présente le séjour de Rome et ait envoyé un bas relief qui est des plus faibles. La Section de sculpture pénétrée du [f°24] besoin d'exprimer aux pensionnaires sculpteurs ce qu'elle a vu dans l'envoi de cette année sous le rapport de l'étude, joint à son rapport cette note isolée pour qu'elle soit transmise à Monsieur le Directeur afin qu'il en soit donné Lecture à ces Messieurs à la suite du rapport qui précède cette note. On a remarqué en général, dans beaucoup de modèles envoyés comme simples travaux d'Année, tels qu'ils sont exigés par les règlements, que ces ouvrages ne devant pas être exécutés en marbre, donnés seulement pour faire connaître le résultat des efforts faits en Italie, sont d'une négligence de fini et de soins qui éloigne du but que semble prescrire ce voyage, celui de s'y perfectionner en s'y livrant sévèrement à la science de l'Art. Cette observation présentée en général à ces Messieurs, n'a été suggérée que par l'examen successif des travaux des années antérieures et à plusieurs des quels, comme à quelques uns de cette année, on a cru devoir adresser ce reproche. La négligence de l'Étude du bas relief, bien compris comme bas relief sous le rapport de cet art tout à fait à part pour la décoration monumentale, demande plus de sévérité et de recherches, surtout avec tant de beaux ouvrages de ce genre comme l'on en voit à Rome dans les Musées et les Belles frises antiques. On engagerait donc les pensionnaires quand ils se décident à donner pour le travail de leur année un bas relief, tout en songeant à l'étude dans leurs figures et les détails, à s'occuper sévèrement des plans, des saillies bien entendues entre elles et qui constituent le bas relief sous le rapport de l'Effet qu'il doit produire et dont les Grecs nous ont laissés de si beaux exemples surtout dans les sculptures du Parthénon. Enfin, on présente toutes ces observations à Messieurs les Pensionnaires sculpteurs pour leur exprimer ce besoin essentiel d'une étude recherchée dans leurs modèles en plâtre, ce qui doit les aider d'une manière assurée, quand plus tard, ils exécutent leurs ouvrages en marbre.